AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Andromeda06


La Troisième Guerre mondiale a fini d'achever notre belle planète bleue : l'eau est infectée, une sorte de plante grimpante venimeuse envahit la végétation, chars et véhicules blindés à l'abandon font office de paysage. Seule une poignée d'hommes a survécu, divisés en plusieurs tribus nomades. Solman « le boiteux » est du peuple aquariote, de celui qui a le monopole de l'eau, les seuls capables de trouver de l'eau non contaminée. Son infirmité et son don particulier le mettent souvent à l'écart, et pourtant c'est par lui que va se jouer l'avenir de l'humanité, celui des derniers hommes...

C'est époustouflée et à moitié essoufflée que je ressors de cette lecture. Tout y est si bien dépeint et décrit que je me suis cru un personnage à part entière de l'histoire. J'ai tout vu et imaginé comme si j'y étais pour de vrai.

À commencer par les décors et les lieux, car à suivre un peuple nomade, on voit du paysage et on se rend bien compte de ce que le territoire français est devenu (tout se déroule essentiellement dans la France du futur), de l'Île-de-France à la Méditerranée, en passant par le Massif central et le Pays basque. J'ai vu de mes propres yeux les mers et les océans, sans une once de vie, comme endormis. J'ai "admiré" les paysages lugubres des plaines, les fouillis végétaux des forêts ou encore la végétation pétrifiée des montagnes. Je me suis retrouvée dans des paysages désolés tout au long de ma lecture, viciés, infectés, ravagés par la pollution nucléaire et chimique, dans lesquels, du haut de mon canapé avec mon plaid et mes deux paires de chaussettes, j'ai eu constamment froid (tout se déroule essentiellement en hiver). L'auteur y dépeint tout tellement bien, qu'on en est imprégné tout du long.

Côté personnages, il n'y a rien à redire non plus. Travaillés comme il se doit, j'ai pris énormément de plaisir à les accompagner dans leur exode. Je me suis évidemment tout de suite attachée à Solman, ce jeune garçon au don de clairvoyance, tantôt rejeté tantôt applaudi, voire même vénéré, selon comment se déroulent les événements. J'ai aimé également suivre les personnages qui gravitent autour de lui, et notamment Moram, grâce à qui j'ai souri plusieurs fois, mais aussi Wolf, qu'une révélation sur son compte m'a laissée sur le c** (celle-là, je ne l'avais pas vu venir). Mais il y a aussi Raïma, Ismahil, Kadija, Glenn, Chak, etc... tous plus ou moins énigmatiques et attachants.

Et côté intrigue, me demanderez-vous ? Et bien, là encore, je suis (presque) totalement conquise. Y règne un certain suspense sur l'intelligence destructrice, et si son objectif est clair, on en connaît la raison et l'identité qu'à la toute fin. Elle est retors, notamment parce que les complots et trahisons la parsèment tout du long, tout comme les jalousies, la haine et la peur des différences. Côté action, je n'ai pas été en reste non plus. Entre les attaques de chiens sauvages, de rats ou de sauterelles génétiquement modifiés, les éruptions volcaniques, ou encore les courses-poursuites, je n'ai guère eu le temps de m'ennuyer. Et comme l'auteur prend le temps de tout dépeindre, la tension et l'angoisse montent à petit feu, pour mieux se jouer de mon impatience. Selon les passages, je me suis surprise à lire de plus en plus vite, comme mesurant l'urgence de la situation. La tension est parfois insoutenable, rendant la lecture précipitée, à me demander si j'en sortirai indemne. Mais heureusement, certains passages plus calmes m'ont permis de reprendre mon souffle (avant une nouvelle embardée).

Mon seul bémol vient du fait que l'histoire prend une tournure de plus en plus "biblique", ce qui commençait à légèrement m'agacer. Je sentais venir un dénouement avec un trop plein de bondieuseries, ce qui n'est finalement pas le cas au vu des dernières révélations. Je ne peux en dire plus, sans prendre le risque de trop en dévoiler, mais c'est satisfaite et toute émotionnée que je suis sortie de ce dénouement.

En bref : Un univers travaillé et merveilleusement imagé. Des personnages fouillés, ambigus, qu'on aime à suivre. Une intrigue sous haute-tension, bien menée et captivante. Une plume superbe sachant tout bien dépeindre. Un roman abouti et époustouflant.

C'est le premier livre de Pierre Bordage que je lis. Sans l'ombre d'une hésitation, je reviendrai vers lui.
Commenter  J’apprécie          7715



Ont apprécié cette critique (77)voir plus




{* *}