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Critique de paroles


Monsieur Ladmiral se fait vieux. Il a plus de soixante-dix ans, et même faut-il l'avouer soixante-seize. Mais il ne fait pas bon de le lui rappeler. Et ce n'est pas son fils, Gonzague, qui se permettrait une remarque là dessus. Ni d'ailleurs sur aucune autre chose que dit ou fait son père. Ho non, il le respecte, l'entoure de beaucoup d'amour et agit en toute simplicité avec lui, sans jamais lui montrer les efforts qu'il fait pour que ce dernier ne s'aperçoive jamais du temps qui passe.
Chaque dimanche, ou presque, Gonzague débarque ainsi de Paris avec sa petite famille pour passer la journée à la campagne, avec ce père si chéri. Et chaque dimanche, monsieur Ladmiral est à la fois heureux de les recevoir et mécontent d'être troublé dans son emploi du temps. Mais ce dimanche là, en plus de son fils, c'est Irène, sa fille, qui s'invite sans prévenir et avec elle entre dans le logis un tourbillon de vie, de paroles. Un souffle de modernité bouscule ce petit monde engourdi. Les enfants sont fascinés, Gonzague agacé et Monsieur Ladmiral ébloui...

Quelle douceur dans ce dimanche d'été si chaud, si lent. Quelle indicible tendresse dans les mots dits ou tus selon le moment. Aucune parole méprisante, ni véritable méchanceté exprimée entre ce frère et cette soeur qui se jalousent un peu et rivalisent de bonté auprès de ce vieux père fatigué et tant aimé.
Une écriture délicate et sensible (1945), emprunte d'une certaine préciosité, parfume agréablement cet instant suspendu d'un dimanche à la campagne, un petit rituel de gestes et de paroles que seul le temps semble inéluctablement éroder.
Une jolie peinture d'un tableau de famille, au charme suranné, qui a été admirablement et fidèlement filmé par Bertrand Tavernier (1984) dont je garde un souvenir émerveillé.
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