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Critique de PetiteBichette


Pfou ouh, pfffou ouh, pfouu ouh, … pffiiiiioooouuuu
Eh bien les amis, CA Y EST ! J'ai enfin terminé mon MARATHON littéraire avec Grégoire Bouillier !
Bon si vous voulez mon avis, il est complètement frappé ce type-là !
Oui, oui, ne vous fiez pas à son air passe-partout, quelconque …
Le bonhomme travaille de la cafetière, il est complètement fêlé du ciboulot !
Il a voulu vivre par procuration la vie et la mort de Marcelle Pichon, une parfaite inconnue pour lui !
Tout cela à partir d'un fait divers entendu à la radio vingt ans plus tôt, le corps momifié d'une ex-mannequin retrouvé dans un petit studio du 18ème arrondissement de Paris, après qu'elle s'est laissé mourir de faim pendant plus de 45 jours en ayant noté sur un petit cahier d'écolier son agonie …
L'histoire lui fait sur le moment une forte impression, puis le temps passe, elle remonte parfois à la surface de ses pensées, mais sans que Grégoire Bouillier ne puisse plus y associer des noms, juste un souvenir et quelques phrases marquantes, en particulier celle-ci : « la langue dégorge comme un escargot ».
Jusqu'à une soirée de juin 2018, une rencontre fortuite avec une personne qui travaille à l'INA relance la machine. Cette personne lui promet d'effectuer une recherche dans les archives maison, pour voir s'il peut retrouver l'émission en question. Et bingo ! l'émission est exhumée des limbes radiophoniques et envoyée à Grégoire, telle un cadeau du ciel !
Là, la vie de Grégoire Bouillier bascule, lui qui pointait au chômage sous le regard méprisant et courroucé de sa conseillère Pôle Emploi va se redécouvrir une vitalité hors-norme. Il part comme un fou en quête du moindre indice sur la vie de Marcelle Pichon, ses origines berrichonnes, son enfance dans le 15e, rue de Javel, auprès de son père coiffeur, sa courte carrière de mannequin chez Fath, tout, le moindre indice est passé au crible. Et cela vous lui prendre, tenez-vous bien, 3 ANS !
D'ailleurs pour aboutir dans sa quête du Graal (mais au fait, de quel Graal s'agit-il au juste ? J'y reviendrai), le narrateur ne recule devant aucun sacrifice, il crée même une société de détectives privés et endosse pour cela le pardessus couleur mastic de son double Bmore. Il s'octroie les bons services d'une assistante, Penny, pour le plaisir d'échanges verbaux hauts en couleur, qui viennent apporter une touche d'humour indispensable, à une lecture parfois éprouvante …
Frénétiquement, Grégoire Bouillier consulte dans tous les sens l'état civil, les registres de commerce, les archives de l'INA, les magazines de mode, les émissions de télé, les films qui pourraient l'éclairer sur Marcelle. Une quête, une obsession en dehors de toute rationalité.
Alors forcément se pose la question du pourquoi ? Pourquoi un tel acharnement halluciné à tout savoir sur cette femme ? Une fascination pour le morbide ? ou est-ce bien plus profond, quelque chose de viscéral pour l'auteur ?
Grégoire Bouillier n'en fait pas très longtemps mystère, à travers Marcelle Pichon, c'est avant tout une partie de lui-même qu'il traque. La quête qu'il mène sur les origines de Marcelle Pichon, c'est celle qu'il ne mène pas sur les siennes, lui, qui n'est pas le fils de son père. À tout instant, Grégoire Bouillier fait s'entremêler les fils de sa propre histoire et de celle de Marcelle, leurs blessures se répondent.
Cela méritait-il pour autant un pavé de plus de 900 pages ? Car, oui, je ne vous l'ai pas encore dit, M. Bouillier n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un champion de la concision. Les digressions sont multiples, les dérapages pas toujours contrôlés, tout comme les dialogues avec son assistante Penny sont plus ou moins savoureux.
Mais qu'importe, une fois à bord du train, il ne s'avère pas si facile d'en descendre. Grâce à une foule d'anecdotes, d'histoires incroyables, un souci du détail fascinant, une capacité à ronger n'importe quel sujet jusqu'à la moelle, et surtout beaucoup d'humour, de lucidité, d'autodérision, et une capacité formidable de se mettre à la place de l'autre pour imaginer une multitude de scénarios, le lecteur est ferré, embarqué. Plus d'échappatoire possible, nous voilà partis dans une quête fiévreuse nous aussi. Un site internet vient même mettre en mots et en images tous les documents patiemment amassés ! Un travail à la fois de fourmi et titanesque !
Cela étant, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour les petits-enfants de Marcelle (ses enfants étant décédés). Que penser d'un gugusse sorti de nulle part qui vous explique qu'il veut écrire un bouquin sur la vie, le suicide et l'agonie de votre grand-mère ? Enfin, c'est pire que ça, puisque bouquin, il l'a tout de même déjà bien entamé, et y a d'ores et déjà consacré plusieurs années de sa vie (excusez du peu) ! Alors, ça serait sympa ne de pas opposer une fin de non-recevoir à sa demande !
Ne me reste plus qu'à espérer que le monsieur ne viendra pas mettre son nez dans mes affaires de famille, par ce que voir sa vie de famille étalée sur la place publique, je comprends que ça fasse un peu bizarre et pas forcément très plaisir, surtout s'il s'agit en plus d'être jeté en pâture à la vindicte populaire… Bon restons modérés tout de même, le nombre de lecteurs devant malgré tout rester assez limité...
Ce fût un véritable régal d'avoir passé mes vacances en compagnie de Grég, Bmore, Penny. Marcelle un peu moins, mais ça vous comprendrez pourquoi si vous lisez le livre à votre tour ! Ils me manquent tous déjà…
Allez, maintenant hop hop hop, on se lève du canapé ! Pffou pffou, on fait le tour de la table basse en petite foulée. Voilà, il ne vous reste plus qu'à chausser à votre tour vos meilleurs baskets pour entamer votre propre marathon littéraire. Tout va bien se passer, … tant que le coeur ne cède pas !
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