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Critique de Renatan


Vous connaissez Agrippine?

On me l'a fait découvrir il y a quelques jours et je me suis régalée! Est-ce que j'ai tout compris dès les premières pages? Non! Je me suis débattue « solide » avec mon Petit Robert et Wikipédia pour arriver à tout décoder dans ses subtilités. Après, on dira que les québécois ont de ces expressions! (sourire) Tout ça pour finalement réaliser que l'Agrippine de Claire Bretécher nage en pleine euphorie de mots directement sortis d'un code langagier propre à son auteure, n'allez donc en chercher les significations nulle part, croyez-moi. Un délire de mots et d'expressions d'ados absolument délicieux, « cool » ou « trop chill » comme diraient les miens. Ah pour ça, elle n'y va pas de main morte. Entre l'inégalable « faiche », la « pouffe », « rouler des gades » et la « prendre remous », le ton est donné! Au fil des pages le jargon se répète et la lecture coule de source, on devient accro puis on se surprend à mourir de rire à chaque planche. Son univers ne m'était donc pas familier, vous l'aurez compris, et c'est ce qui en fait tout son charme. Bref c'est dépaysant, et ça j'adore!

Lire Agrippine c'est plonger tête première dans un monde unique fait de personnages colorés - représentation typique de l'ado en pleine rébellion qui pose un regard désabusé sur le monde des adultes. Elle prend un malin plaisir à faire passer sa mère pour une retardée vieux jeu née à l'époque des dactylos (mdr). La honte! Conflit de génération ou mauvaise foi? On s'en doute... Les planches avec la mère sont d'ailleurs mes favorites. C'est aussi l'anticonformiste qui s'allie à des causes, défendables ou non, par pure provocation. Sa devise : gagner le max en faisant le minimum, surtout refuser d'envisager l'avenir. Agrippine est habitée de soucis existentiels et de pensées contradictoires. Elle s'empiffre de coke et de gummy bear, clin d'oeil à la malbouffe. Quelques mots pour la décrire : flegmatique, nonchalante, arrogante, râleuse, colérique, excessive, manipulatrice, opportuniste, molle, désabusée… comment ne pas s'attacher? ^^

Ces BD sont pleines d'ironie et de sarcasme. le ton est parfois décalé. L'auteure de la série « Les frustrés » explore, au-delà du monde adolescent, une société capitaliste où triomphe le mercantilisme. Pied de nez ou provocation, elle illustre en page couverture du premier tome un magasine explicite : « Heidegger au Congo » , quand on sait la vision ethnocentriste de Heidegger et ses vues méprisantes de l'Afrique on ne peut s'empêcher de se dire que Claire Bretécher est une femme engagée. Féministe, je ne m'engagerais pas à le supposer, même si j'en reste à peu près convaincue quand je vois le physique de son héroïne. Quant à être « indépendante », certainement! ;-)

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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