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Critique de djathi



Le titre est promesse de biens de félicités dans ce qu'il présage du regard affuté de Pascal Bruckner sous sa casquette de philosophe . Euphorie ponctuelle attendue donc et quelques perspectives jubilatoires, vu le programme . Niet .
Et pourtant il est bavard l'homme , pour les amateurs de formules bienheureuses , n'ayez crainte , il y a plus que d'abondance .
Une introduction prometteuse soulignant le nouvel ordre moral , non plus tourné vers le grand repentir et la foi en un au-delà paradisiaque pour les bons élèves mais vers celui de se libérer enfin de toutes ces chaines judéos-chrétiennes pour enfin jouir sans fin et sans retenue jusqu'à plus soif de toutes les félicités terrestres condamnées et diabolisées jusqu'alors .
Et de là , d'en faire le constat qu'une loi morale en chassant une autre , l 'hédonisme terrestre n'a rien de plus enviable à partir du moment où elle se positionne comme une injonction .
Les années 60 et la libération des corps , des moeurs , des carcans familiaux , les congés payés , le crédit pour tous , le progrès qui n'en finit pas de repousser la mort dans un avenir de plus en plus éloigné de notre naissance qu'on est en droit de croire à l'immortalité , la foi en l'économie et le tout tout de suite , le jeûne et les restrictions comme choix dans la liberté nouvellement acquise ...J'en passe ... C'est que la liberté , c'est peut-être bien un peu carcéral bizarrement . Surtout dans cette injonction au bonheur qui définit nos sociétés occidentales enfin "libérées " du poids des religions . N'y avait -il pas un certain confort à s'en remettre à un Dieu puissant et à mériter un paradis promis en rendant une bonne copie, sans le poids du libre-arbitre ? Subir la douleur , dans l'acceptation , dans l'offrande et la volonté de rédemption pour notre Christ ou se soumettre à la nouvelle bienséance sociale qui nous enjoint à utiliser toutes les recettes du bonheur de Biba/Femme actuelle ou Figaro en tâtant du bouddhisme à la sauce occidentalisée pour nos estomacs fragiles , travailler le lâcher-prise ou s'inscrire dans la performance des nouveaux runners de l'extrême , à moins de s'orienter vers la sobriété heureuse ou de l'ennui nécessaire et salvateur ? Un peu de tout peut-être , on n'est pas à quelques syncrétismes près ! Hum , les inventions de l'homme sont toujours un peu clauques au bout du compte ....
Les pistes sont nombreuses , et l'imagination de l'homme sans limites pour tenter de rendre sa vie plus supportable .Mais c'est tout un travail , que d'énergies pour offrir à la face du monde le sourire radieux de l'homme bien dans ses pompes , épanoui , zen attitude , léger , lifté quand c'est nécessaire , cool , fun dans le kif du jour ....
Alors ?
Et si on arrêtait de se poser la question ? Pour enfin vivre . Et laisser venir à nous les petites joies ( notion pourtant toute chrétienne ) , les petits bonheurs fantasques et inattendus qui ne se choisissent pas mais ponctuent le dur métier de vivre , bouffée de légèreté et d'allégresse fugace , respiration salvatrice pour continuer , délester de toutes morales fabriquées ,sans revendication , sans étalage , sans comparaison , mesures , chronomètres et autres outils quantifiables pour jauger de notre bonne santé morale .
En gros c'est ce qu'il dit Msieur Bruckner .
L'exercice aurait pu être intéressant sans un éparpillement qui ôte à son raisonnement une certaine crédibilité philosophique . Un peu trop facile par souci de vulgarisation je suppose . Un manque de rigueur dialectique , une abondance quasi nauséeuse de références et une euphorie verbeuse noie son discours un peu poussif .
Néanmoins pour rendre à Cés...Pascal ce qui est à Pascal , je ne peux que lui reconnaître une aisance d'écriture "heureuse" . Et une grande générosité dans l'accumulation de ces citations , autant de pistes pour continuer à creuser le sujet si d'aventure vous vous obstinez à chercher la recette .
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