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Critique de Mia


Ce document est une plongée dans l'univers survivaliste en compagnie de Mathieu Burgalassi, docteur en anthropologie et en sciences politique. On n'est pas dans le documentaire rigoriste et analytique, non ça se lit plutôt comme un polar car l'auteur nous entraîne dans son propre parcours de vie et ne met aucune distance entre son vécu et son initiation, son endurcissement physique et mental pour se protéger. Se protéger de quoi ? C'est une grande part de son enquête, je vous laisse découvrir… Cette implication personnelle en dérangera certain·es, pas moi. J'ai aimé que Mathieu Burgalassi nous raconte d'où il parle, un jeune issu d'un milieu qui ne le destinait pas du tout à de hautes études, un parcours de vie atypique et riche d'un autre regard.

Alors évidemment, son récit nous confronte à la violence. La violence gratuite, la violence défensive mais qui devient offensive, tout est poreux quand on est peureux… Dans une société où le divertissement se nourrit allègrement de notre fascination de la violence, où le discours ambiant et politique induit une idéologie de l'insécurité, rien d'étonnant à ce que certains individus ressentent le besoin d'un tel repli en défiance du reste du monde.

Qu'est-ce qui fait que l'on est naturellement confiant ou méfiant ? Mathieu Burgalassi n'explore pas les hypothèses psychologiques, il pointe plutôt le néolibéralisme qui a créé un tel individualisme que l'on ne sait plus faire ensemble. Et c'est peut-être ce qui est le plus rassurant dans son enquête : les survivalistes restent des individus isolés, moins on se dévoile mieux c'est, on se prépare pour soi et contre le reste du monde. Là je fais un aparté avec un extrait du livre de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle « L'entraide : L'autre loi de la jungle » parce que j'en ai besoin et que ça fait du bien dans ce contexte de haine, de peur et de loi du plus fort : « Un examen attentif de l'éventail du vivant – des bactéries aux sociétés humaines en passant par les plantes et les animaux – révèle que l'entraide est non seulement partout, mais présente depuis la nuit des temps. C'est simple : tous les êtres vivants sont impliqués dans des relations d'entraide. Tous. L'entraide n'est pas un simple fait divers, c'est un principe du vivant. C'est même un mécanisme de l'évolution du vivant : les organismes qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas les plus forts, ce sont ceux qui arrivent à coopérer. »

Je ne regrette pas d'avoir lu « La peur et la haine », ça m'a fait cogiter sur mes propres peurs et besoins. Là où je m'avoue mitigée, c'est que si Mathieu Burgalassi dénonce cette idéologie de la peur, au final c'est précisément ce sentiment que fait naître son livre… Pour l'antidote, vous l'avez compris, je vous renvoie chez Pablo Servigne et Gauthier Chapelle !
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