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Critique de oiseaulire


Ces nouvelles transfigurent le quotidien par la grâce de leur style et du talent d'observation de l'auteur. Il en résulte un vrai travail de sculpture des mots qui parviennent à créer des images évoquant, mieux qu'une description, paysages, maisons partageant les sentiments de leurs occupants et plus expressives qu'eux, " (...) elle hésitait, indécise, le long d'un chemin de traverse", personnages eux-mêmes.
Derrière les bavardages apparemment futiles de dames oisives ou follement alarmants d'un jeune garçon un peu sot dans "j'ai quelque chose à vous dire..." se profile un univers trouble et sans amour. Jamais le voile n'est entièrement levé sur ces personnages ambigus, ce qui laisse un sentiment de malaise persistant : on sent la catastrophe toute proche, mais jamais elle ne s'abat, et c'est encore plus usant. Et c'est là la grande puissance de rétention de la société anglaise du début du 20 ème siècle et sa cruauté implacable. Pourquoi cette paroissienne tient-elle absolument, et malgré la résistance du pasteur, à offrir un vitrail à l'Eglise ? qu'exigera-t-elle en échange ? La confidente choisie par un couple d'amoureux est-elle vraiment une amie sûre ? Quel secret cache cette commerçante si lisse en apparence ? La petite comtesse est-elle une enfant trop sévèrement surveillée ou une jeune fille perverse se jouant de la faiblesse des hommes ? Y a -t - il vraiment eu meurtre ?
Au lecteur de choisir selon son histoire et sa sensibilité : comme dans la vraie vie, il aura de toute façon à moitié tort et à moitié raison. Ce que suggère avec insistance la post-victorienne Elisabeth Bowen c'est que les choses innommées n'existent pas, et qu'il appartient aux membres de la bonne société de savoir discerner sans risque d'erreur les choses qui ne doivent pas être nommées.
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