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Critique de parolesenvolent


Dès le début de ce polar, le cadre choisi d'un étang calme et paisible nous plonge avec Lisa dans une ambiance tendue pourtant baignée de quiétude mais il laisse présager un funeste déroulement.
Il faudra lire ces quelques presque 400 pages avec une certaine attention, au risque de perdre le fil avec le nombre des personnages (j'en décompte six du côté de la police et une douzaine pour le reste). Je considère cela comme un avantage, car j'ai apprécié la panoplie de personnages dépliés tout au long du récit. Bien différenciés, ils favorisent un certain dynamisme à l'enquête qui sans eux, risquerait de devenir monotone avec des crimes qui se suivent et présentent des similitudes.
L'équipe de la brigade est détaillée à l'apparition de ses membres ; ensuite, leurs atouts et leurs faiblesses sont affinés au fur et à mesure du déroulement de l'enquête. Ainsi bien individualisés ils prennent corps dans leur rôle avec leurs caractères propres bien décrits pour que les lecteurs les distinguent avec précision dans leur travail, leurs questions et leurs raisonnements.
le commissaire Tahar Agnelli se distingue du lot pour donner la dimension d'un polar à l'ouvrage. Meneur d'hommes doué d'impartialité dans les enquêtes, mais loin d'être dupe sur la nature humaine, il nous évoque le commissaire Adamsberg de l'armée furieuse de Fred Vargas. Et la fin du livre nous laisse penser que le personnage d'Agnès Boucher a l'envergure d'être revu dans une prochaine enquête.
Ici, on entrevoit le monde gay, dans un degré limite voyeuriste dans les scènes d'amour de Victoire et Ludovique. L'auteure s'amuse avec les mots pour confondre le lecteur : elle stimule sa mémoire encombrée de prénoms mixtes pour des lesbiennes, ou carrément masculinisés pour une femme mariée (Léo pour Léopoldine) et ajoute de la confusion des prénoms en patronyme comme Hugo, et y adjoint des noms germanique imprononçable.
L'orientation sexuelle et des jeux de séduction entre les personnages occupent une bonne place dans l'histoire. On pénètre dans le monde lesbien, et on sourit de voir tous les hommes éconduits par entre autre, Ludovique, ce parangon de femme fatale. La séduction concurrentielle des bisexuelles fragilise l'assurance dans les relations sentimentales des gays, en tout cas de Ludovique qui s'interroge sans cesse à devoir rivaliser avec le sexe opposé. C'est Adèle la plus touchante, l'amoureuse transie pour sa meilleure amie ; elle lui est loyale et dévouée malgré l'indifférence et la dureté à laquelle Victoire la confronte.
Victoire, cette femme intelligente, secrète et solitaire est affublée d'un caractère hors du commun, hors des stéréotypes. Elle représente le paradoxe par excellence : Sa sexualité bien assumée tranche avec ses secrets bien gardés. Son éducation bourgeoise, conservatrice empreinte d'une éducation traditionnelle est aux antipodes de son mode de vie simple et nature. Sa culture raffinée dénote avec sa inélégante marotte. Son refus d'être soumises aux principes paternels (la lecture vous éclairera) a produit une anarchiste convaincue mais qui cependant, ne rechigne pas à profiter des fruits du capitalisme en bonne rentière.
Quant au criminel, son identité reste bien camouflée jusqu'à la fin, ne se laisse pas dévoiler avant les dernières pages. Belle performance d'un suspens bien tendu. On le suit dans ses réflexions le conduisant à produire des charniers décrits avec tact mais réalisme. Obéissant à son « dogme » quand « satisfaire ses exigences équivaut à combler sa propre jouissance ».
Je vous recommande ce roman à l'écriture est agréable et aux chapitres bien équilibrés. A bientôt peut-être pour le retour du commissaire Agnelli ?
Lien : http://lesparolesenvolent.bl..
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