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Critique de philippemarlin


La race à Venir (The coming race), Edward Bulwer-Lytton (1873), réédité par Marabout SF n°438
248 pages.
Encore un livre sur le thème du surhomme. Associé ici à celui de la civilisation souterraine, avec un soupçon d'utopie. Recette qui laisse tout de même un arrière-goût amer.
le narrateur de cette étrange histoire ne dévoile ni son nom, ni les lieux exacts de l'action - afin de préserver un peuple inconnu des hommes. Car, voyez-vous, celui que les Ana nommeront "Tish", a découvert il y a quelques années, lors d'un périple souterrain, l'existence d'une race millénaire (les Ana, donc) vivant sous le sol de notre monde, en toute quiétude, sans même savoir (outre quelques légendes) qu'il existe un soleil et d'autres êtres humains.
En préface, on annonce un chef-d'oeuvre. On dit aussi que ce serait ce roman - parmi d'autres ouvrages - qui aurait influencé Hitler.
Tout d'abord, mettons les choses bien au point: ceci n'est pas un roman ! Non, en fait, je dirais plutôt qu'il s'agit d'une nouvelle à laquelle l'on aurait rajouté de nombreuses informations d'ordre purement anecdotiques afin d'en tirer un "roman".
le livre est divisé en trois parties. La première et la dernière forment le récit à proprement parler: l'arrivée et le départ du personnage. Toute la partie centrale ne constitue qu'une suite plus ou moins intéressante (souvent lassante) de descriptions des moeurs et coutumes de ce peuple, allant de leur religion à leur politique, en passant par les relations sociales, le langage (intéressante étude, mais quelque peu agaçante après trois ou quatre pages !) et bien d'autres détails qui - il faut bien l'admettre - sont pour la plupart très réalistes. On ne pourra donc reprocher à Bulwer-Lytton d'avoir commis une oeuvre insensée. On n'en voit simplement pas l'utilité !
En fait, il faut chercher entre les lignes pour trouver où l'auteur (ou le narrateur, si vous préférez) voulait en venir. Car, derrière toutes ces pages bien ficelées mais qui ne racontent aucune histoire, se cache une étude féroce et très critique de la société humaine, surtout de la guerre et de la politique. Mais aussi de la liberté des moeurs, en particulier les droits de la femme. Si, vous avez bien lu. Et non, Bulwer-Lytton n'est pas le pseudonyme d'une femme ! Il s'agit bien d'un homme. Mais attention, il ne prêche pas la domination de la femme, simplement l'égalité tant recherchée depuis quelques générations déjà.
Ce peuple souterrain vit donc dans une sorte d'utopie, ayant aboli la guerre et les crimes. Mais l'auteur nous montre en même temps que cette civilisation y a perdu du même coup une partie de son âme. Elle ne ressent plus les mêmes choses, même si les sentiments y sont toujours présents. Elle ne perçoit plus l'art de la même manière, par exemple. Tous ses défauts nous apparaissent clairement et l'on n'arrive donc jamais à trouver ce peuple plus idyllique que notre propre univers, malgré sa grande avance technologique et ses progrès sociaux.
En somme, l'auteur a préféré une approche ressemblant davantage à un "documentaire", plus qu'à une fiction. D'où un style particulier un peu pesant ainsi que des "dialogues" souvent trop littéraires. Il aurait sans doute mieux valut que Bulwer-Lytton se décide une bonne fois pour toute, plutôt que de passer du document à la fiction et inversement !
Aussi, les paragraphes sont beaucoup trop longs, atteignant souvent deux ou trois pages de longueur. le texte est bien trop descriptif, abandonnant, comme déjà mentionné, l'aspect purement dramatique (il n'y a qu'une trame d'histoire, très mince et très classique)...
Et Hitler, dans tout ça ?
S'il est vrai que l'on parle souvent ici de "race supérieure", d'"êtres inférieurs", et même d'hommes purs aux cheveux blonds et aux yeux bleus, il est pourtant évident que Hitler n'aurait certainement pas donné beaucoup de foi à un ouvrage où la "race supérieure" descendait... d'une grenouille !!! Sans parler de l'importance de la femme dans cette société. A moins, bien sûr, que Hitler n'ait eu un certain sens de l'humour (ce dont je doute) ou qu'il n'ait pas lu l'ouvrage en entier. Il est vrai que l'on fait souvent référence au langage aryen. Allez savoir !
Ce récit n'en demeure pas moins très réaliste et - de plus - très en avance sur son temps puisque, comme l'annonce la préface, l'auteur y a déjà imaginé le laser (ici nommé "vril") !...
J
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