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Critique de PatrickCasimir


Les contes racontés par les conteuses et les conteurs aux heures tardives des veillées rustiques ont captivé longtemps les jeunes auditoires et les adultes. Existent-elles encore, ces veillées ? le dit des contes a-t-il résisté à la modernité ?
Je crois que dans les petites classes, il y a encore des spectacles de contes... Mais encore ?

Les contes ont aussi, de tout temps, inspiré les littérateurs, dont certains sont célèbres (Andersen, Grimm (s), Perrault...) et qui les ont cueillis au sein du peuple, comme s'ils ramassaient, au hasard de leur promenade campagnarde, des fleurs des champs pour en faire de beaux bouquets littéraires.

Les contes enfin, univers sans commencement ni fin (d'où nous viennent-ils ? On les trouve partout, semblables et différents à la fois) ont fasciné et fascinent encore le monde savant qui :
-En a fait l'inventaire : exemple souvent cité dans le livre de Bernadette Bricout, Henri Pourrat et plus près de nous Pierre Dubois
-En a donné des clés de compréhension psychanalytique : Bruno Bettelheim
-S'est interrogé sur la dimension juridique des contes, voire a emprunté au genre littéraire éponyme pour conter des phénomènes et des histoires juridiques,
-Enfin, et je ne crois pas avoir fait le tour des inspirations,
a analysé, commenté, donné au lecteur des clés de compréhension des contes, ainsi que l'a fait de façon magistrale et érudite, Bernadette Bricout dans son livre La Clé des Contes.
A partir d'exemples connus, elle nous informe sur l'aire de propagation (ou d'émergence) de ces contes dont on trouve des variantes selon les régions et les pays, et ce, depuis une époque fort reculée, parfois au-delà du Moyen-Âge. Elle formule également, sans dogmatisme, des hypothèses d'interprétation, de compréhension métaphorique, symbolique qui renvoient, notamment, au sort des jeunes filles et des femmes dans les sociétés patriarcales, aux relations de pouvoir et de séduction femme-homme, à la symbolique de la séduction dangereuse que représente ce loup dévoreur de petite fille, à l'amour, à l'érotisme de façon plus prosaïque, et bien sûr, à l'innocence perdue, etc. Elle consacre un dernier chapitre au "langage obscur" du conte, rappelant la puissance de la parole de ces conteurs souvent aveugles, errants, mendiants entourés d'un halo magique forçant le respect car de leurs ténèbres intérieures ils faisaient une demeure des contes. Elle dit encore que le conte ne se laisse pas emprisonner par des analyses, le conte est le pays de la liberté, de la facétie peut-être, mais surtout de l'effronterie, de l'insolence du peuple. Et bien sûr, elle conclut sur cette perte de signification de sens des contes et des gestes anciens qui les accompagnaient, pour les lecteurs d'aujourd'hui.

La deuxième partie de son essai présente aux lecteurs les contes dont elle a fait l'analyse avec, et c'est encore l'intérêt du livre, des variantes aux tonalités rustiques n'ayant rien à voir avec la « beauté » littéraire des auteurs connus qui les ont rapportés. Ils sont présentés dans leur version populaire. C'est le cas, par exemple du petit Chaperon rouge ou du petit Poucet.
J'ai, pour ma part, apprécié le conte de Persinette dont la version mise en animation par les studios Walt Disney est Raiponce. Et où je découvre que Raiponce, avant d'être (comme Persinette) cette jeune fille à l'interminable chevelure qu'une fée plus ou moins bienveillante a enfermée dans une tour, est une plante culinaire aux belles fleurs parfaitement comestibles.
J'ai pu vérifier auprès d'une vendeuse d'un magasin de plantes que je n'étais pas le seul à avoir identifié Raiponce à la princesse à la très longue chevelure. Ce que n'autorise pas Persinette qui renvoie au persil et à ses symboliques (Argent, prostitution, mort, vertus médicinales, etc.)

Un très beau voyage dans l'univers des contes pour quelqu'un comme moi qui les adore. Pat.
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