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Critique de Pavlik


A l'aube des années 1950, Alain Bombard, alors jeune interne en médecine, est marqué par les victimes du naufrage d'un chalutier, dans la région de Boulogne. Commence alors une réflexion, qui s'appuie sur l'étude de la littérature disponible, dont le but est de produire des théories applicables, permettant de maximiser les chances de survie des naufragés en mer. Bombard pense surtout à ceux dont le navire sombre en haute mer, et dont la liaison radio avec la terre est intermittente (environ 50000 personnes par ans). le constat est simple : la plupart d'entre eux meurent avant que les conditions physiologiques, en elles-mêmes, deviennent mortelles. Il en conclut donc que c'est le désespoir qui tuent ces malheureux marins. Avoir en tête quelques conseils simples, validés empiriquement, pourraient leur permettre de survivre. N'oublions pas qu'à l'époque il n'y a pas de GPS, pas de liaisons satellites...La navigation en haute mer demeure une aventure.

Il décide donc de se lancer dans une folle épopée : naufragé volontaire, il ralliera les Antilles depuis les îles Canaries, soit plus de 6000 km, sur un canot pneumatique (l'Hérétique), en puisant l'eau et la nourriture dans la mer. Il est en effet persuadé que la consommation d'eau de mer, en petite quantité, agrémentée du jus des poissons pêchés (composé d'eau douce), lui permettra de survivre. Après un essai concluant sur la Méditerranée, accompagné de Jack Palmer, qui le fait rallier les Canaries, il se lance à l'assaut de l'Atlantique, en solitaire cette fois...Après plus de soixante jours en mer, il accostera à la Barbade, le 23 décembre 1952.

Ce récit, écrit quelques mois après son aventure, sur la base de son journal de bord, relate sa traversée : ses doutes, ses états d'âme, ses observations, tout y est. C'est un récit passionnant à plus d'un titre, que tout les gens de mer apprécieront. Les théories d'Alain Bombard ne font toujours pas consensus de nos jours (voir la controverse Lindemann), mais il est certain qu'il a fait faire un bon de géant dans la conception des canots de survie (son patronyme est d'ailleurs devenu un nom commun, de son vivant, désignant ce nouveau type de canot de survie) et que l'exploit reste remarquable. A l'image de Thor Heyerdahl et de son Kon Tiki, il a voulu prouver à tous ses détracteurs qu'il avait raison, en mettant sa propre vie en jeu.

Le drame d'Etel (la mort de 9 marins, durant l'essai d'un canot pneumatique dirigé par Bombard), 5 ans plus tard, ternira pour toujours sa réputation, bien que l'enquête officielle le dédouana de toute responsabilité. Il tenta de se suicider peu de temps après. Curieux destin, entre grandeur et décadence, que celui d'Alain Bombard : la mer lui aura apporté ses plus grandes joies et ses plus grandes peines...
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