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Citations sur (Le) passeur de rivages (19)

Le sentiment océanique, c’était cela, de grandes vagues qui vous haussent le cœur et le foie et vous poussent à d’interminables répétitions épuisantes, jusqu’à en épouser les embruns. Moi qui me targuais d’avoir les pieds bien ancrés sur terre, je me laissais emporter dans de nouveaux mondes. La tristesse et la perte me quittaient lentement, ces lambeaux de lourdeur fuyaient en larmes sur mes joues, de ces larmes que l’on ne retient pas, celles qui éclatent et vident toute une vie de peurs accumulées. Je m’avançai vers eux…
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« La vieillesse est un naufrage », affirmait Charles de Gaulle. Certains apercevaient le rivage bien avant l’enlisement… J’étais devenu un de ces hommes. Brisé, abattu, résigné. Au milieu d’un bras de mer désert, englué dans ce marécage qui me refusait la mort, je conservais juste l’extrémité de la tête hors de l’eau, le corps piégé sous la terre, enseveli et lourd, avalé davantage encore par tout mouvement. Un mince filet d’air soulevait ma cage thoracique, et un air frais entrait par mes narines, une douce chaleur s’en échappait. Cela et pas plus, ce serait ma suffisance. Je pensais pour la première fois aux prisonniers au fond de leurs cellules, à ceux qui meurent sur un lit, dans un maigre espace, avec pour seul contact celui des draps rêches sur la peau, à la folie de l’enfermement, à la tête livrée en boucle aux
questionnements sans réponses, à l’isolement prévu pour mûrir et élever le fautif, à cette plongée en abîme réservé au purgatoire, aux condamnés à mort, aux martyrs des causes nobles. Je pensais à toutes les souffrances imposées et endurées à toutes les époques. Infligées par l’homme à l’homme. Je pensais à tous ces rôles que chacun joue alternativement, aux « valeurs humaines » qui englobent chaque geste, de la caresse à la potence...
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Nous sommes des Gaulois, mais aussi des Romains, des Grecs, et
toutes ces routes croisées d’échanges et de frictions qui fondent aussi
une nation, des nations ; un peuple, des peuples, une civilisation,
enivrants jusqu’à plus soif, un ADN sous-jacent d’ignorance, violent
et d’instinct, un Dionysos2 amnésique au lendemain de fête ; et c’est
tant mieux.
Le ciel s’assombrit, de lourds nuages anthracite déclinaient leurs
nuances, et une lenteur m’apparut retenir toute la scène, un silence
décomposant chaque mouvement absorbait tout mon esprit…
Le monde réel basculait étrangement dans une lumière intense, de
ces lumières teintées de bleu qui viennent avant l’orage prophétique
foncer le ciel d’une présence mystique.
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Les choses ne durent pas, jamais : de petites statuettes de sable disséminées partout. Dans chaque chose un arbre, un brin d’herbe, des cellules, les pierres, mes semblables ballottés aussi par le mouvement du monde. Une mer amoureuse de l’océan. Putain, j’étais vivant…
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On les appelle ceux du Grand Changement, ou ceux de la montagne,…
Selon un temps que nous ne définissons plus, tous les ans ou tous les cinq, dix, trente, cent, mille, dix mille ans, certains ressortent et descendent de cette montagne. Les retours sont très difficiles à vivre, pour ces gens. Ce sont des conflits d’une extrême violence, mais parfois aussi des enseignements précieux d’avant le Changement, que nous apportent ces revenants. Ces révélations nous aident dans la compréhension et cette adaptation continue, mais ce qui est le plus surprenant, ce sont les âges et la provenance de ces gens… Je prends encore des gants pour vous dire tout cela, je connais vos réactions par cœur. Veuillez bien vous asseoir...
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Les artistes de tout temps sont des chamans, faisant corps avec leurs impulsions intérieures, quand la sensibilité à la réalité les amène à pressentir le monde, à le renifler, comme un animal, à le faire soi dans un pas de côté, les poumons respirant le réel du monde, où circulent le temps présent et le devenir alarmant, violent, des changements imminents.
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Les représentations monochromes de l’outrenoir et le travail sur la lumière de Pierre Soulages clôturaient l’art religieux occidental et sa représentation. Les formes et son symbolisme glissant par l’abstraction diluaient l’expression d’années de peinture figurative, où le sujet religieux et le sacré passaient par l’homme pour accéder au mystère premier. Des divinités de la grotte de Lascaux à la Renaissance en passant par la période moderne… la lumière seule et la peur martelée de l’extinction imminente de notre planète donnaient à présent la ligne spirituelle du lent crépuscule de l’Occident. Ouvrant une voie directe aux mystères de la Création, aux nouvelles
spiritualités et peut-être même aux religions nouvelles…
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— De cet éparpillement collectif naissait une vague inverse, le Big Crunch : l’expansion arrivant à son terme s’inversait, l’univers se contractait désormais, se resserrait sur lui-même, retournant à une forme d’unité première.
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Le point de bascule, c’est exactement cela. Le moment où les choses basculent, où cela engage tout le corps. Par-dessus tout, on s’accroche, terriblement effrayé, et l’on pense retenir le mouvement du monde, d’un moment seulement… Mais on ne retient rien, ni les choix, ni la volonté, ni les erreurs, un rouleau de vague violent emporte claquant sur la plage un pantin désarticulé blessé d’orgueil. Encore et encore...
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Je comprenais clairement le basculement du monde. J’étais tombé tellement de fois sur un tatami pendant mes cours d’aïkido ; pour me relever d’impulsion ! Pourtant, pris dans le vide de la chute, je n’avais jamais perçu que le monde était perpétuel, et non un combat frontal. Nous sommes projetés par l’inertie d’un caillou à la vitesse folle d’une vrille...
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