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Critique de soniamanaa


Une fois n'est pas coutume, c'est la mention de la traductrice qui m'a interpelée dans le choix de ce roman.
Valerie Zenatti a traduit une grande part de l'oeuvre d'Aharon Appelfeld et a écrit selon moi le plus bel hommage qui lui ait été rendu dans son livre: Dans le faisceau des vivants.
Une valeur sûre, donc, pour aborder ce roman d'Hila Blum, lauréate du prix Sapir en Israël.

Que d'amour entre ces pages! Un amour viscéral, animal, fusionnel et charnel, celui d'une mère pour sa fille.
Pourtant, quand s'ouvre le roman, la mère, devenue grand-mère, épie ses deux petites filles qu'elle ne connaît pas. Et l'on comprend d'emblée qu'un abîme s'est ouvert entre les deux femmes.
D'une écriture légère, toute en effleurements, la mère et narratrice remonte le fil du temps pour dire sa grossesse, la prime enfance de Léa, son adolescence et sa disparition.
Jeune adulte, Léa a entrepris un voyage autour du monde, et, depuis, sa mère ne l'a revue qu'une seule fois.
Entraînant le lecteur dans les méandres des souvenirs de Yoëlle, Hila Blum ouvre avec délicatesse les plaies parfois si douloureuses qui séparent mères et filles.
Elle scrute, raconte la formidable complicité de couple qui sombrera un jour sans fracas ni explication.
Beaucoup ont écrit sur le "comment être parent"; moins ont abordé le "comment être fils ou fille".
Bien que ne nous donnant que le point de vue de la mère, Hila Blum aborde de front la question de la filiation.
De plus, et c'est peut-être le coeur de roman, l'auteure évoque en filigrane la question de la maladie psychique. Jamais réellement nommée mais omniprésente, on comprend très vite que Yoëlle est malade, qu'une "chauve-souris" a un jour posé ses ailes sur ses épaules d'adolescente et ne l'a plus vraiment quittée. Mélancolie? Psychose maniaco-depressive? La mère chevauche une monture irascible et incontrôlable, même si, avec le temps, elle a appris à la reconnaître et à s'en prémunir un peu.
Alors, bien sûr, on peut se demander si le pourquoi de cette séparation prend naissance ici, dans le continent dévasté qu'est l'esprit de la mère, dans ses semaines d'alitement faute de savoir vivre encore un peu.
Peut-être, ou peut-être pas. La maladie n'a t'elle pas été au contraire ce liant fusionnel et puissant entre une mère qui donne tout sachant qu'elle possède peu et une fille qui a appris toute petite au regard de sa maman quand il était nécessaire la ramener à terre.
Émue souvent, j'ai écouté cette petite voix me raconter les vicissitudes de la parentalité, ne nous disant rien d'autre qu'être parent n'est faire que de son mieux et qu'être enfant n'est que faire avec...
Un très beau livre bourré d'une humanité vacillante mais d'une incroyable justesse.
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