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Critique de ODP31


Voir la lumière… et entrer dans ce roman, entre mauvais trip et Nirvana.
Après avoir narré les prescriptions du docteur J.H Kellogg, ami du petit déjeuner dans « Aux bons soins du Docteur Kellog », suivi le professeur Kinsey, auteur très investi d'un Rapport sur la sexualité des hommes dans « le cercle des initiés » et révélé les mauvais plans sur la comète du très réputé architecte Frank Lloyd Wright dans « Les Femmes », l'auteur s'attaque ici au chercheur psychédélique, Timothy Leary.
T.C Boyle est passionné par ces hommes à la marge qui ont marqué l'évolution des moeurs aux Etats Unis. Comme à son habitude, il ne les attaque pas de front, du biberon à la canonisation. T.C Boyle n'est pas le Max Gallo de la contre-culture. Il invente des personnages qui deviennent les adeptes crédules et dévoués de ces gourous charismatiques qui oscillent entre génie et charlatanisme. L'auteur suit le même schéma narratif dans « Voir la lumière » et cette distanciation avec ses héros controversés lui permet de ne pas tomber sous leur charme ou de signer des réquisitoires moralisateurs sans appel.
Connaissez-vous le diethyllysergamide ? Non, ce n'est pas le nom du nouveau médicament miracle qui va émasculer le coronavirus. Il s'agit de la molécule du LSD, découverte en 1943 et popularisée par l'universitaire Timothy Leary dans les années 60, persuadé que ce dérivé synthétique de l'ergot de seigle permettait d'atteindre une de plénitude de vie et dopait sa génération éprise de liberté et de vérité. En gros, une potion magique pour échapper sans trop se fatiguer à la robotisation des hommes, à la société consumériste et au conformisme. le cauchemar américain. Les époques ne sont que des vieilles rengaines.
De la faculté de Harvard où Leary constitue son premier cercle d'étudiants chercheurs, en passant par des résidences d'été au Mexique et par une grande bâtisse au nord de l'Etat de New York, le récit suit un couple, Fritz et Joanie, adeptes zélés de la première heure et prêts à tout pour échapper à la monotonie de l'existence.
Sans s'en rendre compte, les cobayes volontaires de cette aventure scientifique et utopique dérivent des rivages de la liberté vers les barreaux de la dépendance. le trip psychédélique, sympa comme la couverture du roman, qui donne envie de danser le Jerk, sur de la musique…, entre liberté sexuelle et vérités transcendantales, se transforme en paradis perdu artificiel.
T.C Boyle excelle dans la description des états de transe des personnages, des hallucinations individuelles et des délires collectifs, des euphories et des bad trips. Comme dans ses précédents romans, il décrit aussi très bien le pouvoir d'influence de certaines personnes, l'art de la manipulation et le mécanisme de la crédulité. Les gens ne voient que ce qu'ils ont envie de croire.

Un roman passionnant mais trop long. Comme lors d'un vol en avion, c'est bien de planer mais à la fin, il nous tarde d'atterrir. Crack de la littérature US, Tom Coraghessan Boyle signe ses romans avec ses initiales. Il pourrait donc aussi réduire un peu le nombre de ses pages, car son récit souffre comme souvent chez les auteurs américains, d'obésité. Camé de mots, j'ai frôlé l'overdose après 500 pages, heureux de retrouver la lumière après avoir essayé de la voir dans cette biographie réussie d'une drogue.
Pour faire le joint, fumeux mais fameux.
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