AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782877112437
87 pages
Jacqueline Chambon (12/09/2002)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Bounine, en 1930, a quitté la Russie depuis 10 ans. " Ces Petits récits, il convient donc aussi de les lire comme la tentative, à la fois humble et désespérée, confiante et sûre d'un "miraculé" de l'Histoire, de faire entendre, sans idéalisme ni complaisance, le génie d'une terre et d'un peuple que la tragédie moderne ne saurait complètement éradiquer. Sur le chevalet du souvenir, le motif revient en arrière-plan, " L'Elysée d'un passé " éternel que le peintre, d'un... >Voir plus
Que lire après L'IncendieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Appelés tours à tours, “petit poème en prose » ou “contes paraboliques”, les quarante-deux très courts récits d'Ivan Bounine, nous laisse entr'apercevoir le temps d'une page, un pan de vie, un incident,un personnage et parfois tout un monde.
En quelques lignes qui s'inscrivent comme une didascalie initiale il suscite notre imagination pour entrevoir une histoire dans son entité. Comme par exemple , la première ligne du récit “Le roman du bossu”, “Un bossu reçut une lettre d'amour sans signature qui lui proposait un rendez-vous, “, un trait, une évocation suffit à rendre la scène vivante et nous basculer dans l'histoire, comme si on y était déjà à mi-chemin.
Pour qui n'intéresse que le fond, ces courts récits n'ont pas grand intérêt. C'est leur forme qui leur apporte tout leur charme. Ils sont pourtant surprenants, de par leurs histoires, leurs détails et leurs chutes, comme par exemple dans “L'idole”. Il neige, il gèle, la vue d'un spécimen d'homme dans un zoo, derrière les barreaux, qui se met dans la bouche des morceaux de viande humide trempés dans du sang noir, reste pour toute une vie dans la mémoire d'un jeune couple, comme la nostalgie des jours heureux. Ou en une page, « La mangeuse d'homme », qui raconte le destin d'une malheureuse servante orpheline, «  En première classe » où l'on assiste au désarroi de trente minutes d'un employé des chemins de fer coincé de force dans un compartiment de première classe qui agonise sous les regards mal à l'aise des occupants.
Ces récits qu'il écrit en 1939, en exil, dix ans après avoir quitté la Russie, sont le reflet de sa nostalgie d'une Russie d'antan qu'il semble vouloir retenir par ces récits “snapshots” ( instantanés), qui défilent comme des photos sépias d'une époque révolue. Pour qui connaît déjà Ivan Bounine (1870-1953) , premier écrivain russe à recevoir le prix Nobel de Littérature en 1933, un recueil très intéressant et que je recommande fortement.

“La campagne un matin d'été, une troïka avance d'un trot régulier.Sur le bord de la grande-route, un pèlerin marche à sa rencontre: sans chapeau, pieds nus, la démarche si légère qu'on le croirait ailé. Il arrive à la hauteur de la voiture, apparaît un bref instant, puis disparaît. Maigre et sec comme un vieillard, ses cheuveux longs décolorés par le soleil flotte dans le vent. Qu'il est léger et jeune ! Quel regard vif et rapide ! Eh combien en a-t-il devant lui de ces routes blanches !
Dieu donne la jeunesse au vagabond.
( le vagabond )


.
Commenter  J’apprécie          8914
Russie, début du 20ème siècle – avant ce que Bounine appelle le "cataclysme".
L'auteur livre une trentaine de petits récits, la plupart bien trop courts pour être appelés nouvelles ; certains ne font qu'une demi-page.
Certains des récits sont "à chute", certains sont très drôles.
Chacun débute par une mise en situation comme au théâtre : "Un défilé boisé, à la fin du jour" ou "Dans l'isba, après un copieux repas de fête".
Puis en quelques lignes brillantissimes, une scène est décrite, un drame arrive, une vente se négocie, des jeunes filles se baignent, une servante est chassée…
L'ensemble (écrit après que la Révolution ait fait fuir Bounine de Russie) rassemble ses souvenirs, souvent idéalisés, d'un pays pieux où les traditions faisaient nation, un pays où chacun restait à sa place...
Mais comme dans "Elle", quel talent il a pour vous camper un personnage en deux lignes ! Pour décrire une atmosphère en une seule phrase ! Pour incarner la passion, la terreur, le dégoût ! Ou pour évoquer la Nature : "La forêt épaisse qui couvre les pentes en face de l'aoul, de loin, semble une fourrure ondulée, un agneau caracul verdoyant"…
Premier Nobel russe, Bounine semble clairement avoir été choisi pour la qualité de son style, davantage que pour son "puissant idéal".

Traduction fluide par Madeleine Lejeune.

Challenge Nobel
Club de lecture avril 2024 : "Un livre offert ou emprunté"
Commenter  J’apprécie          349

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La mangeuse d’hommes

Une pauvre fille misérable, orpheline, incroyablement jolie, très calme, presque simple d’esprit. Elle a été prise à la maison du barine, on lui fait faire le travail le plus sale et le plus dur – elle s’échine sans un murmure, en silence, elle essaie de donner satisfaction de toutes les façons possibles. Le staroste, c’est-à-dire le plus ancien parmi les employés de la maison, un soldat-grenadier en retraite, lui prit bientôt sa virginité – elle se soumit après une résistance d’enfant, héroïque mais pitoyable. Un mois plus tard elle était enceinte, tout le monde était au courant. La femme du staroste fit une vie d’enfer, la maîtresse se hâta de renvoyer la jeune fille. En versant toutes les larmes de son corps elle fourra tout son petit bien dans un sac et quitta la maison. La femme du staroste, débout à l’entrée de l’office, jubilait sans retenue : elle sifflait en se dandinant, lançait les chiens sur la jeune fille, et en tapant avec un os sur une bassine de cuivre, criait sur tous les tons :
– Saleté ! Mendiante ! Traînée ! Mangeuse d’hommes ! Magicienne !
Commenter  J’apprécie          146
Le chien qui lèche une scie boit son propre sang et la douceur de son sang l'empêche de sentir le mal qu’il se fait....
( Sous la faucille et le marteau )
Commenter  J’apprécie          260
Jean, c’est la lumière de ton chagrin qui t’a éclairé !
Commenter  J’apprécie          40

Video de Ivan Bounine (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ivan Bounine
L'avis de Fédérovski sur Ivan Bouninie
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Ivan BOUNINE

Ivan Bounine (1870-1953) fut le premier russe à obtenir le prix Nobel de littérature en :

1930
1933
1936
1939

10 questions
6 lecteurs ont répondu
Thème : Ivan BounineCréer un quiz sur ce livre

{* *}