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Critique de Lucilou


Biberonnée à "Lady oscar", "Mulan" et surtout aux romans jeunesse bien trop méconnus d'André Hodeir ("Les Aventures de la Chevalière" et "La Chevalière et le Panache Blanc"), j'ai gardé de cette époque un béguin pour les histoires dans lesquelles des jeunes filles -voire de jeunes femmes- délaissent corsets et jupons pour ceindre l'épée et le pantalon et se lancer dans des aventures réservées aux seuls hommes, dans lesquelles elles pourfendent leur condition ("sois belle et tais-toi; un mari viendra, que l'on choisira pour toi!", "Tu n'es qu'une faible femme, incapable de tenir en selle, de lire et de réfléchir") pour montrer qu'elles aussi en ont sous la robe ou dans le pantalon.
Forcément, "Tête de Chien" semblait fait pour me plaire et je m'y suis plongée, un peu désappointée au demeurant par la thématique du tournoi qui me paraissait un peu légère, un peu trop brute ("brutase" devrais-je écrire).

"Tête de Chien" nous emmène à la fin du XII°siècle, dans ce Moyen-Age passionnant où je n'ai pas mis les pieds depuis longtemps, et ça, c'est un plaisir.
Josselin que l'on rencontre en premier, est un chevalier errant désargenté (ils le sont toujours!) qui n'a ni écuyer, ni protecteur. Il n'est riche que de son courage, voire de sa témérité. Pour vivre et assurer sa subsistance, il n'a d'autre choix que de briller dans des tournois où gagner un champion assure une rançon... plus ou moins intéressante. Elle en prend un coup la réputation de la chevalerie au service de la veuve et de l'orphelin dans ce roman graphique vitaminé qui nous présente des preux aux abois, dont certains semblent sans foi ni loi... Et je dois avouer que cela m'a plu...Mais passons!
Notre pauvre sire n'est pas seul puisqu'il est accompagné d'un autre chevalier errant: Jehan et de Paulin, l'écuyer de ce dernier. Or Jehan est une Jehanne, une femme qui ne souhaite pas révéler au monde sa condition et qui sur la lice rend coup pour coup avec autant d'énergie que les autres.
Dans cette Bourgogne médiévale en proie aux rivalités géopolitique et féodales (en témoigne la rivalité entre les partisans du compte de Joigny et ceux du compte de Dreux), notre trio n'est pas le seul à porter un secret et on se rend compte au fil de la lecture que les dissimulations sont légion: il y a ceux qui s'adonnent aux paris clandestins contre toutes les lois de la chevalerie, ceux qui taisent leurs liens féodaux, ceux qui camouflent leurs véritables identités de peur qu'elle ne leurs attirent la mort et le sang...
Au gré des tournois qui cristallisent les tensions, des alliances se nouent, des conflits éclosent et pour Josselin, Jehan et Paulin, il faudra faire des choix...

Si je reconnais bien volontiers les qualités de Vincent Brugeas, Ronan Toulhoat et Yohann Guillo (je ne connaissais aucun des trois avant "Tête de Chien"), le dynamisme du scénario et des graphismes, la puissance des couleurs et les méandres du scénario, je ne suis pour autant pas entièrement conquise par ce tome 1.

Tout d'abord, je un peu regretté la mise en avant de Josselin au détriment de Jeahn qui est le personnage qui m'intéressait le plus de prime abord. Je l'ai trouvé très en retrait finalement et le scénario passe très vite sur son passé, sur ce qui l'a poussé à en arriver là... Qu'on se le dise, je n'attendais pas spécialement de revendications de sa part ou un destin extraordinaire.. Je trouve même très bien que son seul souhait d'être "un chevalier comme les autres", c'est suffisamment clair et porteur, mais cela aurait mérité un approfondissement. En ce qui me concerne, je suis en tout cas restée sur ma faim...
Ce manque d'approfondissement, c'est d'ailleurs pour moi la fausse note principale de "Tête de Chien" qui souffre pour moi d'un déroulement trop rondement mené, trop rapide, presque bâclé. Je me suis sentir comme face à un film d'action où s'enchaînent les courses-poursuites et les explosions sans temps morts, sans phase de pur récit. Peut-être cependant que ma déception est due à ma méconnaissance du genre. C'est mon premier tournoi...

Pour contrebalancer cette impression quelque peu négative, je tiens toutefois à souligner ce qui m'a plu: cette vision si sombre et paradoxale de la chevalerie, les graphismes vitaminés mais avec ce petit côté désuets qui m'a rappelé les "Princes Vaillants" et autres "Thorgal" de mes grands cousins (avec une réserve à l'encontre des doubles-pages qui ouvraient les chapitres qui détonnent un peu avec leur air shonen...).

En définitive, j'ai vraiment hâte de découvrir le tome 2 car je pense que c'est de lui que dépendra mon envie de me plonger plus avant dans cette saga qui me laisse un gout d'inachevé... Pourvu qu'il me donne deux ou trois réponses...
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