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Critique de Sharon


Le Testament d'Ariane est le premier tome d'une saga familiale (le tome 2 est en cours d'écriture). N'allez cependant pas vous méprendre. Ce premier tome ne se contente pas de poser les bases de l'action, de présenter les personnages et de contenir suffisamment de rebondissement pour que le lecteur ait envie de lire le suivant. Il est un roman extrêmement efficace. J'ai passé un excellent moment de lecture en sa compagnie, au point de lire la moitié du roman d'une traite.
L'un des premiers atouts de ce livre est qu'il ne s'ouvre pas par la lecture du testament (trop classique) mais par son écriture. J'ai ainsi fait la connaissance d'Ariane, de son énergie, en dépit de son âge, et de sa lucidité. Ce portrait en actions dissipe tous les commentaires acerbes que les membres de sa famille s'empresseront de débiter.
En effet, qui dit saga familiale, dit patrimoine familiale. Les aïeuls d'Ariane ont bâti la maison que son père, forestier en faillite, a été contraint de vendre. Ariane a voué sa vie à son rachat, comme si elle réparait la faute originel de son père qui n'a pas su la conserver, et ne veut plus que cette propriété quitte la famille Nogaro. Bien qu'elle soit dénigrée par sa famille, elle partage avec Gauthier, son frère, et Paul, le mari de sa nièce préférée, un point commun : un attachement profond à leurs maisons, celles qu'ils ont construites ou celles qu'ils ont choisies, prolongement ou opposition à ce qu'ils ont vécu dans l'enfance.
Un seul membre de sa famille trouve grâce à ses yeux : sa nièce Anne. Comme Ariane le remarque elle-même, son prénom est contenu dans celui de sa tante (tout comme le prénom du mari d'Anne, Paul, est contenu dans celui du dernier mari et véritable amour d'Ariane, Paul-Henri). Pourtant, quand le personnage a été présenté, je l'ai trouvé très conformiste. Anne est mariée, elle vit un bonheur sans nuages, elle exerce à son domicile le métier fort passionnant de comptable, elle est mère d'un adolescent, Léo qui est en pension selon les voeux de son père, vétérinaire sans histoire. Nous sommes loin de l'excentrique Ariane.
Pourtant, la lecture du testament bouscule cette vie si bien réglée. Pour la première fois, Anne possède quelque chose qui est entièrement à elle, et s'aperçoit (à sa grande douleur) qu'elle excite jalousie, envie, rancoeur, de la part de sa propre mère (son père se montre plus serein), et de sa fratrie. Ce "tas de pierres" dont elle a hérité la prive même du soutien de son mari et sert de révélateur à des conflits ignorés. le problème de la transmission est bien plus vaste que que l'héritage de la maison. Gauthier Nogaro, le petit frère d'Ariane, s'interroge sur ce qu'il a réussi (ou non) à transmettre à ses quatre enfants. le récit ne se focalise pas uniquement sur Anne et ses questionnements, bien légitimes, mais aussi sur chacun des membres de la fratrie. Nous découvrons ainsi le décalage (ou la coïncidence) entre leurs discours et leurs intentions. Il est ainsi touchant de voir que les seuls véritables soutiens d'Anne sont Julien, l'associé de son mari, et Goliath, le chien de sa tante (il fait aussi partie de l'héritage, ne l'oubions pas, il est le gardien des lieux).
Ariane reste présente même après sa mort. Jamais les membres de sa famille n'ont autant pensé à elle que depuis sa disparition. de plus, la lecture de son journal par Anne rythme le récit. Ariane s'y montre sans fard, et décrit ses proches avec lucidité. Anne est amenée ainsi à voir ses parents, ses frères et soeur à travers le regard d'Ariane - et cette prise de conscience ne va pas sans douleur.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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