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Critique de Soleney


Pour mon premier livre de Masse Critique, j'ai voulu ouvrir le bouquin sans rien connaître de l'histoire, sans avoir lu ni résumé, ni critique, ni citation, afin de ne pas avoir de préjugé et de vraiment me forger mon opinion sur l'histoire, l'écriture, les personnages…

Alors, quels sont les points forts et les points faibles qui m'ont marquée dans Gigante ?
Ce qui m'a fait la plus forte impression, c'était le contexte. Gigante est une planète dix-huit mille fois plus grosse que notre Terre, et cent quatre-vingt fois plus volumineuse que le Soleil. Pourtant, ce n'est ni une étoile, ni même une géante gazeuse. Mieux encore : la vie y est possible – mais dure. Car l'incroyable volume de ce corps rend les déplacements inhumainement longs (il faut parfois vingt ans pour aller d'un point A à un point B. À une vitesse de croisière de 800-900 km/h, cela s'entend), des orages électriques dévastateurs et de dangereuses créatures parcourent la planète, des phénomènes électriques inexplicables ravagent la surface… Par ailleurs, la gravité est si importante qu'elle déforme les corps humains : ceux qui ont passé plusieurs générations sur la planète ressemblent à des nains, petits et carrés, et leurs traits sont larges, mal dégrossis. C'est ce qu'on appelle le remodelage planétaire.
Gigante est un pied de nez aux lois de la physique, un mystère pour les savants et pour nous autres, lecteurs. Ce qui me motivait le plus à avancer dans ma lecture, c'était l'impatience de découvrir tous les secrets de la planète. Comment peut-elle être si grosse sans être devenue une étoile ? Qu'est-ce que c'est que ces phénomènes électriques meurtriers ? Les géants existent-t-ils ou ne sont-ils qu'une légende ?
Bref, un très bon point pour l'univers.

En revanche l'écriture m'a laissé un avis mitigé. le début était un peu ardu, l'histoire met quelques pages à se mettre en place. On a encore du mal à s'adapter à la notion de quartier (équivalent à un jour sur Terre), de vingtième (deux heures terrestres) et de dixième (une heure terrestre), – car sur Gigante, une journée dure deux mois (un mois de jour, un mois de nuit) et il est techniquement difficile de parler de « jour » et de « nuit ». D'ailleurs, j'ai eu parfois l'impression que l'auteur se perdait dans les notions temporelles. Kolos (l'étoile) se couche alors que deux pages avant, il était à son zénith. En fait, non, c'était calculé. Les voyages de Zaslo se font à la vitesse de la lumière, donc c'est normal. La première partie de l'oeuvre est un peu lourde et descriptive, mais l'action accélère au bout d'une cinquantaine de pages. Et au fil de la lecture, l'écriture s'allège et on se prend de plus en plus à apprécier l'intrigue. Mais aux trois quarts du livre, l'action s'embourbe, les découvertes stagnent, et j'ai trouvé les descriptions trop nombreuses et complexes pour pouvoir m'y intéresser.
Mais j'ai beaucoup apprécié les extraits des journaux intimes en début de chapitre. Cette technique marche très bien avec moi (comme je l'ai expliqué dans ma critique sur La Stratégie Ender), parce que dès que j'ai fini un chapitre, je lis l'extrait suivant, et je me retrouve à lire le chapitre qui suit. Et c'est comme ça que je finis par faire des pauses exagérément longues pendant mes révisions de partiel^^

J'ai apprécié chacun des personnages principaux indépendamment, avec ses qualités et ses défauts. Zaslo est le héros de l'histoire, et pourtant c'est quelqu'un d'indécis, peu sûr de lui et qui a peur. Je me reconnais un peu en lui, j'ai plusieurs de ses défauts. C'est justement pour cela que j'avais envie de le secouer et de lui dire : « Vas-y ! Tu peux y arriver ! Bordel, c'est toi le héros de l'histoire, tu vas réussir, lance-toi ! ». La seule chose à laquelle il se raccroche désespérément (et stupidement, il faut bien l'avouer), c'est sa vengeance. Il veut tuer une personne qu'il n'a jamais rencontrée – son père – et en fait l'objectif de sa vie.
Madilia est une belle jeune femme née sur Gigante mais n'ayant pas encore subi le remodelage planétaire. Elle est le contraire de Zaslo : sûre d'elle, elle ne revient jamais en arrière et assume totalement ses choix. Cependant, dans son journal, on se rend compte de certaines faiblesses qui la rendent plus humaine.
Plus l'histoire avance, et plus on voit leurs positions s'inverser : Zaslo devient le personnage fort et c'est Madilia qui a l'impression de passer à côté de sa vie, coincée sur son glisseur pour dix bonnes années.
Mais ce qui m'a agacée, c'est la relation de ces deux oiseaux-là. Dans leurs journaux, l'auteur montre dès le départ qu'ils sont attirés l'un par l'autre. Il décrit leur attirance, leurs impressions étonnamment positives pour deux inconnus, décrit le physique des deux personnages à travers les yeux de l'autre (donc de manière très flatteuse), explique que, même si Zaslo n'est pas particulièrement beau, il a un charme mystérieux qui plaît à Madilia, et Madilia a un corps de rêve qui émerveille Zaslo… C'est trop vite, trop tôt. Non, il fallait laisser un peu de flou, instiller du doute, développer l'amitié et non l'attirance, faire appel à un peu plus de neutralité. Peut-être les faire se disputer.
C'est vraiment le point qui m'a le plus rebutée dans l'histoire. Par chance, cela s'améliore après car ils sont séparés (pour un temps).
Il y a peu de personnages secondaires, à l'exception des mentors de Zaslo et des quelques personnes qui l'aident dans sa quête et n'apparaissent qu'épisodiquement. C'est un peu dommage, mais au moins on ne se perd pas.



Mais c'était un bon livre que je ne regrette pas d'avoir découvert.
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