Poèmes : 1836-1846

Même si son univers peut sembler sombre, j'aime me replonger dans les poèmes d'Emily Brontë, qui n'est pas seulement l'auteur des" Hauts de Hurlevent". Il faut dire que ses textes poétiques, elle les tenait cachés ( c'est Charlotte qui les a publiés, après sa mort), et elle n'a commencé à en écrire qu'assez tardivement, au regard de son décès prématuré.

La traduction ne doit pas être aisée car les vers originaux sont eux-mêmes énigmatiques, peu faciles à interpréter. Et certains ont été remaniés par Charlotte. Mais au-delà de ces obstacles linguistiques, il y a dans ces poèmes un romantisme noir frémissant, un élan envers les landes, la nature de l'enfance qui me touche. Une pureté recherchée, aussi. Un idéal, c'est sûr, malgré la mort omniprésente. A cet égard, voici pour conclure un magnifique poème qui reflète à lui seul tous les thèmes de prédilection d'Emily la passionnée, l'imaginative:

" Mon plus grand bonheur, c'est qu'au loin
Mon âme fuie sa demeure d'argile,
Par une nuit qu'il vente, que la lune est claire,
Que l'oeil peut parcourir des mondes de lumière-

Que je ne suis plus, qu'il n'est rien-
Terre ni mer ni ciel sans nuages-
Hormis un esprit en voyage
Dans l'immensité infinie."

Intense ...