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Critique de Ancolie


Martin Mynhardt, coincé dans une chambre d'hôtel à Londres, raconte un «fameux week-end» qui a bouleversé sa vie. Afrikaner sûr de lui avec une belle situation, une épouse ravissante et de beaux enfants, Martin ne s'est jamais remis en question jusqu'aux événements récents qui ont balayé sa vie. Avec réticence et de nombreux chemins détournés, il essaie de comprendre comment on en est arrivé là. « Là » c'est l'implication de la réalité de l'apartheid chez ses proches qui ont, à l'inverse de Martin, décidé de s'engager pour une Afrique du sud plus juste et qui en payeront le prix. A commencer par Bernard, son ami d'enfance, son modèle qui va être traduit en justice pour actes contre le régime, ensuite sa maîtresse, Béa, est également arrêtée et finalement, il sent les germes de la révolte grandir chez son fils. Un fils qui désertera sa famille et ne reviendra plus.
Martin Mynhardt ne comprend pas la lutte anti-apartheid, il préfère ne pas prendre position et estime que le temps seul suffira à améliorer les conditions des noirs. Il est dérouté et un rien moqueur quand Bernard lui parle de la nécessité de se battre. Martin est en quelque sorte «l'homme de tous les jours », caché derrière la réalité historique, qui se suffit à lui-même et qui ne sent pas concerné par le monde qui l'entoure, si ce n'est pour sa situation personnelle et professionnelle. Mais son refus de s'engager est un choix en lui-même et entraîne des conséquences : il est ébranlé dans ses certitudes, il se retrouve seul mais jusqu'au bout, il restera lui-même : « J'ai essayé avec tant d'ardeur, j'ai agi avec la meilleure des intentions ; j'ai voulu rester loyal à ma présence, ici, à mon besoin de survivre. N'est-ce-pas suffisant ? »

L'auteur a le don de façonner des personnages très humains. Ici, il nous présente l'apartheid vu du côté d'un Afrikaner qui certes comprend que ce système n'est pas le meilleur mais qui y croit encore. Et celui-ci est contrebalancé par un autre personnage, un homme qui s'engage et qui se bat pour un monde meilleur. L'amitié entre les deux permet un débat et ouvre la réflexion : qui a tort, qui a raison, quel est le meilleur chemin à prendre ? Et surtout, ce roman nous pose aussi la question de savoir quelles sont les limites à l'amitié : jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour nos amis ? Martin, malgré lui, sera confronté à ce dilemme et au final, il ne lui restera que la pluie pour laver ses choix…

Très beau roman, du très bon André Brink !
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