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Critique de pencrannais


Lucky Luke, les westerns du mardi soir à la télé, j'ai adoré enfant et adolescent.
Maintenant, comme pour beaucoup d'oeuvres classiques des trente glorieuses, le personnage a connu un coup de mou suite à la mort de ses créateurs et surtout de Goscinny qui avait su admirablement tirer parti des potentialités du héros créé par Morris. Goscinny et Morris avaient multipliés les chefs d'oeuvre de la veine aventure comico parodique. Matthieu Bonhomme choisit une veine beaucoup plus réaliste avec L'homme qui tua Lucky Luke.
Dès la première planche, Lucky Luke est au sol et une voix off crie de joie. Elle a tué la légende. Lucky Luke n'est plus. Que s'est-il passé ?
Quelques jours plus tôt, un cow-boy solitaire arrive sous une pluie battante dans la petite ville de Froggy Town. Lucky Luke a une réputation et, alors qu'il a maille à partir avec le shérif et sa famille, les habitants influents de la ville lui demande d'éclaircir le vol d'une cargaison d'or par de supposés indiens. En parallèle du shérif, qui ne voit pas ça du tout d'un très bon oeil, Luke se lance dans un enquête assez compliquée qui va aller de surprise en surprise.
L'intrigue en elle même est plutôt réussie, même si elle ne révolutionne pas non plus le genre. Mais ce qui fait de cet album une petite perle, c'est l'ambiance et les personnages.
Bonhomme réussit un mélange parfait entre les BD des années 1960 et 1970 (la bagarre dans le saloon, page 35), les films hollywoodiens de l'âge d'or de John Ford surtout (l'homme qui tua Liberty Valence pages 45 à 49) ou d'Howard Hawks (Rio Bravo, pages 54, 55) et bien d'autres mais aussi aux westerns spaghettis de Sergio Léone ou américains de Clint Eastwood (Impitoyable est une énorme référence). Mais tout est digéré et intégré au service de l'histoire.
Les personnages sont beaucoup plus fouillées que dans les BD classiques (ce n'est pas non plus un grand challenge!) le personnage de Lucky Luke est moins sur de lui, moins maître de lui-même et de ses émotions, plus humains en quelque sorte, même si on n'apprend rien ni sur son passé, ni sur ses amours. Doc Wesneday, complètement inspiré du Doc Holiday du règlement de comptes à OK Corral, est lui aussi parfait d'ambiguïté, de ce mélange entre bravoure, philosophie et perversité.
Pas d'humour dans cet album, ou très peu, un running gag sur le tabac, ou comment Lucky Luke a été obligé d'arrêter de fumer, mais pas plus. On est dans un hommage, mais ni dans un copié collé ni dans une parodie.
Les dessins sont justes magnifiques, totalement éloigné de ceux de Morris, mais en utilisant pourtant certaines de ses techniques (des aplats de couleurs en décors pour se centrer sur les personnages (page 42), par exemple. Des paysages incroyables des montagnes rocheuses, des ambiances de saloon et de villes crasseuses de boue. On s'y croirait.
Une très belle réussite.
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