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Critique de Pchabannes


Robert Brasillach (1909 – 1945), génie de la langue française, au-delà des peintures extraordinaires des vies ordinaires et profondément humaines, combine, à pile ou face, du destin, des signes, une oeuvre faisant unité avec ses deux premiers romans ; nous avançons avec cette sagesse animale qui nous aide à faire des choix. La banalité, l'ordinaire, le vulgaire transcendé par une prose poétique, par un regard pénétrant les lieux et les gens et grâce à l'expression métaphysique du destin choisi ou subi.

Une histoire, un conte à Paris à cheval sur son méridien 0, destin, choix, mystères…“comme dans les anciennes cartes, le canard voguant paraissait quelque symbole obscur, désignant le méridien de Paris, et autour de lui se rangeait les Cités, et le parc, et la zone avec ses wagons, et le restaurant de bois, et les arbres en fleurs, et les heures nocturnes sur la pelouse centrale.”

Autour du parc de Montsouris, vont s'enchevêtrer les vies d'Isabelle, l'étudiante et ses deux compagnons Laurent et Daniel, du chevreau, un petit gars de la zone (zone non aedificandi), de deux garnements victimes et bénéficiaires de la philanthropie d'un brave commissaire de police, d'un bourgeoise philanthrope et d'une épicière, Mme Lepetitcorps, mal embouchée et ne sachant comment aimer. Au milieu d'eux, le marchand d'oiseaux allant avec ses deux cages sur l'épaule, le lien sacré et inconnu, le porteur des signes changeant les destins. “Inconscient de ce qu'il entraînait derrière lui, du long sillage voluptueux qu'il laissait, scintillant de mille éclats de soleil, ainsi avait traversé le Sud de la ville ce sorcier ingénu, sur le droit parcours du méridien de Paris, comme une image semi-paysanne, comme un Saint Nicolas embrumé de neige sous sa hotte, marchant vers le saloir de trois petits qui s'en allaient glaner aux champs, -et peut-être, comme une représentation du destin.”

Ce destin bouleversé par les choix faits à notre insu par des personnes bien intentionnées. Dans ce monde imparfait et complexe comment savoir si un choix se révèlera bon ? Et à quel terme ? Une vie ou plusieurs vies d'hommes ? Quid alors de la philanthropie ?

 [Isabelle]D'abord j'ai en horreur les institutions philanthropiques, et la philanthropie en général. Vous n'êtes pas de mon avis ?

 J'ai toujours pensé, répondait Daniel, que la philanthropie est des formes les moins voluptueuses, mais les plus virulentes du sadisme. Seulement….

Exprimer un sentiment n'est ce pas déjà agir sur la vie des autres à leur insu ? Roman métaphysique où tous partagent cette difficulté à exprimer leurs sentiments.


Le Marchand d'oiseaux, commencé en Janvier 33 sous le titre Méridien de Paris, pendant son année de service militaire, puis repris en Juin 35, a été édité par Plon en Mai 36. Il est intéressant de noter les différents titres donnés au manuscrit au cours de son écriture : Malchances, Pile ou face, La difficulté des sentiments et enfin le marchand d'oiseau, plus poétique et dickensien. Troublante danse de titres qui chacun souligne un aspect du livre ; le Marchand d'Oiseaux les englobe tous soulignant la dimension poétique de l'oeuvre.


Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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