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Critique de Cannetille


A l'été 1968, loin des explosions qui secouent le monde, une équipe de cinéma tourne dans la station balnéaire de Brighton. Entre complications et manigances en tout genre, le producteur sexagénaire Talbot Kydd ressent d'autant plus de lassitude, qu'à ses soucis professionnels s'ajoute le secret de plus en plus pesant de son homosexualité. La jeune actrice principale Anny Viklund, aux prises avec une vie sentimentale agitée, se retrouve compromise par son ex-mari, terroriste en cavale. Quant à la femme du metteur en scène, Elfrida Wing, c'est dans l'alcool qu'elle noie ses blessures d'épouse délaissée et ses affres de la page blanche, elle que l'inspiration a désertée depuis ses premiers succès littéraires.


Lui-même scénariste et réalisateur, c'est en connaissance de cause que l'auteur évoque le milieu du cinéma et de la création littéraire, ses paillettes et ses turpitudes, dans une restitution savoureuse, ironique et désabusée. Dans ce royaume du faux-semblant où les egos s'épandent sans limites et où fleurissent intrigues et coups bas, les trois personnages principaux ont en commun la traversée d'une profonde crise existentielle. Douloureusement, chacun prend peu à peu conscience du schisme qui a grandi entre leur « moi public » et leur « moi privé », les amenant au sacrifice de leurs valeurs et de leurs aspirations les plus profondes. Sauront-ils retrouver la maîtrise de leur existence, ou dériveront-ils inexorablement vers quelque conclusion tragique ? La fiction dévorera-t-elle la réalité, ou Talbot, Anny et Elfrida réussiront-ils à se préserver ?


Si l'histoire, adroitement rédigée et pavée de détails aux terribles accents de vérité, témoigne d'un oeil aiguisé et d'une plume de qualité, sa lecture m'a toutefois semblé manquer d'un soupçon de souffle et de rythme. Partagé entre les histoires concomitantes de son trio de personnages, le récit s'achemine vers son dénouement sans réelle montée en puissance, faisant piaffer le lecteur par son pas globalement si égal et tranquille qu'il finit par retenir ses effets, tant comiques que dramatiques.


Malgré son relatif manque de pep, ce roman satirique demeure une lecture agréable, dont on retiendra l'intelligente et piquante peinture de ce dangereux miroir aux alouettes que représente la célébrité. A se confondre avec leur personnage public, tant s'y seront perdus, corps et âmes…


Un grand merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cette masse critique privilégiée.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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