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Critique de Matatoune


Dès les premières lignes, les mots de Nina Bouraoui bouleversent de sincérité et de tendresse. Son père est placé en soins palliatifs, cette “antichambre de la morgue, elle-même antichambre du cimetière “.

Et, pendant une dizaine de jours, lui et sa famille vont ensemble partager des moments d'une extrême intensité. L'écrivaine les évoque en même temps que les souvenirs ressurgissent !

Jeanne-Garnier a un étage particulier, le Sacré-Coeur. Non, rien à voir avec un quartier chargé d'histoire ! Juste un étage d'une maison médicale et surtout une chambre, celle du numéro 119, qui est devenue le lieu de l'agonie d'un homme, une chambre de souffrance et de douleur pour sa famille.

Les écrits de Nina Bouraoui s'attachent généralement aux thèmes du déracinement, de l'enfance et de l'homosexualité. Ayant hérité d'une double culture, algérienne par son père, bretonne par sa mère, l'écrivaine s'attache souvent par l'autofiction à analyser ses rapports au monde.

La perte d'un père
Au début, j'ai eu peur que les mots de Nina Bouraoui soient trop difficiles, ravivant des images qui font encore mal certains jours, ou, qu'ils ne soient présages de séparations redoutées. Et, puis, quelques bribes entendues sur une radio m'ont convaincue de ne pas faire l'impasse devant un tel texte. Alors je me suis plongée dans cet océan de signes !

Cet écrit où une écrivaine prend les seules armes qu'elle maîtrise pour apprivoiser la mort de son père m'a saisie. Je l'ai lu presque d'une traite, m'enfermant dans une coquille pour en goûter toutes les nuances. Difficile d'en décrire la portée générale, puisque chacun le recevra avec son intime singularité.

Pourtant, par l'amour des mots, Grand seigneur entraîne vers ce lien invisible et pudique entre une fille et son père en décrivant leurs histoires, leurs expériences et leurs vécus. Car, Nina Bouraoui réussit à nous hisser, hors de nos histoires.

Remerciant la virilité que cet homme lui a donnée, cette agonie lui permet de faire un travail de mémoire qu'elle partage. Car l'homme de plus en plus décharné, devenu mutique au fil des jours, ne ressemble pas à l'homme qu'il fut. Et ce sas, représenté par cette chambre, lui permet de rechercher d'autres images, d'autres souvenirs, d'autres présences qui lui ressemblent vraiment.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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