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Critique de Maudino


La dictature écologique est la nouvelle dystopie à la mode. L'opposition entre la préservation de la planète et les libertés individuelles est le nouveau sujet de débat médiatique, souvent abordé par l'angle d'attaque le plus nul possible : les plats végétariens à la cantine ou les vélos dans Paris.

Thomas Bronnec ne fait vraiment pas mieux que nos chers journalistes de C8 et de BFM lorsqu'il s'agit d'écrire un roman politique, proposant la naissance d'un régime autoritaire sur fond de lutte contre le réchauffement climatique. La réflexion philosophique aurait pu être intéressante, passionnante même, si l'auteur maîtrisait seulement le sujet – et la langue française par la même occasion.

Tout d'abord, revenons aux bases de la construction d'un roman, que Thomas Bronnec semble avoir tout simplement oublié.
Le cadre spatio-temporel : QUAND cela se passe-t-il ? Immense question, à laquelle nous n'aurons aucune réponse précise si ce n'est celle contenue dans les Notes de l'Auteur à la fin de livre : « le roman se déroule dans un futur plus ou moins proche, à une date que j'ai volontairement laissée floue".
Si j'en crois les références aux attentats de Charlie Hebdo, aux « boomers », à Instagram et à Pierre Rahbi , on se situe dans un futur extrêmement proche. J'ai alors des centaines de questions qui me viennent auxquelles je n'ai aucune réponse :

- Que font les associations environnementales ? Il me semble que Greenpeace, les Amis de la Terre et l'ensemble des militants écologistes auraient leur part à jouer d'une manière ou d'une autre. Ils sont aujourd'hui les représentants les plus actifs de cette cause. Ils seraient soit soutien de Pierre Savidan, soit des opposants. Leurs actions ne sont pas mentionnées. Enorme manque nuisant à la crédibilité du roman.
- Où sont les scientifiques ? Donnent-ils des conseils au Président pour lutter contre le réchauffement climatique ? Quel diagnostic pose le GIEC sur les mesures préconisées ? Là encore, ils doivent être mentionnés, d'une manière ou d'une autre.
- Et surtout…Que font les autres pays du monde, particulièrement l'Union Européenne ? Ils sont mentionnés brièvement sans que leurs actions n'impactent fortement les décisions prises. Lorsque l'on sait les accords commerciaux et les traités juridiques qui nous lient à l'UE et aux autres pays, oublier la mondialisation dans ce roman me semble si ce n'est flemmard, stupide. D'autant plus que, pour la préservation de la planète, c'est plutôt une chouette idée que de s'allier à d'autres Etats.
- Où sont les hommes politiques et les médias que nous connaissons ? Je veux bien être dans un roman et avoir affaire à des personnages fictifs. Mais lorsque l'on parle politique française actuelle, on ne peut me citer que des noms inexistants.

Si l'on se trouve dans un futur plus lointain, alors l'incohérence n'est plus à démontrer. Les anachronismes seraient multiples. Par ailleurs, les conditions environnementales seraient beaucoup plus graves : coupure d'eau, sécheresse et effets sur l'agriculture, réfugiés climatiques, déplacements de population, guerres engendrées par ces phénomènes, disparition massive de certaines espèces, montée des eaux… Bref toutes les joyeuses catastrophes que les scientifiques nous promettent. Dans ce cas-là, le récit aurait dû être tout autre, les changements de comportement étant induits par une réalité environnementale davantage que politique.

Bref, Thomas Bronnec ne mentionne que ce qui l'arrange et fait ainsi des oublis nuisant fondamentalement à la cohérence de son récit.

Cet amateurisme de l'écrivain se retrouve au sein du programme de Pierre Savidan. Je serai plus tolérante car ce personnage est davantage présenté comme un marginal un peu illuminé. Mais tout de même, attardons-nous là-dessus 5 min. Je ne comprends pas du tout sa politique. Il propose une loi sur le covoiturage mais le développement des transports en commun ou du télétravail n'est pas mentionné. Il semble développer l'électrique sans que l'on entende parler des éoliennes, de l'hydrogène ou des énergies solaires. Il n'est pas mentionné les actions suivantes, pourtant fer de lance de l'écologie : isolation et rénovation des logements et réduction des consommations d'énergie, suppression totale du plastique, développement d'une agriculture plus durable… Bref, des éléments essentiels qui sont tout simplement relégués à la poubelle , recyclable ou non, on ne sait pas. le personnage, par ailleurs, est d'une contradiction flagrante : il mange du chocolat et fuit en hélicoptère !

Enfin, je terminerais ma critique assez véhémente, en abordant le sujet de l'écriture. Je n'ai que très rarement lu un livre si mal écrit. La grammaire est autant malmenée que la finesse de réflexion. Les personnages sont toujours cités par leur prénom et nom de famille, ce qui est d'une lourdeur peu commune. Et je ne m'attarde pas sur les rapports homme/femme, qui conviendraient davantage à un passé lointain qu'à un futur proche.

Pour résumé, l'intention est bonne mais le résultat est d'une médiocrité triste . Il s'agit là d'un sujet beaucoup trop sérieux pour qu'il soit abordé d'une manière aussi peu rigoureuse.
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