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EAN : 9782864243687
256 pages
Editions Métailié (30/12/2000)
4/5   6 notes
Résumé :
«Je me sens aussi forte que Tarzan au bord d’un fleuve puissant où même les crocodiles le respectent... » déclare la délicieuse Fernanda Maria, qui se sert des sentiments comme Tarzan des lianes pour traverser intacte les turbulences latino-américaines des trente dernières années, dont les survivants ne peuvent qu’être des athlètes de la vie. Lui, il vit en Europe, il l’aime, reçoit ses lettres et rêve de revenir au jour où il n’a pas su la séduire pour toujours.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quelle gaieté, mes amis, quelle gaieté, d'avoir le plaisir d'écrire la première chronique de ce roman sur Babelio ! Laissez-moi vous parler des amours impossibles et contrariées de Fernanda María de la Trinidad del Monte Montes, distinguée jeune fille salvadorienne élevée dans les pensionnats les plus chics de San Francisco et Lausanne (où on vous apprend toutes sortes de choses utiles comme pouvoir héler un taxi n'importe où mais toujours avec élégance), fraîchement débarquée à Paris en cet an de grâce (et de gaieté !) 1968, et de Juan Manuel Carpio, jeune homme un peu moins frais, un peu moins distingué et un peu plus fauché, « Liménien de la deuxième génération, thorax andin et tirant aussi sur l'indien pour le reste », auteur-compositeur-interprète de chansons d'amour-toujours, arpentant les trottoirs de Paris avec sa guitare en cet an de grâce 1968 (je vous l'avais bien dit : quelle gaieté !).
De l'amour, ça oui, du vrai, du pur, loyal et fidèle, qui résiste à trente années de vie même pas commune, ça non, elle n'a rien de banal, cette vie, d'ailleurs, elle serait plutôt à ranger dans la catégorie des meilleurs « rendez-vous manqués en cascade », mais heureusement Fernanda María, ou Fernanda Mía (« mienne ») ou Fernanda Tuya (« tienne ») et Juan Manuel ont toujours été « meilleurs par correspondance ». Car malgré des conjoints et quelques « significant others » (pourtant pas si encombrants), et toute une panoplie de coups d'Etat latino-américains qui ont éloigné Fernanda en la menant de Paris au Chili en passant par Lima et re-Paris, puis au Salvador et en Californie avec allers-retours 10 plus un gratuit, et parfois Londres et même Majorque, ce qui a surtout fait foirer leur histoire, à ces deux exilés, merde, Fernanda Mía, c'est que nous avons toujours été champions olympiques de la discipline « ne pas se trouver au bon endroit au bon moment ». Et si tu savais, Juan Manuel Carpio, comme je regrette de ne pas t'avoir vu, arrêté à ce feu rouge, merde, car sinon à ce moment-là tu aurais pu me séduire pour toujours, moi ta Fernanda Tuya, et nous n'aurions plus jamais été tristes le matin. Mais quelle gaieté, Juan Manuel, de recevoir tes lettres, même si le facteur doit marcher pendant trois jours avant de me trouver dans le chaos de mon petit pays dévasté, où tout le monde se fait kidnapper ou tuer, et où « le temps n'est pas à la broderie ». Et j'espère, Fernanda Mía, ma Tarzane, que tu ne m'en voudras pas de raconter notre histoire, nos histoires, notre amour, nos amours, notre bonheur et nos malheurs, en citant tes lettres et en les commentant pour ces pauvres lecteurs qui n'en croiront pas un mot ni leurs yeux, mais quelle importance, nous, nous savons, très chère Mía, que tout ça est vrai malgré les si nombreux ratés de nos « Estimated Times of Arrival ».
Ah mes amis, quelle gaieté que ce roman, quelle gaieté ! Pardonnez-moi de m'être emballée de la sorte, et puis non, ne me pardonnez pas, après tout je n'ai pas à m'excuser, mais quel amour, quelles amours je viens de lire ! Comme dans le très beau « Un monde pour Julius », on retrouve un mélange d'humour et de drame, de légèreté et de tourments intimes ou publics, de tendresse, de fantaisie et de fatalité, porté par une écriture si sud-américaine que décidément j'adore, avec son grain de folie, sa nostalgie et son style exubérant.
Quel auteur, mes amis, quel auteur !


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J'imagine qu'en lisant le titre tu t'attends à ce que je te parle de Tarzan, et de sa façon de se frapper le torse, aux pectoraux saillants et aux abdominaux sculptés par des années de pratique intensive du saut de lianes en lianes, en beuglant, à qui veut bien l'entendre, l'appel de la forêt à moins que cela soit quelques insanités sud-américaines à destinations des lionnes en chaleur. Mais pas ce soir. Tarzan a une amygdalite et au milieu de la forêt vierge d'Amazonie semble aussi perdu qu'un morpion dans la jungle pas si vierge d'une amazone. La faute aux femmes. A une femme en particulier, Fernanda Maria de la Trinidad des Monte Montes. Selon les humeurs de mon écriture ou de celles de l'auteur, Alfredo Bryce-Echenique, ou de celles du narrateur, Juan Manuel Carpio, cette jeune femme aussi belle que salvadorienne écourtera son nom en Fernanda Maria, Fernanda Mia, Fernanda Tuya ou encore plus simplement Mia ou Tuya. Suivant les envies de chacun.

Un regard suffit à reconnaitre cet amour dans les yeux, tu sais ce pétillement du regard quand la femme baisse ses yeux sur le sexe de son homme ou celui de l'homme quand il retourne sa femme. Tarzan ou Tarzane, Juan ou Jane, faisons l'amour comme nous l'ont appris les singes. Un regard, donc, mais une destinée différente. Des impératifs, des voyages, que d'occasions manqués de se retrouver, de se serrer dans les bras, de se tenir la main sur un banc de la ciudad ou à l'écart. Que de rendez-vous perdus et de temps distillés à faire autre chose qu'à prodiguer leur amour sous les draps froissés d'une chambre d'hôtel à Lima, à Los Angeles, à Majorque ou à San Salvador. Si tu vas à San Salvador, va voir la femme qui sait lire entre les yeux du sort…

Donc au lieu de consommer leur amour, ces deux-là vont entamer une longue correspondance, très longue même, sur dix ans, sur vingt ans, sur une vie, sans jamais ou presque se retrouver, sans jamais ou presque s'assembler. Peur certainement de ce désir trop intense, peur de changer leurs histoires respectives.

Des lettres qui feront le bonheur de l'aviation postale, Tarzan et sa Jane se retrouvent à des latitudes opposées, des heures de longitudes incalculables, et des envois incertains, d'une case à l'autre, d'une chambre à l'autre, d'une dictature aux autres. Comme l'Amérique du Sud aime ses dictatures… Elles foisonnent… Ces lettres aussi. Et cela me semble bien triste, non pas ses dictatures qui peuplent ces latitudes, mais cette incapacité à voir Mia ou Tuya former un vrai couple avec Juan. D'autant plus rageant même que Tarzan a une amygdalite.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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L'AMYGDALITE DE TARZAN d' ALFREDO BRYCE-ECHENIQUE
Juan Manuel fait cet amer constat avec Fernanda Mia, ils ont toujours été meilleurs par correspondance, non pas que l'amour ait manqué mais plutôt de ne pas avoir trouvé le bon endroit au bon moment. Ou, formulé autrement ils partageaient un ballon sur un terrain mais ne jouaient pas au même jeu. Fernanda vit à Oakland, elle s'est fait voler toutes les lettres de Juan, ses bijoux et sa montre par »trois gorilles noirs ». Juan, lui, a quitté Lima pour Paris. Ils se sont connus en 1967, elle de son vrai nom Fernanda de la Trinidad del Monte Montes du Salvador, lui, chanteur de troisième zone, elle débarquait à Paris, famille riche, parlant cinq langues, avait un boulot de correctrice de style en chef de Cortazar ainsi que de Vargas Llosa. 1967 c'est l'année où Luisa la femme de Juan l'a quitté, il écrivait des chansons tristes. Ils se connurent chez un attaché d'ambassade, dansèrent et puis comme Juan était toujours fauché, elle l'hébergeait sans l'entretenir. Quelques temps plus tard à propos de cravates, d'écrivains Sud américains et de nouveaux riches, ils se brouillèrent et ne se reverront que sept ans plus tard, Pinochet était au pouvoir et Fernanda mariée à Enrique.
C'est une longue et belle histoire d'amour que l'auteur nous raconte faite de rendez-vous manqués et d'une abondante correspondance entre Fernanda et Juan. C'est en même temps un roman épistolaire et traditionnel sur fond politique au Chili ou au Salvador. Malgré les vicissitudes de sa vie tumultueuse, Fernanda affirmera qu'elle se sent »aussi forte que TARZAN au bord du fleuve où même les crocodiles le respectent ». Un auteur à découvrir.
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Ce roman partiellement épistolaire, n'est pas aussi dément que son titre le laisse supposer . Bien sur j'y ai retrouvé , cela faisait un bail que je ne m'étais plus frotté à elle, la douce dinguerie de la littérature sud-américaine , et je me suis vraiment attaché à ces deux amants et leur amour alternatif , j'ai aussi retrouvé cet arrière plan constant de la tristesse de l'exil et « des veines ouvertes de l'Amérique latine » .
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J'étais tombé amoureux d'elle, de sa peau de pêche bronzée toute l'année, de sa silhouette à vous réveiller un mort, de sa longue et rousse chevelure, de ses sourcils et de ses yeux très noirs à Lima, un soir que je chantais dans une fête à l'université catholique où elle était "Miss Faculté", ou quelque chose comme ça, et moi une sorte de Nat King Cole en espagnol, et à force de viens plus près de moi, plus près, plus près encore, je finis par tant la rapprocher de moi que je n'ai pas encore réussi à l'écarter complètement, bien que plus de mille ans, bien plus encore aient passé depuis ce temps-là, ce qui fait que je crois pouvoir répondre à l'auteur de ce boléro que oui, il semble bien que l'amour existe dans l'éternité.
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Juan Manuel Carpio, mon amour,
Fatiguée et sans entrain, j’ai marché dans les rues. Un musicien aveugle jouait ‘A kiss is just a kiss’. Le soleil a semblé vouloir se montrer. Et surtout on sent que les rues sont tristes. Ta présence si tendre, si attentive, si patiente me manque terriblement. Alors je suis entrée dans un café pour être avec toi, comme tu as toujours été, comme jamais tu n’as été, comme tu es et comme tu seras.
Ca me déplait de commencer cette correspondance, parce que la correspondance, c’est de la distance et que les mots sont des misérables qui dès qu’on n’y prend garde s’emparent de la situation. Des puissants de merde, qui nous enveloppent. Comme j’aimerais être plutôt enveloppée par ta belle et douce présence d’amour. Dans la simplicité et la gaucherie d’une tasse de café au petit matin.
Je t’aime, tu me manques, je me sens mal, je te serre dans mes bras, je t’adore,
Ta Fernanda.
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Mais bien entendu, Tarzan, c’est elle, cela a toujours été elle, et maintenant c’est comme si Tarzan venait de découvrir la voracité totale de chaque cellule vivante de la forêt vierge. C’est comme si Tarzan commençait enfin à mûrir, une bonne fois pour toutes, pour s’occuper de ses gosses parmi les frondaisons et les eaux tourbillonnantes et leurs habitants dévorateurs, comme la hyène, ou venimeux, comme la tarentule. Et c’est maintenant comme si Tarzan avait pris conscience d’être l’objet de milles horribles et pervers affûts à la Rambo et que, s’apercevant que son cri dans la forêt n’a pas encore l’énergie suffisante, qu’il manque de férocité ou d’huile de foie de morue, appelez ça comme vous voudrez, il venait de s’inscrire dans un gymnase.
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Je m'obstine: si tu restes ferme encore un moment, tu sortiras du tourbillon. C'est quelqu'un qui est sorti d'un tourbillon différent, mais enfin d'un tourbillon, qui te le dit. Je ne suis certainement pas un modèle, mais je ne me sens pas pire que mon prochain. D'ailleurs, tout comme toi, au fond je suis un timide qui se bat, bien que dans mon cas l'affaire s'aggrave parce que depuis quelque temps j'ai remarqué que, un peu prématurément peut-être, je commence à me faire des poils blancs sur les testicules.
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[...] Mía et moi finîmes par travailler nuit et jour à notre premier projet. Et bien sûr, un jour nous riions comme des fous, et le lendemain nous étions fâchés à mort, pour un oui ou pour un non, ou parce qu'elle essayait d'interrompre, au moins quelques heures, notre séance de travail, je l'accusais de manquer de sérieux, et alors elle me traitait d'esclavagiste, ce à quoi je répondais que moi, ce que je savais faire, c'était gagner ma vie à la sueur de mon front, alors que toi, oligarque de merde, même quand tu es à demi morte de faim tu continues à être née pour être une millionnaire et une grande propriétaire pourrie [...].
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