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Critique de Bougnadour


Suite de l'ascension de Jian Qing, elle a mis Mao dans sont lit et l'épouse sans tarder. Le pouvoir est à portée de sa main mais elle ne fera que l'effleurer jusqu'à la mort du Grand Timonier. Mao n'est pas dupe devant sa femme il se reconnaît en elle : ambition forcenée, absence de scrupules, sensualité débridée. Elle est son miroir et il se méfiera d'elle jusqu'à la fin, mais elle l'amuse, elle l'aiguillonne le poussant à toujours plus de révolution, plus de traîtres démasqués, de sang versé.

De 49 à sa mort Mao défendra son pouvoir quelque en soit le prix, comme toutes les révolutions la chinoise dévorera ses enfants et finira en dictature. Aveugle en économie, incapable de construire une société nouvelle Mao est un idéologue retors, capable des manipulations les plus fines ou les plus brutales, jouant les uns contre les autres il affirmera son pouvoir dans le sang et finira benoîtement dans son lit.

Le mérite de ce second volume est de faire vivre de l'intérieur les grands soubresauts de l'ère maoïste , du Grand bon en avant (millions de morts et économie dévastée) à la Révolution culturelle (millions de morts et société dévastée). N'en déplaise à nos chers intellectuels français ces grands mouvements n'avaient rien d'inspirations idéologiques d'un Mao visionnaire mais tout à voir avec la vulgaire conservation du pouvoir d'un couple avide.
L'image qui reste de Jian Qing est celle d'une femme assoiffée de revanche qui, à l'image des impératrices qui s'accaparèrent le pouvoir dans les siècles passés, était prête à tous les crimes pour réussir. Quoi de surprenant que Mao, fait du même bois, se soit reconnu en elle. La figure la plus passionnante restera celle de Kang Sheng l'homme de l'ombre, le Vautrin de Jian Quin qui en fit sa torpille vers Mao, le roi des coups tordus, l'amateur d'art qui en esthète aura tiré toutes les ficelles depuis la coulisse.
Bodard est sans doute moins brillant que dans les dix mille marches et des longueurs s'installent, mais sa prose tellurique s'accorde superbement à cette fresque pleine de fureur.
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