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Valérie Zenatti (Traducteur)
EAN : 9782221259719
352 pages
Robert Laffont (24/08/2023)
3.39/5   37 notes
Résumé :
À cinq mille kilomètres de chez elle, seule, sur une route sombre des Pays-Bas, une femme observe une fenêtre éclairée. À l’intérieur, deux enfants jouent et rient : ce sont ses petites-filles, mais Yoëlla ne les a jamais rencontrées. Il y a des années, sa fille Léa a quitté Jérusalem pour construire sa vie autre part, sans un mot, sans plus donner de nouvelles. Pourtant, il fut un temps où mère et fille étaient inséparables, où elles étaient tout l’une pour l’autre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Le livre de l'écrivaine israélienne Hila Blum , découvert grâce à l'amie babeliote mollymonade, débute avec une scène qui en dit long sur les relations complexes entre une mère et sa fille unique. Une femme parcourt des milliers de kilomètres pour espionner une famille. Seule sur une route sombre, Yoëlla regarde la famille à travers leurs fenêtres éclairées. À l'intérieur se trouvent sa fille Léa et ses deux petites-filles, mais elles ne savent pas qu'elle est dehors : Yoëlla n'a pas vu Léa depuis des années et n'a jamais rencontré ses petites-filles.« ….les histoires de mères et filles partent toujours du milieu, on retourne en arrière jusqu'au point de départ, mais il n'y en a pas. C'est simple et c'est tordu : le commencement ne cesse de se dérober derrière nous. C'est comme l'univers, ou les nombres, il n'y a pas de commencement. »

À travers un plaidoyer douloureux Yoëlla, essaie de nous convaincre et de se convaincre , qu'elle n'a pas mérité cette situation . Son sens de culpabilité face à l'attitude de sa seule fille est immense , elle décortique tout son passé pour essayer de découvrir où elle a fait le faux pas pour en arriver là. “Léa est une énigme,…Mais moi aussi j'ai été une énigme pour ma mère, et ma mère l'a été pour la sienne……, j'ai souvent pensé que si Léa avait eu un frère ou une soeur nous aurions été sauvées. Mais nous étions une dynastie de filles uniques, ma mère avait été la fille unique de ma grand-mère, j'étais la fille unique de ma mère ».
Comme nous n'avons pas la version de Léa , nous sommes confinés à écouter l'histoire du seul point de vue de la mère, qui ne parle que de son immense amour pour cette fille unique. C'est poignant , je sens cette détresse face à certaines situations que moi aussi perso j'ai vécu durant l'adolescence difficile de ma fille. On voudrait toutes être des mères parfaites surtout quand on aime beaucoup ses enfants, mais ce n'est jamais si facile vu les aléas de la vie et notre propre bagage de relations avec notre mère, qui remonte encore plus loin à sa propre mère…..
Je crois vraiment que j'ai découvert une autre excellente auteure israélienne, une littérature dont je raffolle par la finesse de la psychologie de ses personnages et sa façon de sonder l'âme humaine dans le contexte intéressant d'un pays empêtré dans un conflit sans issu.
Laureat du prestigieux Prix Sapir 2023 , prix littéraire israélien.

« Dotée d'une maîtrise phénoménale du langage et d'une conscience perspicace qui ne cesse de remettre en question et de réfléchir, Blum n'a besoin que de son premier roman pour nous convaincre qu'un nouvel auteur puissant et unique est entré sur la scène littéraire. »
( Etgar Keret, parlant du tout premier roman de Blum , « The visit » non encore traduit).
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« La première fois que j'ai vu mes petites filles, j'étais de l'autre côté de la rue, je n'ai pas osé m'approcher »

Cet incipit est intriguant. le personnage principal est présenté, on identifie une grand-mère. Mais la relation avec ses petits-enfants ne manque pas d'étonner. C'est habituellement à la maternité ou au domicile de la jeune mère que cette première rencontre se fait. Qu'est-il donc arrivé pour pour qu'elle puisse ne pas connaître ces enfants ?

Il faut remonter aux origines, des années plus tôt lorsque Léa est un bébé puis une petite fille et une ado, période bénie où la narratrice est unie par un amour fusionnel à la chair de sa chair.

« chaque chose liée à elle – la bave nichée dans son menton, son cou et l'encolure de sa chemise, les couches lourdes d'urine, les sécrétions lors de ses conjonctivites, le contenu de son nez–, chaque chose chez Léa était bonne à mes yeux. »

De cet amour immense, réciproque, fragile par la tension qu'ii implique, s'en suivra la rupture, pressentie puisque le roman commence sur ses conséquences, rupture aussi radicale que les liens étaient forts.

Dans ce roman original par son sujet, l'autrice dépeint avec virtuosité la complexité d'un lien mère fille intense et réciproque, et qui en est d'autant plus fragile et voué à l'échec à long terme, afin que l'enfant puisse s'affirmer et vivre sa propre vie indépendante. Aucune volonté de nuire de part et d'autre, ces deux êtres sont victimes de leur proximité et de l'amour qui les unit.

Robert Laffont 252 pages 24 Août 2023
Traductrice : Valérie Zenatti

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Tout débute par une scène simple et pourtant chargée d'émotion : Yoëlla aperçoit ses petites-filles de l'autre côté de la rue. Mais elle hésite à s'approcher de sa propre fille, étonnée par tant de simplicité et d'amour dans ses gestes.

Au fil de courts chapitres, le roman déploie une symphonie de vies variées avec rythme et délicatesse. Malgré la présence de quelques longueurs, on remarque un large éventail lexical décrivant les émotions. Tout ce qui lie les êtres entre eux trouve dans ce roman une grande place.

La mère de Léa confie qu'elle est née une seconde fois avec la venue de sa fille. En contraste avec sa propre relation maternelle, elle exprime son amour inconditionnel pour Léa avec une passion débordante. Elle nous guide également à travers la manière dont sa fille lui apporte un soutien psychologique quotidien.

"Je savais que l'amour maternel pouvait être sauvage, effréné, mais je n'avais pas compris l'épopée de l'amour quotidien. Et puis je compris. Je donnais naissance à Léa, et je compris."

Yoëlla partage aussi ses doutes, ses craintes, et les pensées envahissantes qu'elle voudrait parfois éviter concernant sa fille. Elle évoque le lien parfois étouffant qui les unit, tout en mettant en lumière les différences menant à des incompréhensions entre chaque génération.

À un moment, le ton du récit évolue, la mère de Léa prend conscience de certaines choses et remet en question des événements passés. Rien n'est simple, mais pour le bien-être de ses petites-filles, elle aspire à être forte et présente. Cependant, est-ce encore possible ?

&#xNaN Une exploration émotionnelle qui plonge dans les tréfonds des liens familiaux &#xNaN
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A la nuit tombée, une femme espionne par la fenêtre une famille dans son quotidien. Cette femme est une mère qui n'a pas vu sa fille depuis 6 ans et qui est censée ignorer que celle-ci est mariée et qu'elle a deux petites-filles.
Mais elle a déjà commencé l'enquête pour la retrouver et de retour à Jérusalem, elle va fouiller dans le passé pour tenter de comprendre la raison de cette fracture.

Yoella devient alors la narratrice de sa propre vie et Hila Blum a choisi de ne laisser entendre que sa voix et donc uniquement son récit.
Mais nous savons que d'autres récits sont possibles. Celui de l'époux Meir serait probablement différent, celui de Leah leur fille proposerait sans nul doute une autre version.
L'auteure, en taisant la voix de Leah, requiert l'imagination du lecteur pour compenser le manque et deviner les non-dits. Elle nous invite à l'interprétation, à l'analyse psychologique, à l'exploration du coeur humain.
Nul besoin de nous interpeller formellement : si l'on veut comprendre ce roman, il va falloir combler les vides.

Mais Yoella se faisant détective devient aussi suspecte. Lorsque le lien entre une mère et sa fille se brise, il faut bien que l'une ou l'autre soit responsable.
Pour s'absoudre de toute culpabilité, le discours de la mère déborde d'un amour absolu : " Je ne voulais d'aucun manuel. Je reniflais ses chaussettes et ses pantalons avant de les fourrer dans la machine à laver, j'humais ses cheveux gras, son haleine matinale, ses douces puanteurs. Elle rampait pieds nus dans le bac à sable, se précipitait sur la fourrure des chiens du quartier. Je me fichais des contraintes, des règles et je tenais à brandir devant ma mère cet amour pour ma fille que j'avais inventé toute seule, si différent de l'amour que ma mère avait pour moi. "

Hila Blum fait ainsi vaciller son personnage entre la certitude d'avoir été une mère aimante et l'inquiétude d'avoir été maladroite . En brandissant cette appréhension, probablement partagée par un grand nombre de parents, elle s'assure de la complicité et de la participation du lecteur à la résolution de cette énigme.
Beaucoup de parents débarquent dans la parentalite avec les meilleures intentions du monde : aimer son enfant, le protéger, lui permettre de devenir autonome, assurer son avenir. Les décisions à prendre sont parfois difficiles et peuvent avoir des conséquences insoupçonnées.
Lorsque Yoella raconte l'histoire de sa famille , nous sommes , en tant que lecteur, juge des réactions qu'elle peut avoir en réponse à certains événements.
Mais ce que nous percevons est lié à notre propre subjectivité, aux relations que nous entretenons avec nos propres enfants.

La relation fusionnelle entre Yoella et Leah qui semble réciproque tout au long du récit rend la séparation encore plus douloureuse. le récit de ces moments de complicité, les escapades mère-fille, le partage des émotions dans l'adolescence et celui des premiers amours exclut toute rupture.
Et pourtant à 18 ans, Leah est partie sans un mot et a choisi de mener une vie dont sa mère serait absente.
Si quelques indices nous donnent à penser que le lien s'est rompu lors du renvoi de Dennis, le diagnostic importe peu de même qu'il n'est pas possible de désigner une coupable.
En choisissant une narration à sens unique, l'auteure nous permet de réfléchir à la complexité du lien familial et de mesurer à quel point l'amour peut être toxique lorsqu'il est à ce point fusionnel.
. "Je savais que l'amour maternel pouvait être sauvage, effréné, mais je n'avais pas compris l'épopée de l'amour quotidien. Et puis je compris. Je donnais naissance à Léa, et je compris."
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Une fois n'est pas coutume, c'est la mention de la traductrice qui m'a interpelée dans le choix de ce roman.
Valerie Zenatti a traduit une grande part de l'oeuvre d'Aharon Appelfeld et a écrit selon moi le plus bel hommage qui lui ait été rendu dans son livre: Dans le faisceau des vivants.
Une valeur sûre, donc, pour aborder ce roman d'Hila Blum, lauréate du prix Sapir en Israël.

Que d'amour entre ces pages! Un amour viscéral, animal, fusionnel et charnel, celui d'une mère pour sa fille.
Pourtant, quand s'ouvre le roman, la mère, devenue grand-mère, épie ses deux petites filles qu'elle ne connaît pas. Et l'on comprend d'emblée qu'un abîme s'est ouvert entre les deux femmes.
D'une écriture légère, toute en effleurements, la mère et narratrice remonte le fil du temps pour dire sa grossesse, la prime enfance de Léa, son adolescence et sa disparition.
Jeune adulte, Léa a entrepris un voyage autour du monde, et, depuis, sa mère ne l'a revue qu'une seule fois.
Entraînant le lecteur dans les méandres des souvenirs de Yoëlle, Hila Blum ouvre avec délicatesse les plaies parfois si douloureuses qui séparent mères et filles.
Elle scrute, raconte la formidable complicité de couple qui sombrera un jour sans fracas ni explication.
Beaucoup ont écrit sur le "comment être parent"; moins ont abordé le "comment être fils ou fille".
Bien que ne nous donnant que le point de vue de la mère, Hila Blum aborde de front la question de la filiation.
De plus, et c'est peut-être le coeur de roman, l'auteure évoque en filigrane la question de la maladie psychique. Jamais réellement nommée mais omniprésente, on comprend très vite que Yoëlle est malade, qu'une "chauve-souris" a un jour posé ses ailes sur ses épaules d'adolescente et ne l'a plus vraiment quittée. Mélancolie? Psychose maniaco-depressive? La mère chevauche une monture irascible et incontrôlable, même si, avec le temps, elle a appris à la reconnaître et à s'en prémunir un peu.
Alors, bien sûr, on peut se demander si le pourquoi de cette séparation prend naissance ici, dans le continent dévasté qu'est l'esprit de la mère, dans ses semaines d'alitement faute de savoir vivre encore un peu.
Peut-être, ou peut-être pas. La maladie n'a t'elle pas été au contraire ce liant fusionnel et puissant entre une mère qui donne tout sachant qu'elle possède peu et une fille qui a appris toute petite au regard de sa maman quand il était nécessaire la ramener à terre.
Émue souvent, j'ai écouté cette petite voix me raconter les vicissitudes de la parentalité, ne nous disant rien d'autre qu'être parent n'est faire que de son mieux et qu'être enfant n'est que faire avec...
Un très beau livre bourré d'une humanité vacillante mais d'une incroyable justesse.
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critiques presse (2)
LeFigaro
07 novembre 2023
Pourquoi a-t-il fallu attendre de refermer "Comment aimer sa fille" après en avoir en achevé la lecture pour remarquer qu’il manquait un point d’interrogation au titre ? A posteriori, son absence est une évidence.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
01 septembre 2023
Explorant les malentendus entre les générations, ce puissant roman finit par prendre son lecteur de court : derrière le portrait en creux d’une fille ingrate surgit celui d’une mère dévorante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Cet été-là, je guettais l’occasion de jeter un coup d’œil à la mère d’Arza, et lorsque je l’aperçus brièvement, lors de la journée portes ouvertes du lycée, j’eus l’impression qu’elle ne savait pas aimer sa fille mieux que moi, mais que sa fille savait pourtant mieux comment s’aimer.
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La vie est toujours une longue convalescence de l'enfance.
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Mais elle, Léa, au fil des ans, m'avait demandé un nombre incalculable de fois : « Tu m'aimes, maman ? » et je répondais : « Plus que tout au monde », et elle demandait alors: « Sûr ? » et je répondais : « Plus sept», et elle disait : « Arrondis à dix, et on n'en parle plus », et jamais, en aucun cas et d'aucune manière, je ne lui ai posé la question en retour.
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Les premières amours de Léa sont comme des chutes de très haut. Elle abat sa passion sur la tête des enfants, l'amour est un mouvement et un poids, rien ne peut ralentir le drame, en réalité il n'y a pas de drame, car ses amours lui appartenant totalement et étant totalement sous son contrôle, elles sont dégagées de l'incertitude.
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J'étais épuisée par le genre humain, pourtant je voulais voir des gens.
Mais sans les entendre, en étant un peu sourde avec eux.
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Videos de Hila Blum (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hila Blum
Hila Blum vous présente son ouvrage "Comment aimer sa fille" aux éditions R.Laffont.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2886505/hila-blum-comment-aimer-sa-fille
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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