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Critique de sultanne


Le Chien de Mao

Lecteurs, lecteurs, mieux vaudra correctement vous armer pour entrer dans l'univers de ce bien triste Chien de Mao, car c'est un Lucien Bodard fier et sec, impitoyable et exhibitionniste que vous affronterez dans cette fresque historique qui couvre le règne du grand Mao. Epopée flamboyante et renversante, l'histoire de cette Jiang Quing, cinquième femme d'un Mao Zedong plus furieux que jamais, vous mènera dans les bas-fonds les plus pitoyables d'une Chine mise à feu et à sang par la folie d'une poignée de fanatiques.
Le sexe, les alliances tortueuses et le dérèglement des sens y sont autant d'armes que l'auteur vous flanquera sans ménagement sous le nez, à l'instar de quelques scènes toutes plus édifiantes les unes que les autres : la visite primitive du bonze pédéraste et sadique prend une valeur initiatique dans cette Chine qui quitte délibérément les exotismes occidentaux pour laisser place à un peuple de sauvages affamés de chair et de sang. Car la Belle Chine, celle que l'on nous dépeint habituellement dans le faste impérialisme, se décime sous la plume d'un Bodard sanguinaire.
Rien ne vous sera épargné, du déshabillage outrancier et public de la belle Wang Guang-mei, au lynchage révolutionnaire d'un Liu Chaoqi, les scènes toutes plus terribles les unes que les autres vous tourmenteront quelques nuits si vous avez eu le malheur de refermer ce livre à une heure trop tardive.

Mais si l'on ne peut qu'admirer la maîtrise parfaite du cadre historique arborée par l'auteur, la mayonnaise ne prend pas car c'est une plume sèche et chirurgicale qui dépeint ce chaos innommable : une narration extérieure qui n'entre pas dans la psychologie des personnages, qui les réduit à une animalité meurtrière impensable, qui ne sait que décrire froidement et sans sentiment aucun autant de scènes de sauvageries, qui ne ménage pas le lecteur, déjà perdu dans une chronologie fastidieuse et devant une galerie de personnages aux noms obscurs dont les consonnances asiatiques restent difficilement identifiables… Bref, la mort dans l'âme et refusant de croire l'Homme capable de se perdre dans autant de dégénérescences, lecteurs, vous aboutirez à une impasse au bout d'au plus les deux tiers de ce tableau titanesque et, certainement accablés par tant d'émois qui ne semblent mener nulle part qu'à l'inéluctable vérité historique, vous déciderez de refermer la « chose » avant d'en avoir tiré la moindre substantifique moelle.

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