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Critique de HK


HK
02 juillet 2011
Si vous vous attendez à lire la suite de « L'orange mécanique », vous risquez d'être déçus. « le testament de l'orange » ne comporte en effet que très peu de connexions avec cette oeuvre antérieure.
Le professeur Enderby, vieux professeur de littérature maugréant et réactionnaire, prend ici la place du jeune voyou Alex. Il adapte pour le cinéma un poème d'un grand auteur catholique, en tentant d'y être le plus fidèle et d'en conserver un maximum de piété. Sa surprise est donc de taille lorsque le film sort sur les écrans et provoque un tollé général. le résultat est méconnaissable et ne traite plus que de viol et de violence.

Je n'ai pu m'empêcher tout au long de la lecture de songer à « An Alan Smithee film » dans lequel un créateur se retrouve également confronté à l'une de ses oeuvres détournée sans vergogne par des producteurs peu scrupuleux. Celle-ci dénaturée, rendue commercialement viable, provoque évidemment l'ire de son initiateur. C'est ainsi que le personnage principal devient aussi aigri qu'Enderby. Tous deux ne supportent évidemment pas de voir leur art ainsi transformé en produit si honteusement racoleur.

Le roman repose pleinement sur l'opposition entre Enderby, s'accrochant de toutes ses forces à d'anciennes valeurs surannées, et un monde de plus en plus vulgaire et décadent. Un procédé qui fonctionne parfaitement. D'autant plus, qu'il s'en trouve renforcé par le fait qu'Enderby est aussi le narrateur. Ainsi, tous ses interlocuteurs sont passés sans vergogne au crible de son jugement persiflant, hautain et empli de mauvaise foi. Il en découle de nombreux passages très drôles car en définitive Enderby se montre aussi veule que le monde qu'il critique.

Je reprocherai cependant un certain manque de liant. Les ruptures entre les chapitres sont parfois aussi brutales qu'inattendues. L'explication est toute simple. A la base, Burgess voulait écrire un essai sur la mécanisation de l'être humain avant d'opter pour le roman. Malheureusement, le résultat assez hétéroclite laisse à penser que la transition n'a pas été pleinement couronnée de succès. Cependant, l'oeuvre demeure hautement recommandable pour tous ceux qui sauront ignorer ce défaut, qui sans être rédhibitoire, s'avère quand même gênant.
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