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Critique de keria31


Impressionnant et très inquiétant.
Bordage nous plonge une fois de plus dans un monde ravagé que l'on pourrait croire apocalyptique. La Terre est minée par la pollution chimique, les anomalies génétiques, la saleté et elle est traversée de villes pour la plupart effondrées. Dans ce récit Bordage imagine que l'humanité, suite à une effroyable guerre nucléaire qui a détruit les 9/10è d'elle-même, vit scindée en 2 grands peuples : ceux qui résident dans les cités unifiés et ceux qui se retrouvent en dehors. Les premiers sont parvenus à préserver une vie citadine relativement propre et confortable grâce à la technologie mais les désordres et les crimes représentent une menace quotidienne que combat une unité d'élites appelée les fouineurs. Alors que dans le pays horcite, des clans s'affrontent entre eux pour le pouvoir (autorité et possessions), animés par des rivalités accrues par le manque du nécessaire. Or, dans ce contexte de désolation surgit une armée terrible de cavaliers qui extermine tout sur son passage alors que dans le cadre de Nylopa, une des 30 cités unifiées, se multiplie l'attaque des ombres...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Bordage a le chic pour construire des scénarios sombres, complexes et plein de suspense.

J'ai vu sur un site qu'on lui reprochait son côté fleur-bleue ! Absurde quand on plonge dans l'atmosphère de ses romans pétris de violence, de misères, de chaos et de complots. Vraiment on emploie des mots et on ne sait plus ce que ça veut dire ! Si Bordage est fleur-bleu dans ses écrits alors Pretty Woman verse dans l'horreur ! Non sérieux, faudrait réformer notre façon de voir. Autrement je trouve que cet auteur cumule trop les péripéties, les scènes d'action au détriment, une fois de plus, des informations éclairantes qui nous sont livrées au compte goutte. En fait, s'il avait réduit le nombre de scènes de traque et de fuite, cela n'aurait pas altéré son histoire. Remarque que j'avais déjà faite sur ma précédente et première lecture de cet auteur.

Mais excepté ces 2 petites critiques, il faut reconnaître que le futur décrit par Bordage est d'autant plus impressionnant qu'il semble correspondre à celui que l'on est train de se construire. Des signes, des phénomènes déjà se manifestent dans notre société qui semblent annoncer cette évolution : pollution qui a des conséquences sur notre santé (cancers, malformations génétiques...), maintien du nucléaire, divisions plus fortes entre hommes et surtout les progrès sur l'intelligence artificielle, la robotique et les nanotechnologies...Alors qui sait quelles conséquences terribles pourraient en découler puisque l'on ne cesse de faire naître, de développer des créations dangereuses sans jamais en désactiver ou éliminer aucune. Bordage, lui, avec l'envergure certaine de son esprit, ose les entrevoir. Mais le fait-il par pur plaisir créatif (un peu sado-maso quand même) ? Par désir de nous alerter et de nous faire réagir contre cette évolution, nous, cette génération endormie ? Ou simplement par désir de répondre à des préoccupations sur le monde qui le minent ?

Dernier point. Les personnages de Bordage ne manquent pas de psychologie, il est vrai. Le regard sur l'humain me semble plutôt lucide comme le fait qu'il dépend bcp de son milieu. Un état de la société dégradé le pousse davantage à réagir et agir de façon instinctive, alimentant par la même la spirale du bas. Ceci dit, il est vrai aussi qu'il se laisse vite corrompre même dans un cadre confortable comme celui des cités. Seuls quelques individus échappent à cette norme et il faut dire que chez Bordage, ils sont vraiment peu nombreux. Plus critique sur la théorie du complot par contre. Si l'oligarchie est effectivement le régime qui domine le monde, il ne faut pas croire pour autant qu'elle planifie tout. Il y a chez l'humain bcp plus de hasards et d'inconscient qu'il n'y paraît, même chez ceux qui ont de l'autorité, du pouvoir et de l'argent. C'est d'ailleurs, à cause de cela, selon moi, que l'on va vers le chaos car on fait, on invente, on produit sans anticiper, sans mesurer les risques et chercher à les combattre : bref on ne sait pas se doter de système défensif efficace par défaut de perception et de courage. Du coup, après, on ne peut que subir les dégâts. D'ailleurs dans ce roman, il y a une séquence où l'auteur fait le parallèle entre un corps sans système immunitaire et la société qu'il décrit où les virus ne peuvent que frapper. Enfin, même si ces perso sont plutôt attachants, du-moins Ganesh et Deux-lunes, je trouve qu'il ne sait pas mettre en avant de femmes intéressantes et qu'il manque aussi d'esprit introspectif pour donner plus d'épaisseur. Ceci dit, il faut bien reconnaître qu'au vu des multiples menaces que ses perso affrontent, ils n'ont pas le temps de développer leurs états d'âme, étant trop pris dans la fuite et l'urgence de la survie. A force de vivre dans l'action, on ne peut plus en avoir pour la réflexion, c'est sûr.
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