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Critique de Bookycooky


Appelés tours à tours, “petit poème en prose » ou “contes paraboliques”, les quarante-deux très courts récits d'Ivan Bounine, nous laisse entr'apercevoir le temps d'une page, un pan de vie, un incident,un personnage et parfois tout un monde.
En quelques lignes qui s'inscrivent comme une didascalie initiale il suscite notre imagination pour entrevoir une histoire dans son entité. Comme par exemple , la première ligne du récit “Le roman du bossu”, “Un bossu reçut une lettre d'amour sans signature qui lui proposait un rendez-vous, “, un trait, une évocation suffit à rendre la scène vivante et nous basculer dans l'histoire, comme si on y était déjà à mi-chemin.
Pour qui n'intéresse que le fond, ces courts récits n'ont pas grand intérêt. C'est leur forme qui leur apporte tout leur charme. Ils sont pourtant surprenants, de par leurs histoires, leurs détails et leurs chutes, comme par exemple dans “L'idole”. Il neige, il gèle, la vue d'un spécimen d'homme dans un zoo, derrière les barreaux, qui se met dans la bouche des morceaux de viande humide trempés dans du sang noir, reste pour toute une vie dans la mémoire d'un jeune couple, comme la nostalgie des jours heureux. Ou en une page, « La mangeuse d'homme », qui raconte le destin d'une malheureuse servante orpheline, «  En première classe » où l'on assiste au désarroi de trente minutes d'un employé des chemins de fer coincé de force dans un compartiment de première classe qui agonise sous les regards mal à l'aise des occupants.
Ces récits qu'il écrit en 1939, en exil, dix ans après avoir quitté la Russie, sont le reflet de sa nostalgie d'une Russie d'antan qu'il semble vouloir retenir par ces récits “snapshots” ( instantanés), qui défilent comme des photos sépias d'une époque révolue. Pour qui connaît déjà Ivan Bounine (1870-1953) , premier écrivain russe à recevoir le prix Nobel de Littérature en 1933, un recueil très intéressant et que je recommande fortement.

“La campagne un matin d'été, une troïka avance d'un trot régulier.Sur le bord de la grande-route, un pèlerin marche à sa rencontre: sans chapeau, pieds nus, la démarche si légère qu'on le croirait ailé. Il arrive à la hauteur de la voiture, apparaît un bref instant, puis disparaît. Maigre et sec comme un vieillard, ses cheuveux longs décolorés par le soleil flotte dans le vent. Qu'il est léger et jeune ! Quel regard vif et rapide ! Eh combien en a-t-il devant lui de ces routes blanches !
Dieu donne la jeunesse au vagabond.
( le vagabond )


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