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Critique de gerardmuller


Napoléon et la dernière campagne- Les Cent-Jours. 1815 /Jacques Olivier Boudon/(Lecture faite en juin 2015)
À l'occasion du bicentenaire de la fin du règne de Napoléon ce 18 juin 2015 (une date toujours historique), ce livre est le bienvenu pour nous éclairer non seulement sur les circonstances du débarquement à Golfe Juan de l'Empereur évadé de l'île d'Elbe, mais encore sur les raisons de l'opposition des coalisés européens à son encontre et enfin les causes de la défaite à Waterloo.
Napoléon a alors 46 ans. Il a eu le temps de se ressourcer à l'île d'Elbe qu'il occupe en toute propriété et liberté durant les dix mois passés loin du continent.
Il a encore en mémoire comme nous d'ailleurs ses adieux bouleversants à la Vieille Garde dans la cour du château de Fontainebleau au petit matin glacé du 19 avril 1814 peu de jours après le Traité de Fontainebleau ratifié le 11 avril entre les maréchaux Ney, Mac Donald et Caulaincourt plénipotentiaires français et les ministres autrichiens, russes et prussiens.
Napoléon a signé lui même le 4 avril les clauses du traité avec son abdication, « sacrifiant ses droits aux intérêts de la patrie ».
Il existe trois raisons principales qui ont incité Napoléon à préparer le retour. Tout d'abord l'ennui qui le ronge dans cette petite île, lui qui déborde d'énergie. Ensuite l'insécurité quant à son avenir quand il apprend que se trame déjà un projet de l'expédier à Sainte Hélène. Enfin les informations qu'il reçoit de France démontrant les difficultés de la monarchie restaurée et sa popularité quasi intacte au sein du peuple.
On peut tout à fait considérer le retour de Napoléon comme un coup d'état militaire : c'est bien l'armée qui a favorisé cette reconquête du pouvoir et cette réinstallation aux Tuileries, avec certes un indéniable soutien populaire.
En trois semaines, Napoléon après avoir débarqué clandestinement à Golfe Juan est devenu un souverain légitime.
Dans ses projets, Napoléon reprend son idée d'un grand système fédératif européen, (précurseur de notre Europe actuelle ?), ce qui est loin de plaire aux coalisés, c'est à dire la Russie, la Prusse, l'Autriche et l'Angleterre pour qui l'Empereur est un perturbateur du repos du monde. Seule la Suède avec le Prince Bernadotte ne cache pas sa satisfaction de voir revenir Napoléon sur le devant de la scène politique.
Faire vivre les idées de la Révolution dans toute l'Europe, c'est ce que veut au fond Napoléon.
Le refus des coalisés de voir Napoléon remonter sur le trône de France et la mobilisation de leurs armées oblige l'empereur à préparer la guerre.
Par ailleurs, et cela on l'oublie souvent et pourtant cela pèsera lourd in fine, des insurrections éclatent dans l'Ouest de la France qui affaiblissent les défenses de la France dans le Nord et l'Est, en Bretagne et en Vendée principalement.
On en vient à la bataille de Waterloo qui fut la dernière. Son issue resta longtemps incertaine et le dénouement tint à peu de choses. Une bataille dantesque sans doute la plus terrible de l'épopée napoléonienne.
Un très bel ouvrage que ce livre de Jacques Olivier Boudon, extrêmement documenté, passionnant, allant dans le détail qui compte et qui permet de comprendre le verdict final. Notamment, la bataille de Waterloo est contée minute par minute comme si nous y étions avec les mouvements de troupes des uns et des autres et les réflexions et décisions de l'Empereur. Quatre armées de coalisés contre la seule armée française qui est très nettement inférieure en nombre.
On connaît la suite : la retraite, la débâcle des soldats indisciplinés, les trahisons en série.
Le bilan au soir du 19 juin : 32 000 morts en trois jours dont 5000 français.
Napoléon explique la défaite par la précipitation du maréchal Ney à charger les Anglais, le retard mis par Grouchy à rejoindre le champ de bataille, et surtout l'indiscipline et la débandade des soldats suite à l'échec de la Garde impériale pour repousser l'offensive des coalisés alors que tout n'était pas perdu.
Les historiens complètent ces manques par ceux d'armements et équipements militaires ; en somme une préparation insuffisante et des transmissions défectueuses. Et puis une disproportion des forces en présence.
Et puis il y a l'après Waterloo…Se sentant abandonné, Napoléon de retour à Paris décide dans la nuit du 21 au 22 juin d'abdiquer.
La France est envahie par les coalisés qui dès le 20 juin marchent sur Paris.
Une Commission dirigée par Fouché et Carnot décide d'accepter la capitulation au terme de laquelle l'armée française doit se retirer au sud de la Loire et laisser la capitale ouverte à l'occupation étrangère.
Louis XVIII revient avec à ses côtés Fouché et Talleyrand.
Napoléon se rend aux Anglais à l'île d'Aix en face de Rochefort. Dans l'indifférence générale il est déporté à Sainte Hélène.
En France alors se fait jour la Terreur Blanche, une véritable chasse aux anciens soldats et officiers de Napoléon et aux protestants qui ont toujours soutenu l'Empereur. Ils sont sommairement exécutés par des hordes de partisans du roi.
Les maréchaux Ney et La Bédoyère sont arrêtés et fusillés.
La France est affaiblie, occupée, ruinée et meurtrie.
Et pourtant la période des Cent Jours est inscrite à jamais au coeur de la légende napoléonienne que le Mémorial de Sainte Hélène de Las Cases a su bâtir et que Victor Hugo et Stendhal ont glorifiée.


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