AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Quelle gaieté, mes amis, quelle gaieté, d'avoir le plaisir d'écrire la première chronique de ce roman sur Babelio ! Laissez-moi vous parler des amours impossibles et contrariées de Fernanda María de la Trinidad del Monte Montes, distinguée jeune fille salvadorienne élevée dans les pensionnats les plus chics de San Francisco et Lausanne (où on vous apprend toutes sortes de choses utiles comme pouvoir héler un taxi n'importe où mais toujours avec élégance), fraîchement débarquée à Paris en cet an de grâce (et de gaieté !) 1968, et de Juan Manuel Carpio, jeune homme un peu moins frais, un peu moins distingué et un peu plus fauché, « Liménien de la deuxième génération, thorax andin et tirant aussi sur l'indien pour le reste », auteur-compositeur-interprète de chansons d'amour-toujours, arpentant les trottoirs de Paris avec sa guitare en cet an de grâce 1968 (je vous l'avais bien dit : quelle gaieté !).
De l'amour, ça oui, du vrai, du pur, loyal et fidèle, qui résiste à trente années de vie même pas commune, ça non, elle n'a rien de banal, cette vie, d'ailleurs, elle serait plutôt à ranger dans la catégorie des meilleurs « rendez-vous manqués en cascade », mais heureusement Fernanda María, ou Fernanda Mía (« mienne ») ou Fernanda Tuya (« tienne ») et Juan Manuel ont toujours été « meilleurs par correspondance ». Car malgré des conjoints et quelques « significant others » (pourtant pas si encombrants), et toute une panoplie de coups d'Etat latino-américains qui ont éloigné Fernanda en la menant de Paris au Chili en passant par Lima et re-Paris, puis au Salvador et en Californie avec allers-retours 10 plus un gratuit, et parfois Londres et même Majorque, ce qui a surtout fait foirer leur histoire, à ces deux exilés, merde, Fernanda Mía, c'est que nous avons toujours été champions olympiques de la discipline « ne pas se trouver au bon endroit au bon moment ». Et si tu savais, Juan Manuel Carpio, comme je regrette de ne pas t'avoir vu, arrêté à ce feu rouge, merde, car sinon à ce moment-là tu aurais pu me séduire pour toujours, moi ta Fernanda Tuya, et nous n'aurions plus jamais été tristes le matin. Mais quelle gaieté, Juan Manuel, de recevoir tes lettres, même si le facteur doit marcher pendant trois jours avant de me trouver dans le chaos de mon petit pays dévasté, où tout le monde se fait kidnapper ou tuer, et où « le temps n'est pas à la broderie ». Et j'espère, Fernanda Mía, ma Tarzane, que tu ne m'en voudras pas de raconter notre histoire, nos histoires, notre amour, nos amours, notre bonheur et nos malheurs, en citant tes lettres et en les commentant pour ces pauvres lecteurs qui n'en croiront pas un mot ni leurs yeux, mais quelle importance, nous, nous savons, très chère Mía, que tout ça est vrai malgré les si nombreux ratés de nos « Estimated Times of Arrival ».
Ah mes amis, quelle gaieté que ce roman, quelle gaieté ! Pardonnez-moi de m'être emballée de la sorte, et puis non, ne me pardonnez pas, après tout je n'ai pas à m'excuser, mais quel amour, quelles amours je viens de lire ! Comme dans le très beau « Un monde pour Julius », on retrouve un mélange d'humour et de drame, de légèreté et de tourments intimes ou publics, de tendresse, de fantaisie et de fatalité, porté par une écriture si sud-américaine que décidément j'adore, avec son grain de folie, sa nostalgie et son style exubérant.
Quel auteur, mes amis, quel auteur !


Lien : http://www.voyagesaufildespa..
Commenter  J’apprécie          432



Ont apprécié cette critique (42)voir plus




{* *}