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Critique de Eve-Yeshe


Lucie est conservatrice dans un petit musée, auquel une famille a fait don d'un précieux calice, mais tous les membres ne sont pas d'accord avec ce don, d'où une bataille juridique. Lucie travaille avec Louis et Mariette, qui devient son amie et l'entraîne vers un mystérieux groupe de prières.

Ayant peu confiance en elle-même, en ses capacités professionnelles et personnelles, Lucie va suivre Mariette dans sa « quête spirituelle » quitte à se mettre en danger aussi bien pour elle-même que dans son travail.

L'auteure analyse dans ce livre, tout le processus de l'emprise dans une secte « la Fraternité » tenue de main ferme par Thierry que les membres appellent le Berger.

Le désir d'être aimée, d'être reconnue est tellement fort chez Lucie que l'emprise va marcher dans les grandes largeurs, ainsi l'état de liesse dans laquelle elle se retrouve car il l'a appelée par son prénom : « Il connaissait son prénom » euphorie qui va durer toute la semaine qui va suivre.

Thierry le Berger l'a immédiatement identifiée comme victime potentielle, et lui montre à quel point elle est importante pour la « communauté ». La phase suivante de l'intégration est une cérémonie qu'il appelle la « Consécration », elle est adoubée comme les Chevaliers des temps jadis.

Ensuite, intervient l'argent, bien sûr. Il faut donner de son temps, de ses deniers pour aider les autres, sous couvert de maraudes au départ, en plus de la cotisation annuelle à la Fraternité, qui est évidemment fonction des revenus, comme le FISC.

Ensuite, les prières qui n'en finissent pas, sous l'égide du Berger, on psalmodie pendant des heures, pour trouver Dieu, entrer en transe…

Puis, c'est le jeu pervers attraction répulsion, la carotte dans une main le bâton dans l'autre : tantôt le Berger la met en avant, tantôt il l'ignore pour la rendre de plus en plus dépendante de lui. Elle croit en être amoureuse évidemment et si elle n'atteint pas la révélation divine, c'est forcément de sa faute, elle n'est pas assez pieuse, ne donne pas assez sous-entendu de sa personne… alors qu'à cela ne tienne, il faut jeûner, on lui donne une liste d'interdits alimentaires stupéfiante l'ascèse mène à Dieu à moins que ce ne soit au Berger

Comme le dit Arthur, l'un des membres de la Fraternité : il avait besoin que le Berger lui dise « quoi penser » : lavage de cerveau, plus de libre arbitre, plus de réflexion personnelle, le gourou est là pour penser à sa place…

Manque de nourriture, de sommeil, d'eau souvent, et tout le cortège des conséquences, fatigue, isolement car on ne doit pas garder de liens avec la famille, la vie d'avant… travail forcé dans la communauté…

Je n'en dirai pas davantage, les extraits que je propose parlent d'eux-mêmes… et l'auteure ne nous fait grâce d'aucun détail sur le genre de « bénédiction spéciale » que le Berger auto-proclamé peut pratiquer sur ces jeunes femmes perdues.

Je voudrais aborder l'écriture : le livre est très bien écrit, Anne Boquel, agrégée de Lettres, m'a fait plaisir avec sa manière de manier, le passé simple, l'imparfait du subjonctif… Certes, c'est un bel exercice grammatical, mais c'est d'une froideur quasi chirurgicale qui entretient le malaise du lecteur, frôlant souvent le dégoût. C'est le but recherché, bien sûr, mais j'aurais aimé plus de chaleur et d'empathie : je n'ai pas réussi à m'attacher à Lucie.

J'ai choisi ce livre dans le cadre d'une opération masse critique spéciale organisée par Babelio car les sectes et leurs méthodes de conditionnement, d'emprise m'intéressent depuis longtemps et je venais de terminer « Bénie soit Sixtine » alors pourquoi ne pas rester dans le même thème ?

Cette lecture a été très difficile, j'ai lâché le livre plusieurs fois, sous l'effet de la colère, du dégoût mais j'en suis quand même arrivée à bout, pour voir si Lucie arriverait à s'en sortir. Je l'ai refermé avec le plaisir du devoir accompli en fait, mais c'est bien le seul plaisir que j'ai ressentir tant ce fût une épreuve. Je vais m'empresser de l'oublier, ou d'essayer car cela va sûrement laisser des traces…. Et pour couronner le tout, la fin laisse perplexe car ce n'en est pas une, il reste un goût d'inachevé…

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil qui m'ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteure.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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