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Critique de Myriam3


A sa publication, le Village créa un tollé en Russie. Bounine le nomme "poème" plutôt que roman, peut-être parce que l'intrigue est lâche, à peine existante, que c'est tout un paysage qui se dessine comme un tableau de Brueghel, qu'on fouillerait du regard plutôt qu'on le lirait.

Sur fond de révolution russe (1905), deux frères que leurs ambitions avaient séparés se retrouvent à la quarantaine. L'un Tikhon, s'est enrichi par des moyens pas très honorables et en vient à une période de sa vie où sa conscience lui demande de se racheter. Quant à Kosma, longtemps parti vivre en ville, il se dit anarchiste mais passe son temps à boire et à traîner au village où il est revenu.
L'un par ses fréquentations, sa méchanceté et son égoïsme - à l'image, dit-il, du peuple russe lui-même, qu'il critique vertement - et l'autre par ses observations qu'il consigne dans un carnet jour après jour, désespéré, honteux, permettent à Bounine de dépeindre un monde paysan rustre, violent, buveur, menteur, bestial même sous le joug de la misère et de l'ignorance.
Peu de portraits sortent à leur avantage, et peu d'espoir apparaît.
C'est un poème noir malgré la neige, mais une neige d'une pâleur mortifère, un froid de glace, une steppe morne et boueuse.

Vous vous en douterez, malgré sa taille, la lecture a été éprouvante, mais les descriptions n'ayant rien à envier à celles de Zola, j'y ai aussi pris beaucoup de plaisir. le Village a bien sûr été perçu comme une provocation pour la Russie moderne de la fin du XIXème siècle, qui venait d'abolir le servage et était en pleine industrialisation. Loin de Moscou, loin des yeux.

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