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Critique de BlackKat


Intérieur / Jour / Chronique / 1ère prise et aaaaction!

Vous l'aurez compris, c'est l'univers du cinéma qui nous ouvre les bras et ce, dans un avenir proche (très proche) gouverné par les iAm (téléphones high tech), la domotique et les écrans omniprésents, les glasstrons.

Hollywood est mort, vive Navity, près de Sydney, en Australie. le Big One, le grand tremblement de terre qui a rayé Los Angeles de la carte, a laissé des traces dans les coeurs et les âmes, poussant les professionnels du cinéma à créer ailleurs une nouvelle cité dédiée… The show must go on…

Oui, mais voilà, ce nouvel empire a embarqué avec lui les talents mais aussi toutes les dérives et excès inhérents à ce milieu.

Et c'est dans cette ambiance que nous allons suivre une palette de personnages très riche, ciblée et complète: de la diva mégalo, du couple de stars dont l'amour se délite dans les soupçons, jusqu'au flic alcoolique et torturé mais au bon coeur (c'est comme ça qu'on les aime!). Parce que ce monde n'est pas un conte pour enfants… des femmes meurent étranglées en direct sur le web par un mystérieux homme cagoulé.

650 pages en grand format pour explorer tous les rouages des coulisses de l'univers cinématographique ou comment le génie artistique frôle dangereusement la folie.

J'ai regretté une certaine lenteur dans l'action, certes, mais cette relative indolence permet de s'imprégner des ambiances, de bien cerner ce milieu d'apparences lumineuses et d'aborder la schizophrénie latente et la dichotomie qui habitent ces stars ou starlettes ou "apprentis tout"!

Cela permet de naviguer aussi au fil des étapes qui mènent de la création artistique au business, à la célébrité polluée ou encensée, au rôle des médias. C'est un monde de lutte de pouvoirs, de fric, de luxure glauque, de vice sans complexe, d'orgies déjantées, d'avidité sexuelle pathétique, de tyrannie des corps et de la beauté.

C'est une approche assez cynique du milieu qui gomme toutes différences entre les "poupées à plaisir" et les acteurs. Et j'ai bien aimé cette analyse sans concession, je dois le dire, car elle alimente, bien entendu, les clichés (ou la réalité?) du cinéma véhiculés de nos jours.

Où est la limite? C'est la question récurrente tout au long de ce thriller. Jusqu'où pousser pour apparaître dans la lumière ou ré-apparaître? Jusqu'où la vie privée peut-elle l'être encore? Jusqu'où faut-il se perdre pour renouer avec l'inspiration créatrice? Jusqu'où un être peut-il rester humain alors qu'il est adulé des foules?

J'ai adoré le personnage du flic, Tim Wode, bien sûr… Homme torturé que l'alcool a détruit en même temps que sa famille et dont l'addiction et le sevrage sont très habilement distillés dans le récit. Il mène son enquête comme son sevrage, avec obstination.

J'ai adoré la quête de cette femme, Iris Gaylor, actrice, qui a mené (ou sacrifié?) sa carrière en total dévouement pour celle de son mari, Chris, qu'elle voit se dédoubler quand apparaît l'Autre, l'objet public; et qui se réveille avec la disparition mystérieuse de sa soeur, qui remet tout en question, qui fouille, mène l'enquête, n'abandonne jamais sa lucidité face au monde qui est le sien et en arrive à douter même de son époux.

J'ai apprécié chacun des personnages, en fait, dans leurs côtés sombres, leurs images et ce qui se cache au fond de leurs yeux. Chacun dissimule des bobines poussiéreuses dans les placards et donnent le change sous les faisceaux de lumière. le portrait de ce microcosme est proprement jouissif, dans toute sa triste démesure!

Le final de cette intrigue dense et bien scénarisée est ahurissant de crédibilité, surprenant, déroutant. de quoi nous rendre parano sur les Big Brothers qui nous entourent sans que nous en ayons véritablement conscience, tant l'espace entre le virtuel et le réel s'amenuise à vitesse grand V, tant les êtres humains ne savent plus, ou ne veulent plus, différencier l'être et le paraître…

Intérieur / Jour / Fin / Eeeeet coupez!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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