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Critique de Kirzy


Je suis malheureuse de n'avoir pas apprécié ce roman car sa cause est juste, sa sincérité aussi évidente que forte. C'est sans doute la première fois que je lis un roman qui donne un tel accès aux ressentis intimes de celles qui ont été victimes de viols, transmettant parfaitement les conséquences psychologiques de cette déflagration.

Tous les membres de ce gang de filles ont été violées et trouvent refuge dans une sororité qui permet d'avancer sans avoir à expliquer ou se justifier sans cesse. Toutes ont envie de hurler, que, non, «  c'est pas comme un rhume, ça ne disparaît pas après quelques semaines avec du doliprane ». Surtout, elles ne veulent plus baisser les yeux quand elles marchent, elles ne veulent plus « être présentables en société sans faire de vague », elles ne veulent plus se maintenir «  juste au-dessus de l'eau ». Marre de s'agiter pour ne pas couler dès le levée. Elles veulent effrayer, imposer le respect, elles veulent se réparer et, puisque les voies officielles ne sont pas à la hauteur, la vengeance sera leur.

La thématique sur l'éthique de la vengeance est passionnante mais au final, j'ai trouvé ce roman bien fade dans le traitement qu'il en fait. D'abord à cause du défaut de caractérisation des personnages, très brouillon. J'ai eu un mal fou pour différencier Lucie de Mia, Lila, Inès, Léo et Louise, alors que j'avais envie de faire leur connaissance, intimement, au-delà de la colère légitime qui les anime. La conduite de la narration m'a semblé, elle-même, assez confuse et répétitive malgré la brièveté du récit. du coup, je ne suis pas parvenue à vibrer, à me sentir touchée et donc réellement concernée par les événements, pourtant, forts, décrits.

En fait, je crois que je m'attendais à un texte bien plus dérangeant. Marcia Brunier fait référence nommément à un roman d'Helen Zahavi, Dirty week-end, qui sert de détonateur à la volonté des filles à trouver réparation en se vengeant. Ce roman est perturbant par la violence de son héroïne Bella qui, après voir été doublement violée, se déchaîne contre tous les mâles qui refusent de la laisser tranquilles. Les Orageuses reste sur des rails finalement assez politiquement corrects avec des expéditions punitives plutôt «  petites ». Sans aller jusqu'à l'outrance d'une Lisbeth Salander ( inoubliable héroïne badass de Millenium, de Stieg Larsson ) qui tatoue à la sauvage « Je suis un porc sadique, un pervers et un violeur » sur le ventre de son ancien bourreau, j'avais envie de quelque chose de plus tellurique sur un tel sujet, de moins fade.

Lu dans le cadre du collectif des 68 Premières fois #10
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