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Critique de Dionysos89


L'aventure éditoriale de Crimes, aliens et châtiments n'est pas banale. En effet, sur une de ses idées originales, Laurent Genefort avait élaboré une petite novella pour les éditions Walrus, parue en 2016. Celle-ci plaisant à Jérôme Vincent, directeur des éditions ActuSF, a germé l'idée d'une publication poche dans la collection Hélios, soit d'un recueil de l'auteur (mais il fallait que celui-ci en écrive d'autres du même genre), soit d'une anthologie autour d'un même thème (et il fallait trouver des auteurs pour se lancer dans l'aventure commune). Ainsi, ce sont Pierre Bordage et Laurent Whale qui ont répondu à l'appel pour compléter cette publication, parue lors de l'été 2017.

Laurent Genefort lance ainsi les hostilités avec « Jennifer a disparu ». Dans un monde où les extraterrestres ont débarqué sur Terre, mettant ainsi tous les auteurs de science-fiction au rebus par déficit de public, l'auteur se met en scène en tant que simple détective privé spécialisé, malgré lui, dans les affaires sur et avec des extraterrestres justement. Comme le veut son caractère, Laurent Genefort s'écrit comme un détective privé humble, simple et plutôt timide, ce qui ne l'aide pas du tout dans son travail d'investigateur. Pour autant, une extraterrestre (dont je vous laisse la surprise du profil, référence à l'appui) vient l'embaucher dans son appartement-bureau miteux. Pour l'enquête en elle-même, nous avons avant tout affaire à un « road-trip du pauvre », tant la débrouillardise est mise à l'honneur autant que faire se peut, le tout agrémenté de péripéties chanceuses et de coups d'éclat inattendus. Mais il faut signaler les bonnes idées initiées ici (en même temps, Laurent Genefort est un sacré créateur d'univers, donc il crée une espèce extraterrestre chaque matin), à commencer par l'esprit pratique de l'antihéros et la bonhommie des protagonistes aliens.
Pierre Bordage poursuit avec « Où es-tu, mon Choo ? ». Dans la foulée de Laurent Genefort, Pierre Bordage travestit à peine son patronyme pour se décrire en détective privé sans le sou et sans enquête. À Nantes et ses environs, le porteront ses investigations quand une Terrienne lui demande de retrouver son bien-aimé qui, comme vous vous en doutez sûrement, ne correspond pas aux canons de la beauté façon Éric Ciotti ou Nadine Morano… Comme souvent avec Pierre Bordage, l'impression est forte d'imaginer que son récit est parti d'une émotion ou d'un ressenti à nous transmettre. Les récits sur la tolérance envers l'altérité, sur le fanatisme de certaines communautés qui préfèrent se renfermer sur elles-mêmes ou sur l'introspection des personnages sont bien maîtrisés par l'auteur et c'est ce qui fait le seul de cette novella, car les meilleurs moments sont ces petites trouvailles liées aux extraterrestres et leurs capacités extraordinaires qui permettent au protagoniste de se sauver in extremis.
Enfin, Laurent Whale clôt cette publication avec « L'affaire du FBG ». Même si cette novella est dans la même veine que les deux précédentes et se déroule dans le même univers imposé, l'auteur change d'orientation en poussant le fun et la drôlerie au maximum. Chaque titre de mini-chapitre a sa vanne, chaque scène a sa chute désopilante ou cassant un cliché. Il faut avouer que cela pourra paraître lourd à certains si on y est pas habitué ou si on ne lit pas le tout d'une seule traite afin de rester immergé. Pour le reste, les tenants et aboutissants de l'enquête qui est proposée à « Laurent-Whale-devenu-détective-privé » sont un peu plus télescopés et sont davantage déliés (cette novella dure autant que les deux premières réunies). Pour autant, le récit de Laurent Whale s'appuie davantage sur un humour décapant et une aventure qui fonce tambour battant sans s'arrêter aux détails qui peuvent gêner aux entournures.

Crimes, aliens et châtiments est donc un recueil intéressant, qui se lit certes vite mais permet de retrouver trois auteurs qu'on apprécie dans des nouvelles finalement très introspectives puisqu'on en apprend peut-être davantage sur leur façon de se voir que sur la manière dont ils imaginent l'arrivée des extraterrestres, tout cela en rappelant à bon escient que polar et SF peuvent tout à fait aller de pair.

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