Le silence envahit la pièce et je me souvins soudain que c'était moi qui étais censée mener cette réunion. Cela me rappela bizarrement la fois où j'avais dû m'occuper de la troupe de jeannettes de ma sœur lorsque ma mère était malade. Quatorze préadolescentes, une tablée de loups-garous...c'était atrocement familier.
Le truc, pour se déplacer sans être dérangé dans un hôpital, c'est de marcher rapidement en saluant d'un mouvement de tête les gens qu'on connaît et en faisant mine de ne pas voir ceux qu'on ne connaît pas. Le salut rassure les témoins quant au fait qu'on est connu, l'allure vive leur dit que vous avez une mission et pas le temps de discuter.
- Pourquoi considère-t-on que les voitures sont des femmes ? demanda-t-il.
- Parce qu'elles sont capricieuses et exigeantes, répondît Zee.
- Parce que, si c'étaient des hommes, elles passeraient leurs journées à se plaindre au lieu d'agir, répliquai-je.
Elle le dévisagea un moment. Mais c’était une petite fille et Adam… eh bien, c’était Adam, quoi. Elle mit ses mains devant sa bouche et se mit à glousser. C’était adorable. Mignon à en crever. Il était foutu, et tout le monde le savait.
J’hésitai un instant. Je ne parvenais pas à me l’imaginer. Pas de Bowling : j’étais certaine qu’Adam aimait bien ça. Lancer une grosse boule sur une forêt de quilles innocentes et contempler le chaos en résultant, c’était typiquement le genre de truc qu’adoraient les loups-garous.
- On ne va peut-être pas pouvoir te sauver, mon grand, murmura Adam en se laissant aller en arrière, les yeux clos. Mais je peux gagner assez de temps et te botter assez le cul pour que tu cesses de penser au "lendemain, et au jour qui suit le lendemain" et que tu réfléchisses à quel point tu as mal au cul, justement.
- Parfois, remarqua Warren, c'est vraiment facile de deviner que tu as fait l'armée, chef.