Il n'y a pas de société vertueuse ; il n'y a que des différences entre les niveaux de perversion.
Il n'y a pas de Mère Nature qui aime sa progéniture et la protège du mal. Le mal est en réalité un outil fondamental de la Nature pour améliorer ses créations.
De nos meilleures qualités découle ce qu'il y a de pire en nous.
De notre ardent désir de nous réunir provient notre tendance à nous déchirer.
De notre dévotion envers le bien résulte notre propention à commettre les plus infâmes atrocités.
De notre engagement envers les idéaux naît notre excuse pour haïr.
Depuis le début de l'histoire nous sommes aveuglés par la capacité du Mal à porter un masque d'altruisme. Nous ne voyons pas que nos plus grandes qualités nous mènent souvent aux actions que nous abhorons le plus.
La théorie de Richard Dawkins est un outil puissant pour résoudre les mystères du cosmos mais elle a ses limites. En réalité, les gènes n’ont jamais été les solitaires que nous décrit Dawkins. Même s’il les qualifie d’« égoïstes », il est d’ailleurs lui-même obligé d’admettre que les gènes ont été contraints à se coaguler en équipes, tout comme le seraient plus tard leurs serviteurs, des termites aux êtres humains.
Il est inutile que les femmes rejettent la responsabilité de la violence sur les hommes, et il serait futile de la part des hommes de rejeter cette responsabilité sur les femmes. La violence est en chacun de nous. Lorsque Mar-garet Thatcher créa une marine nucléaire, elle n’agissait pas d’une façon clairement masculine, ni clairement fémi-nine. Elle n’obéissait même pas à un ensemble de pulsions propres aux êtres humains. Thatcher, comme Livia à Rome, était en proie à des passions que nous partageons avec les gorilles et les babouins, des passions implantées dans les couches primitives du cerveau trine.
Qu’est-ce qui fait qu’un pays comme l’Angleterre Victorienne a pu dominer la moitié de la planète avant de refluer, telle une vague, loin du pouvoir et de la prospérité ? Quel courant sous-marin est en train d’attirer l’Amérique dans la même voie aujourd’hui ?
pp. 34-35.