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Critique de ODP31


L'icône du dimanche soir.
Je ne connaissais pas son nom mais la photo sur le bandeau du livre où elle apparait portant avec élégance un fume-cigarette m'a ramené à l'adolescence et à quelques souvenirs clandestins. Laura Antonelli a joué dans pas mal de comédies érotiques italiennes des années 70 visionnées en cachette, boutonneux clandestin en pyjama qui grattait, qui était à l'affut des rediffusions sur M6 à des heures interdites. Avant la 3D, il y avait le trou de la serrure.
Laura Antonelli n'était pas la plus grande actrice de tous les temps mais ce n'est pas pour rien que Visconti disait qu'elle était « la plus belle femme du monde ». Au-delà de ses formes généreuses et du fait qu'elle n'était pas avare de ses charmes, elle n'était pas d'une beauté irréelle, bien loin des héroïnes de Fellini et incarnait plutôt le fantasme de la voisine d'à côté. Femme au foyer incandescent. Elle avait le regard triste de Romy Schneider, même quand elle souriait et le corps de Claudia Cardinale. Un Centaure irrésistible.
Je me rappelais de Malizia, des mariés de l'An II, de Ma femme est un violon ou les derniers monstres de Dino Risi. Elle tourna quand même pour Visconti, Comencini, Rappeneau, Chabrol (« Docteur Popaul ») et Ettore Scola. Pas des cuistots de navets.
Derrière l'actrice et le Sex-symbol, Philippe Brunel nous raconte ici avec élégance et respect la déchéance d'une femme dans une enquête presque journalistique.
Un producteur contacte le narrateur pour qu'il retrouve cette actrice qui vit recluse et obèse, abandonnée de presque tous, dans un appartement de Rome.
Son investigation dans le passé lui fait rencontrer d'anciens amis, de vieux amants, quelques anecdotes et beaucoup de souvenirs de celle qui fut aussi la compagne durant plusieurs années de Jean Paul Belmondo, désigné dans le récit comme l'acteur français sans jamais le nommer.
Bien loin de l'image diaphane de la pellicule, l'auteur raconte les déboires judiciaires de l'actrice arrêtée pour usage de drogue, une opération de chirurgie esthétique ratée qui la défigura et ses amours volatiles. Elle n'était pas fidèle, pas même à elle-même. Une descente aux enfers sans escale et sans ticket pour le retour.
Au poison de la renommée succéda le cloître de l'oubli. Ce destin tragique n'est pas sans rappeler celui d'autres actrices abandonnées par le temps et leurs admirateurs : Anita Ekberg à la vita pas si dolce, Hedy Lamarr dont les trait inspirèrent ceux de Blanche Neige et pas mal d'hommes aussi, Maria Schneider dont le dernier tango fut aussi une dernière danse. La solitude des monstres sacrés.
Le récit est bouleversant, très bien écrit, mais j'aurai aimé que l'auteur raconte davantage son époque de gloire, l'insouciance de ses jeunes années et des tournages de ses films dans les années 60 et 70. Un peu de légèreté ne nuit jamais au propos. Comme ainsi évoquer Laura Antonelli sans aborder cette scène de Malizia où elle monte sur un petit escabeau dans une bibliothèque qui fit sa renommée en Italie ? Peut-être plus très tendance à l'époque actuelle.
C'est elle-même qui répondait à la fin de sa vie que « Laura Antonelli n'existe plus ». Philippe Brunel a le mérite de la sortir de l'ombre sans avoir percé tous ses mystères et exorcisé tous ses vieux démons.
Le livre nous offre aussi de belles balades nostalgiques dans Rome. La Vespa a Cinecittà.
Que sont devenues ses consoeurs Ursula Andress ou Edwige Fenech, autres égéries du dimanche soir ? Et les vertes années ?
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