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Critique de ClaireG


Ah ! Ces familles nombreuses, que de surprises elles peuvent réserver ! Déjà pour retenir tous les prénoms, il y a de quoi s'emmêler les pinceaux, surtout ceux donnés au Moyen Age et en Allemagne.

Car cette histoire menée tambour battant se passe à Alzey (Rhénanie) au milieu du XIIe siècle. Hildegarde de Bingen, connue dans le monde entier pour ses visions, ses dons de musicienne et de guérisseuse par les plantes, est le dixième enfant des époux von Bermersheim. Ce que l'on sait moins, c'est la destinée de deux membres de cette fratrie. Sept sur dix sont entrés dans les ordres. Un est resté laïc. Alors que peut-on espérer des deux autres ?

C'est là que Lydia Bonnaventure se déchaîne. Elle crée une soeur, Frénégonde, tonitruante, passionnée par les plantes et par la vie, par son apothicairerie et ses patients, au point de passer le virus à son fils, Gottfried, né de feu son mari, Eberhard. Je vous disais, les prénoms, c'est déjà toute une histoire !

Coeur du récit : un vol a été commis dans sa boutique, crime que Frénégonde ne peut laisser impuni. En même temps qu'elle soupçonne une troupe de baladins qui s'exhibent à sa devanture et auxquels elle n'hésite pas à montrer qui est le chef, elle subit un interrogatoire serré sur sa soeur Hildegarde, offerte au couvent de Disibodenberg à l'âge de huit ans. Déjà là, il fallait trouver le lien. La suite montrera qu'il est tout à fait cohérent.

Puisqu'il s'agit d'un roman policier, il faut une intrigue (au moins), un mort (au moins), un suspect (au moins) et un enquêteur (au moins). Car, n'allez pas croire que la frénétique Frénégonde va se laisser amadouer par le policier, Thibald, ou qu'elle va le laisser seul mener sa petite enquête ! Non mais !

Les jongleries rebondissent, les chuchotis de couvents se font en tapinois comme il sied dans ces lieux, les complots entre religieuses pour la succession de l'abbesse créent le suspense, la fin est surprenante, le tout emmailloté dans la vie villageoise et couventine de cette période si religieuse. Là encore, les noms de saints sont invoqués à satiété par la vociférante Frénégonde qui, à n'en pas douter, doit être fort bien protégée.

Tous ces personnages s'animent de concert, ont une biographie fouillée, s'entretiennent avec ruse et détermination et de beaux duels verbaux donnent une gaieté pleine de fraîcheur à ce roman bien construit quoique parfois longuet. Ce que c'est quand même d'être la soeur inconnue d'une sainte ! Et ce n'est pas la seule surprise.

De temps à autre, je découvre les talents d'écrivains de Babéliotes et je suis rarement déçue. Je sais Lydia Bonnaventure historienne mais cela ne fait pas d'elle une romancière. Il me semble, cependant, que c'est un excellent début. En plus du quotidien au XIIe siècle, nous avons droit à des leçons de choses, à des conseils d'herboriste, à un vocabulaire devenu désuet, à des comiques de situations.

Bravo Lydia et remettez-nous ça quand vous voulez.
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