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Critique de nescio667


Entre deux verres / Lawrence Block; traduit de l'anglais par Etienne Menanteau. _ Paris : Calmann-Lévy, 2011. - 305p. - 20,50 euros

Ils ne s'étaient plus vus depuis l'enfance. Matt Scudder avait exercé le métier de flic, alors que Jack Ellery avait, à l'inverse, effectué plusieurs séjours en prison. En cette année 1980, c'est à une réunion des Alcooliques Anonymes qu'ils se retrouvent par hasard. Scudder, mis à la retraite, mène quelques enquêtes en privé et Ellery tente vaille que vaille de mener une vie 'honnête'. Par ailleurs, il se trouve en pleine huitième étape dans son parcours AA, ce qui signifie qu'il doit essayer de retrouver les personnes auxquelles il estime avoir causé le plus de tort pour leur proposer une sorte de dédommagement. Ellery prend cette tâche très au sérieux, trop sans doute selon son parrain, Greg Stillman, qui s'en ouvre à Scudder. Il semble bien que Stillman n'ait pas eu tort de s'inquiéter, puisque,
quelques temps plus tard, Ellery est retrouvé mort, une balle dans la tête et une autre dans la bouche, ce que Scudder interprète immédiatement comme une invitation définitive à fermer sa gueule. Ebranlé et culpabilisé par cet assassinat, Stillman confie à Scudder une liste des personnes envers lesquelles Ellery se sentait redevable. Il pense que le nom du coupable pourrait bien se trouver parmi elles mais ne veut toutefois pas en parler au flics, de peur de causer trop d'ennuis à trop de personnes. La mission qu'accepte Scudder consiste à éliminer une par une les personnes 'innocentes' de la liste afin qu'il n'en reste plus qu'une, que Stillman s'engage alors à transmettre à la police.
Superbe texte que celui-ci, mélange d'enquête policière et de quête personnelle menée par un Matt Scudder nostalgique, en pleine interrogation sur son passé et sur sa capacité ou non à tenir le coup sans alcool. L'histoire est effectivement balisée par les réunions des AA auxquelles Scudder assiste au minimum une fois par jour. Il s'en tient dans chaque quartier de la ville et à des horaires plus que variés, de sorte que, s'il le désire vraiment, il n'a aucune excuse pour ne pas participer au moins à l'une d'elles. A chaque fois, c'est le même rituel rassurant qui fait des participants des 'créatures de l'habitude' : les biscuits, le café, écouter parler les autres ou prendre la parole quelques instants, tout est mis en place pour simplement les empêcher de penser à boire. Sur la piste du passé d'Ellery, en suivant ses pas d'alcoolique repenti et au fil de ses rencontres avec des gens qui l'ont connu, Scudder se remémore certaines de ses anciennes affaires. Par association d'idées ou par la magie d'un souvenir surgissant à la surface, Scudder remonte le cours de sa mémoire et se prend de face quelques événements qu'il préférerait oublier. Roman du temps qui passe, de la culpabilité et des regrets, 'Entre deux verres' est également parsemé de ces petits moments magiques où l'amitié, l'amour et la compréhension s'expriment à demi-mots. Dans ces moments-là, il se lit comme un hymne à une existence simple, dans laquelle faire de son mieux et s'abstenir de juger trop vite se révèlent deux préceptes qui, si l'on arrive à s'y tenir un minimum, permettent de conserver une salvatrice légèreté.
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