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EAN : 9782246811985
198 pages
Grasset (03/02/2021)
3.97/5   30 notes
Résumé :
A la suite du coup de fil énigmatique d’un producteur, le narrateur embarque pour Rome investi d’une obscure mission : retrouver Laura Antonelli, l’actrice oubliée dont Visconti disait qu’elle fut « la plus belle femme du monde ». Il erre dans une Rome caniculaire, traversant les décors mythiques qu’on connaît, à la rencontre des témoins de sa vie tragique. Il épluche les vieux tabloïds et les interviews pour tenter de raconter, sans la trahir, cette femme insais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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L'icône du dimanche soir.
Je ne connaissais pas son nom mais la photo sur le bandeau du livre où elle apparait portant avec élégance un fume-cigarette m'a ramené à l'adolescence et à quelques souvenirs clandestins. Laura Antonelli a joué dans pas mal de comédies érotiques italiennes des années 70 visionnées en cachette, boutonneux clandestin en pyjama qui grattait, qui était à l'affut des rediffusions sur M6 à des heures interdites. Avant la 3D, il y avait le trou de la serrure.
Laura Antonelli n'était pas la plus grande actrice de tous les temps mais ce n'est pas pour rien que Visconti disait qu'elle était « la plus belle femme du monde ». Au-delà de ses formes généreuses et du fait qu'elle n'était pas avare de ses charmes, elle n'était pas d'une beauté irréelle, bien loin des héroïnes de Fellini et incarnait plutôt le fantasme de la voisine d'à côté. Femme au foyer incandescent. Elle avait le regard triste de Romy Schneider, même quand elle souriait et le corps de Claudia Cardinale. Un Centaure irrésistible.
Je me rappelais de Malizia, des mariés de l'An II, de Ma femme est un violon ou les derniers monstres de Dino Risi. Elle tourna quand même pour Visconti, Comencini, Rappeneau, Chabrol (« Docteur Popaul ») et Ettore Scola. Pas des cuistots de navets.
Derrière l'actrice et le Sex-symbol, Philippe Brunel nous raconte ici avec élégance et respect la déchéance d'une femme dans une enquête presque journalistique.
Un producteur contacte le narrateur pour qu'il retrouve cette actrice qui vit recluse et obèse, abandonnée de presque tous, dans un appartement de Rome.
Son investigation dans le passé lui fait rencontrer d'anciens amis, de vieux amants, quelques anecdotes et beaucoup de souvenirs de celle qui fut aussi la compagne durant plusieurs années de Jean Paul Belmondo, désigné dans le récit comme l'acteur français sans jamais le nommer.
Bien loin de l'image diaphane de la pellicule, l'auteur raconte les déboires judiciaires de l'actrice arrêtée pour usage de drogue, une opération de chirurgie esthétique ratée qui la défigura et ses amours volatiles. Elle n'était pas fidèle, pas même à elle-même. Une descente aux enfers sans escale et sans ticket pour le retour.
Au poison de la renommée succéda le cloître de l'oubli. Ce destin tragique n'est pas sans rappeler celui d'autres actrices abandonnées par le temps et leurs admirateurs : Anita Ekberg à la vita pas si dolce, Hedy Lamarr dont les trait inspirèrent ceux de Blanche Neige et pas mal d'hommes aussi, Maria Schneider dont le dernier tango fut aussi une dernière danse. La solitude des monstres sacrés.
Le récit est bouleversant, très bien écrit, mais j'aurai aimé que l'auteur raconte davantage son époque de gloire, l'insouciance de ses jeunes années et des tournages de ses films dans les années 60 et 70. Un peu de légèreté ne nuit jamais au propos. Comme ainsi évoquer Laura Antonelli sans aborder cette scène de Malizia où elle monte sur un petit escabeau dans une bibliothèque qui fit sa renommée en Italie ? Peut-être plus très tendance à l'époque actuelle.
C'est elle-même qui répondait à la fin de sa vie que « Laura Antonelli n'existe plus ». Philippe Brunel a le mérite de la sortir de l'ombre sans avoir percé tous ses mystères et exorcisé tous ses vieux démons.
Le livre nous offre aussi de belles balades nostalgiques dans Rome. La Vespa a Cinecittà.
Que sont devenues ses consoeurs Ursula Andress ou Edwige Fenech, autres égéries du dimanche soir ? Et les vertes années ?
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Dans les années 70, l'actrice italienne Laura Antonelli est l'objet des fantasmes de nombreux spectateurs. Sa beauté éblouit spectateur et réalisateurs et c'est ainsi qu'elle tourne aussi bien dans Les mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau, que pour Luchino Visconti dans L'Innocent., pour ce qui restera sans doute le plus beau rôle de sa carrière.
Celle qui est décrire la plus belle femme du monde » pour Visconti, aura une belle visibilité en France notamment lorsqu'elle vivra plusieurs années de passion avec notre Bebel national .
Mais dans l'Italie puritaine et catholique sa personnalité et sa liberté vont lui couter cher et vont annoncer sa descente en enfer dans les années 80/90.

Entre consommations de drogue à outrance , détention pour trafic d'héroïne, chirurgie esthétique ratée, Laura Antonelli va devenir peu à peu un être abîmé par la viie qui ne se relèvera jamais jusqu'à sa mort dans le dénuement le plus complet survenu en 2015.

Laura a sombré peu à peu dans la dépression, la solitude et a essayé de se raccrocher à la foi dans les ultimes années de sa vie . le dernier livre à ce jour du journaliste Philippe Brunel vise une réparation posthume à une femme blessée par la vie et dont les failles auront contribué à sa perte

Hommage respectueux et sensible, Laura Antonelli n'existe plus est une belle ballade aux accents modianesques assumé : On y voit un journaliste ( le double de Philippe Brunel) , répondre à une commande d'un producteur qui a un projet à proposer à l'actrice Sous la canicule romaine pendant un été des années 2010, voilà donc notre héros parti pour retrouver les témoins et la trace de cette star qui se sera brulé les ailes à force d'avoir cotoyé le soleil d'un peu trop près .

Tous donnent alors leur vision et leur version d'une étoile au destin brisé que Philippe Brunel fait revivre avec beaucoup d' émotion et une certaine grace. .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mais qu'est-il arrivé à Baby Jane ? On aurait pu intituler ce roman « mais qu'est-il arrivé à Laura Antonelli » ? Laura Antonelli, une actrice italienne dont mon père vantait les talents. « Ça dépend où tu places ses talents » répliquait ma mère, en levant les yeux au ciel. Quand je fus plus grande, elle m'expliqua pourquoi papa en pinçait pour la vedette de Malizia. C'est parce qu'elle avait une sensualité rassurante. Luchino Visconti l'a très bien résumé : « elle incarnait quelque chose de plus rare, la femme du peuple, accessible et désirable, à la beauté embarrassante qui vous remuait les sangs » » avec « son visage d'ange sur un corps de pécheresse ». Laura Antonelli était si différente d'Anita Ekberg (« splendeur sculpturale, déesse païenne phosphorescente »), de Monica Vitti (« Et ses pâleurs diaphanes, toujours insatisfaite ») ou de Silvana Mangano (« diva lointaine, au sourire ennuyé »). Laura Antonelli ne s'est pas protégée de la vieillesse et du désir des hommes en épousant un producteur, comme l'avait fait Sophia Loren.
Non, elle s'est jetée dans l'arène. Reine des nuits romaines, elle a brûlé la pellicule sans se figurer qu'un jour, la société lui reprocherait ses nudités insouciantes. Traînée devant les tribunaux pour son addiction et une opération de chirurgie esthétique qui tourne mal, elle se fera dépouillée de son argent et de « cette parcelle de gloire dont Pasolini disait qu'elle est l'autre face de la persécution ».
Philippe Brunel ne commet pas de faux pas. Sa description de Rome est juste et sensible. Sa quête éperdue d'une dernière interview avec l'actrice est émouvante, empreinte d'une douce nostalgie.
Un roman sans prétention mais bourré de charme.
Inutile de préciser que mon papa me l'a emprunté.
Bilan : 🌹🌹
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Laura Antonelli est un nom qui ne parle sans doute pas beaucoup aux moins de 40 ans. Une actrice italienne qui eut ses moments de gloire durant "les années de plomb" dans des petits films sexy où la belle ne rechignait pas à montrer ses atours. Certes, elle a tourné aussi avec quelques uns des plus grands réalisateurs transalpins, comme Risi, Comencini, Visconti, Zampa, Bolognini et Scola mais, hélas pour elle, dans des films qui ne font pas partie de leurs meilleurs. le mystère Antonelli vient de ses 20 dernières années, vécues dans la réclusion d'un petit appartement, avec cette réponse à un journaliste qui la harcelait : "Laura Antonelli n'existe plus." Ancien journaliste sportif, Philippe Brunel a notamment écrit sur une autre icône italienne, Marco Pantani, qui a fini déchu, lui aussi, mais à un âge bien moins avancé. Plus grande a été la gloire, plus dure sera la chute, le roman-enquête de Brunel est comme une pavane à une star défunte, un ouvrage quasi modianesque, à la recherche de la vérité, si tant est qu'il n'en existe qu'une, pour une personnalité des plus complexes. L'auteur assemble les pièces du puzzle, rencontre ceux qui l'ont bien connue, évoque les drames qui ont marqué son existence : la rupture avec l'amour de sa vie, Jean-Paul Belmondo, l'acharnement de la justice après son arrestation pour détention de cocaïne, l'opération de chirurgie esthétique qui a mutilé à jamais son beau visage ... Philippe Brunel raconte ce qu'il sait et ce que les autres ont dit d'elles, de sa splendeur et de son délabrement. Il demeurera pour toujours des zones opaques et une interrogation sur qui était vraiment Laura Antonelli. Reste, après avoir lu cette vraie fausse biographie fragmentée et mélancolique, à la revoir dans L'innocent de Luchino Visconti, pour se rappeler combien sa beauté et son talent étincelaient.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Que voilà une drôle d'idée : écrire un livre sur quelqu'un qui ne voulait plus que l'on parle d'elle, une italienne, actrice de cinéma.
Les italiennes : je me souviens quand j'étais plus jeune, alors que j'étais en vacances dans un pays étranger, au soleil, d'avoir été épatée par leur glamour et leur sens de la mise en scène. Il y avait un groupe de jeunes femmes italiennes où je résidais et je n'avais apporté que quelques vêtements pour une semaine, mais elles !!! Elles changeaient de maillot de bain tous les jours, de bijoux, de robes, que sais-je : j'avais l'impression d'assister à la fashion week. Donc en un mot comme en cent : les italiennes, quel cinéma.
Ici, il s'agit de l'actrice italienne, Laura Antonelli. Les gens de ma génération la connaissent un peu plus que la nouvelle, mais elle fait partie de ces actrices iconiques de la période faste italienne (les années 70), avec ses réalisateurs comme Fellini, Antonioni, Comencini, Visconti, Rosselini. Laura Antonelli est une femme fatale, un peu peuple, mais distante, elle fut "la Bardot italienne". Elle partagea une gloire passagère parmi Sophia Loren, Alida Valli (divine dans Senso), Silvana Mangano (Riz amer), Anna Magnani (Rome ville ouverte).
La vie de Laura (un peu comme celle de la mystérieuse jeune femme dont le portrait est le centre du film éponyme de Preminger "Laura") et surtout sa fin de vie en 2015, après une arrestation brutale en avril 1991, reste un mystère et est le prétexte pour l'auteur, pour parcourir les rues de Rome, croiser d'anciennes relations parfois interlopes, d'essayer de comprendre qui était celle qui se trouvait terriblement peu attractive, mais qui imprimait sur la pellicule, son image somptueuse. Une femme terriblement réaliste sur sa déchéance physique à venir, sans illusion sur sa célébrité, une femme que hantait son histoire familiale.
L'auteur part d'une rencontre impromptue avec l'actrice anonyme, en 1974, autour d'un café : rencontre car son ami de l'époque, Thierry, venait d'une famille très aisée, frayant dans le milieu du cinéma. Un rencontre qui avait marqué l'auteur par la douceur et la grâce de l'actrice.
Un roman très agréable à lire, qui vous donne l'impression de suivre un documentaire sur Antonelli, l'actrice certes, mais aussi la femme et son image. C'est un documentaire très vivant, pas une hagiographie, une réflexion sur la gloire et son passage. L'auteur raconte son amour du cinéma (Ah, l'action Christine !) et semble avoir un réel attachement au sens noble du terme pour la femme qui ne voulait plus exister.
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critiques presse (2)
SudOuestPresse
16 avril 2021
L’ex-journaliste sportif et écrivain Philippe Brunel retrace la lente descente aux enfers du sex-symbol populaire de l’Italie catholique des années 1960. Destin tragique, beau livre
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LePoint
05 mars 2021
Dans un livre bouleversant, Philippe Brunel raconte la descente aux enfers d'une actrice magnifique et solaire, héroïne de Visconti et compagne de Belmondo.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Hormis les cigarettes qu’elle consumait l’une après l’autre, elle n’avait aucun besoin et passait la plupart de ses journées à lire, à aider ses prochains, dans l’oubli de ce monde du spectacle « artificiel et frivole » qui renvoyait, disait-elle, une image « dégradée » de la femme. D’ailleurs, elle avait jeté sa télévision, craignant de tomber à l’improviste sur une rediffusion de l’un de ces films, cette part légendaire, déshabillée d’elle-même, qu’elle rejetait.
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Quand on prétend parler des autres, on s’appuie sur des faits, on s’en empare, on les interprète. Il entre alors, dans le récit, une part d’imaginaire et la vérité, si forte soit-elle, sonnera toujours faux. Ses amis, ses proches que j’ai rencontrés, plus avisés que je ne l’étais, l’auraient peut-être, je dis bien peut-être, restituée au naturel sans préjugés ni ratures, dans la force de ses rejets, de cette claustration obstinée que l’actrice s’infligea au couchant de sa vie, vingt-cinq années durant, dans l’abjection de ses démêlés judiciaires. Années souterraines, lacunaires, qui sait les plus sereines.
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Une chaleur torride, africaine, pesait sur Rome.
Elle calcinait les pelouses, chauffait le bitume à blanc et vidait les rues. À certaines heures, l'ombre semblait immobile.
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D’après lui, ce n’était ni le sexe ni l’argent qui gouvernaient le monde mais la laideur, tous ces gens laids qui font payer aux autres leur rancœur, leur amertume, leur incapacité à s’inscrire dans des rapports harmonieux de séduction, en réaction ils s’acharnent à détruire tout ce qui est beau, envoûtant, attrayant, tout ce qui les renvoie à leur propre disgrâce. « Regardez combien de gens moches, très moches chez les juges, chez les tyrans, les dictateurs, avait-il ajouté, pour moi, ce n’est pas sans rapport. »
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Ils seraient allés à l’essentiel au plus près de son opacité, dans le nu de son intimité, là où je butais sur des impasses dans mon entêtement à vouloir saisir ce qu’au-delà de sa réclusion, dans son austère abandon et sa foi retrouvée, elle cherchait à nous dire. Je n’étais pas le mieux armé pour mener ce lent travail de reconstitution. Mais c’est là, dans ces zones grises, que j’avais le plus de chances de la rencontrer.
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Laura Antonelli, la star oubliée

En France, Laura Antonelli a interprété le rôle de Juliette Vaudreuil dans ce film Philippe Labro, scénario de Jacques Lanzmann et Vincenzo Labella, adaptation du roman Dix plus un (Ten Plus One) de Evan Hunter, publié sous le pseudonyme Ed McBain. Le titre de ce film est ...?... on y retrouve aussi Jean-Louis Trintignant, Dominique Sanda et Sacha Distel, sans oublier Stéphane Audran et Jean-Pierre Marielle Indice : Auto Le pitch : Nice, 1971. L'inspecteur Carella enquête sur deux meurtres semblables commis la même journée. Deux autres surviennent le lendemain. Une course contre la montre s'engage pour trouver le lien entre ces quatre meurtres que riel ne semble relier.

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