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Critique de Flaubauski


Dans Nomadland, Jessica Bruder dresse le panorama d'une nouvelle middle-class américaine poussée par la crise de 2008 à devenir nomade pour subsister. Maisons vendues au mieux, saisies par les banques au pire, avec une retraite bien maigre en poche lorsqu'ils sont retraités – ce qui est le cas de la majorité de cette population -, il ne reste qu'à se procurer une maison sur roues – van, caravane, voiture… - et de suivre les routes du pays pour trouver du travail saisonnier selon les états qui en éprouvent la nécessité. Ces nouveaux Okies – terme à l'époque péjoratif faisant référence à tous les fermiers de l'Oklahoma partis chercher du travail en Californie après la crise de 29, symbolisés magistralement par Les raisins de la colère de Steinbeck – font notamment la manne d'Amazon, qui y trouve une main d'oeuvre bon marché, corvéable à merci, qui n'hésite pas à travailler des heures durant sans pause. Ils font aussi la manne de toutes sortes d'activités saisonnières dans les parcs d'attraction, les campings… dans lesquels ils travaillent également beaucoup pour peu.

Partant de témoignages et de rencontres faites sur le terrain, la journaliste va finir par s'immerger pleinement dans ce monde en devenant elle-même nomade, avec l'achat d'un van, Halen, et en allant éprouver les conditions de travail de ses compagnons de route chez Amazon – elle n'y restera pas longtemps. Nomadisme à relativiser certes, puisqu'éphémère dans son cas, et choisi dans le cadre de son reportage – qui durera malgré tout 3 ans – , mais nomadisme qui lui permet de vraiment se faire accepter par ces hobos 2.0. En effet, ce qui est au départ contrainte pour nombre d'entre eux devient nouvelle vie acceptée comme telle, où la solidarité, l'entraide, l'amitié entre travellers proposent une nouvelle conception du monde, plus proche de l'Homme que de l'Objet, devenu prioritaire dans son existence ultracapitaliste – paradoxalement, c'est chez Amazon que les travellers se feront le plus d'argent… A l'image de Linda May, 69 ans, au coeur de toute l'enquête de Jessica Bruder, symbole de ces nouveaux voyageurs qui repensent toute leur vie d'abord pour subsister puis, quand ils y parviennent, pour vivre mieux.

J'avais bien conscience de tout ce qui est évoqué dans ce récit, mais sa lecture n'en a pas moins été édifiante et riche en enseignements. C'est un véritable reportage au long cours, en immersion totale, comme je les apprécie.
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