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Critique de Gwen21


Des années que ce roman trône dans ma PAL, et dans mon inconscient je me le réservais un peu comme une gourmandise, me promettant une lecture à la fois intime et lumineuse comme peuvent en offrir les romans anglais de l'entre-deux-guerres.

Hélas, mon enthousiasme a rapidement été douché par le style abscons et souvent impénétrable d'une auteur plus maniérée que poétique. Les dialogues - très souvent décalés pour un lecteur d'aujourd'hui - usent de tournures de phrases totalement surannées qui au lieu d'apporter du charme plombent désagréablement la cohérence du récit, évoquant le plus souvent des dialogues de sourds. J'en ai relu certains plusieurs fois sans y rien comprendre.

Années 30, Londres.
Cécilia, jeune veuve, et Emmeline, jeune célibataire à la tête d'une agence de voyages, sont belles-soeurs et vivent en colocation dans une charmante maison, ordonnancée dans l'ombre par de discrètes femmes de chambres. Leurs existences sont très festives mais même si les deux jeunes femmes sont très attachées l'une à l'autre, elles ne fréquentent pas à toute force les mêmes cercles, même si, entendons-nous bien, on évolue toujours dans la gentry londonienne, classe triomphante de la période.

Côté action, il ne se passe pas grand'chose, c'est le moins qu'on puisse dire. Les parcours croisés de Cécilia et d'Emmeline, s'ils offrent deux portraits de femme prometteurs, manquent de profondeur et s'évaporent un peu plus à chaque page, au gré des états d'âmes et des vapeurs de ces dames. De même, si l'amour constitue bien la vraie trame du roman, il se dilue lui aussi dans des situations pleines de sous-entendus, écrites comme "à demi-mot" ; le lecteur en est donc réduit à une concentration laborieuse pour décrypter chaque phrase, chaque parole.

Je pense que si l'éditeur a choisi "Emmeline" comme titre (versus "To the North", en VO), c'est qu'il s'est particulièrement attaché à cette héroïne, invitant le lecteur à faire de même, au détriment de Cécilia. Emmeline est une femme au caractère indépendant qui voudrait bien croire en l'amour mais qui tombe hélas sur le mauvais cheval. Il y a bien sûr une audace à avoir mis en scène à cette époque une jeune célibataire résolument déterminée à ne pas se laisser marier par convenance et à mener sa carrière de business woman. Très moderne, férue d'aviation et de voyages, Emmeline propose en effet une image peu convenue de la femme en mutation mais son manque de consistance, accentué par l'imperméabilité du style d'Elizabeth Bowen, aura eu raison de mon intérêt.
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