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Critique de Alfaric


Boichi a connu la dictature et la pauvreté qui l'ont beaucoup marqué, les espoirs de la transition démocratique et le grand mouvement populaire de la fin des années 1990 qui a obligé les élites a quadruplé les salaires ce qui a fait de la Corée du Sud le 12e puissance mondiale (phénomène rigoureusement impossible selon tous les principes du TINA reagano-thatchéro-macronien), mais aussi des années durant la destitution à répétition d'élus, de députés, de ministres et de présidents aussi moralisateurs que corrompus qui ont voulu et veulent toujours imposer à leur pays l'ultralibérale et hypercapitaliste « politique de l'offre » alimentée par la « théorie du ruissellement » aussi appelée « miettes tombant de la table des puissants » avec pour seul résultat le grand déclassement de la majorité de la population avec l'explosion des inégalités, de la précarité et de la pauvreté*… On ne s'étonnera donc pas que Boichi soit un mangaka antisystème voire carrément anarchiste, et qu'il s'éclate depuis que la Planète Manga a repris les thématiques de la lutte des classes ! Pour ne rien gâcher c'est aussi quelqu'un de très engagé dans le domaine caritatif, et on n'en dira pas temps de tous ses collègues sans parler des donneurs de leçons prestitués… Mais artistiquement il a aussi connu les années 1980 où la liberté était souvent totale et la tonalité parfois « Métal Hurlant » (comme les "Angel Dick" et les "Armagedon" de Lee Hyun Se, vedette populaire en Corée du Sud autant pour ses oeuvres que pour ses 4 années de bataille judiciaire acharnées contre les autorités qui l'accusaient d'exercer selon l'expression consacrée mais éculée « une influence pernicieuse sur la jeunesse »*), donc il a très mal vécu la chape de plomb qui s'est abattu sur son média à la fin des années 1990 quand le gouvernement a décidé de tout censurer selon un modèle débile, hypocrite et malheureusement trop bien connu car il a sévi à répétition aux États-Unis, en Europe et en Asie Orientale : on considère que les bandes dessinées / dessins animés sont 100 % jeunesse en prenant comme référence la Disney Corporation experte en temps de cerveau disponible et en bourrage de crâne pour la jeunesse, donc au nom de la « protection de la jeunesse » on interdit tout ce qui pourrait gêner donc faire réfléchir quelqu'un de plus de 7 ans. Les cons ça ose tout et c'est à cela qu'on les reconnaît : ici ce n'est même pas de la connerie mais de l'inquisition culturelle, et intéressée par de-dessus le marché puisqu'on n'a pas le droit de s'adresser à ceux qui veulent être adulte ou le devenir, mais qu'on a le droit d'abreuver la jeunesse de publicités et de produits dérivés. Certains ont fait de la résistance en réalisant des séries véritables déclarations de guerre aux élites à la botte de la ploutocratie mondialisée, d'autres se sont tournés vers les webcartoons ou les turbomédias pour échapper à la censure, et Boichi lui s'est exilé au Japon… Étrange destinée que celle de Boichi qui fit des études de sciences uniquement par amour de la Science-Fiction, qui devint artiste en dessinant de shojos (remember Buichi Terasawa ^^), qui passa au shonen et au seinen en rendant hommage à ces mentors, et qui atteint la plénitude de son talent en revenant à ses premières amours car "Origin" son Pinocchio cyberpunk n'a pas grand-chose à envier à "Astro, le petit robot" le chef-d'oeuvre d'Osamu Tezuka le dieu du manga ! Oh Yeah !!!


Boichi présente "Sun-Ken Rock" comme une série à 60% action & baston, 30 % romance et 10 % mafia. Il oubli l'humour omniprésent, l'érotisme très présent et la critique sociale très marquante. Déjà il a beau réalisé un manga japonais, il monte une histoire pas possible pour amener directement ses personnages en Corée du Sud avec une adolescente officière de police (mais bien sûr ! ^^) et un adolescent japonais parrain d'un gang coréen (mais bien sûr ! ^^), avant de rétropédaler sûrement à la demande de ses éditeurs ce qui aboutit à un des personnages et des situations capillotractées et c'est bien dommage...
Ken Kitano est adolescent anéanti par la perte de ses parents qui multiplie provocations, rébellions et bagarres. Il est en train de mal tourner, mais il est amoureux de sa camarade de classe Yumin et il lui fait sa déclaration : pas de bol, elle n'est pas japonaise mais coréenne et elle part réaliser son rêve en revenant dans son pays pour devenir policière… Il n'en démord pas et apprend le coréen pour la rejoindre, mais après des mois et des mois de galère il ne trouve qu'une sortie par le bas en intégrant un gang mafieux dirigé par Tae-Soo Park (idiot idéaliste ou génie machiavélique ?). En fait c'est plus compliqué que cela car les mafieux ayant échoué à le recruter, ils ont décidé de se mettre en son service. Parrain malgré lui d'un gang fauché de 4 membres lui y compris (Athos, Porthos, Aramis et D Artagnan ?), il recrute un 5e membre en la personne du colosse culturiste Do-Heun Chang pour obtenir une voiture pour se déplacer et exproprie des vautours numériques pour obtenir un local pour se réunir…. du coup le voilà bien emmerdé quand il croise à nouveau la route de Yumin, et plus encore avec l'hôtesse de bar Miss Yoo qui veut se donner à lui parce qu'il a voulu la délivrer et la sauver ^^
On aurait pu croire que Boichi allait faire le pendant coréen des récits de mafieux très sérieux et très stylés de Ryoichi Ikegami, mais on est plutôt dans le tragi-comique alternant planches ultra classes et planches ultra déjantées avec un anti-héros bastonneur mais bolosse rattrapé à répétition par son allergie à l'injustice. La série déclare le plus sérieusement du monde que gang, entreprise et gouvernement c'est du pareil au même, donc c'est tout naturellement que comme les gansta rebelles d'Hirohiko Aaraki dans "Vento Aureo" / "Golden Wind" la 5e partie de la saga "JoJo's Bizarre Adventure" les gansta rebelles de Boichi veulent se hisser au sommet de la société pour la révolutionner (mais malheureusement dans notre Monde de Merde tu ne changes pas le système, c'est le système qui te change). Ah ça le look de Kitano Ken emprunte au "Trigun" de Yasuhiro Nightow, ah ça on retrouve pas mal d'ingrédients des mangas de Yukito Kishiro, et un bon connaisseur de la Planète Manga comprendra assez vite qu'il a emprunté à Masakazu Katsura un côté ecchi, trop exagéré pour être productif certes et qui à mon grand désarroi peut tomber avec le monde phallocrate de la mafia dans le hentai pur et dur (qu'est-ce que c'est que ces scènes de viols avec BDSM, tortures et actes de barbarie ? Je ne cache pas que la série perd des étoiles uniquement à cause de cela !).


* Tiens donc les membres du ministère des relations avec le parlement, qui soit dit en passant ne sert strictement à rien, ont vu leurs émoluments augmentr de 86 % depuis l'arrivée du donneur de leçons prestitué Benjamin Griveaux qui nous explique que le SMIC est déjà trop élevé et qu'il ne faut pas l'augmenter… Après il ne faudra pas s'étonner que l'arroseur soit arrosé, car qui sème le vent récolte la tempête...
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