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Critique de fuji


fuji
19 décembre 2020
Ce livre est déjà un bel objet, original qui va entraîner ses lecteurs sous d'autres cieux dans d'autres temps.
Personnellement je l'ai appréhendé par ses dessins et légendes pour me faire une idée de l'histoire ou plutôt des histoires que l'auteur va nous conter. A la fin il y a une apostille sorte de clin d'oeil pour nous dire le vrai du faux, ce distinguo ne m'était pas nécessaire tant lors de ma lecture j'ai été dans une bulle où plus rien n'avait d'importance que les aventures d'Augustin Harbour.
Dire d'emblée que ma bulle était emplie d'érudition, d'intelligence et d'humour et d'un imaginaire galopant. le livre le plus fou et réjouissant lu cette année.
Lorsqu'Augustin écrit les souvenirs de son expédition il est dans une clinique de luxe au Chili. Moments présents ponctués par les paragraphes intitulés Ricordi.
Notre aventurier, Augustin fuit Paris après les attentats de la rue des rosiers, donc en 1982 pour faire une expédition dans le désert sud-Libyen.
Pour cela il a un guide Hamza, ils se dirigent vers Garama à la rencontre des vestiges de la Cité Perdue. Mais leur boussole de détraque et ils arrivent à Zindãn.
« J'eus vite la conviction, cependant, qu'on arrivait à Zindãn d'à peu près n'importe où, mais qu'on y arrivait aussi d'à peu près n'importe quand. Si tout le monde s'y trouve nu ou presque après un certain temps, les coiffes, les casques, perruques ou chapeaux de différentes sortes que les habitants continuent de porter confirment une hypothèse qui apparaîtra plus clairement, sinon de façon moins insensée, lorsque j'en viendrai à exposer la découverte majeure de mes investigations. Je n'en diffère sciemment le résultat que par souci de méthode. »
A Zindãn règne Hadj Hassan Abou Hassan le Dieu de tous et la belle Maruschka.
Toutes les religions cohabitent avec une prééminence pour l'animisme qui donne lieu à des scènes aussi cocasses que « délicieuses ».
« J'expose ces loufoqueries avec la distance que permet le passage des années, tout en étant conscient du trouble qu'elles suscitent chez mon lecteur. On se fiche de moi, songe-t-il. A tort. Qu'il sache que je partageais cette même stupeur teintée d'acrimonie. »
Mais que le lecteur ne s'y trompe pas le sujet de ce roman démesuré est l'attraction exercée par Hadj Hassan Abou Hassan. En effet au fil de la lecture, le lecteur essaie de dénouer les fils de ce mystère, pourquoi et comment cette « créature » attire-t-elle toutes sortes de personnes venues de partout et de tout temps ?
« Un murmure d'adoration s'éleva de la place du mûrier ; tous ceux qui avaient assisté au châtiment de l'hérésiarque, les barbéliotes en tête, se précipitèrent aux pieds du chaman pour implorer son pardon d'avoir douté de lui, regardant comme un bonheur de parvenir à effleurer seulement le bord de sa bassine. »
Ne serait-ce pas une réflexion sur notre époque ?
C'est une aventure à travers les siècles qui nous est proposée.
L'auteur a un imaginaire fertile qui fait de son roman un grand livre philosophique.
Cela m'a rappelé mes lectures de Claude Lévi-Strauss et de Théodore Monod, une sensation d'être ailleurs, résolument et inépuisablement, si ces deux grands avaient été sous LSD.
Ce livre fait partie des livres dont la substantifique moelle ne s'offre pas d'emblée et c'est une bonne chose.
Chaque lecteur y trouvera la sève de la culture qu'il aura en lui, une belle façon de regarder notre monde dans le miroir. Et de déjouer les feux d'artifice du miroir aux alouettes.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 décembre 2020.
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