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Critique de Foxfire


Les aventures d'El Borbah datent des débuts de la carrière de Charles Burns, l'auteur n'a donc pas encore atteint la totale maîtrise de son art. Malgré tout « El Borbah » est une franche réussite qui se hisse dans le meilleur de la B.D underground américaine.

Il s'agit d'une compilation d'histoires courtes mettant toutes en scènes le même héros, un détective hard boiled menant ses enquêtes de façon musclée. Ainsi résumé, cela semble classique dans le registre du polar de série B mais on est chez Charles Burns, et avec cet auteur rien n'est jamais conventionnel. Tout d'abord le héros détective prend ici les traits d'un catcheur mexicain du nom de El Borbah. On pourrait penser que le ridicule n'est pas loin, il n'en est rien. Burns réussit l'exploit de créer une connivence entre le lecteur et ce personnage totalement inattendu et décalé. Jamais El Borbah n'est ridicule. Si les points de départ des enquêtes sont très classiques (retrouver une personne disparue) et si on retrouve les archétypes du genre « noir », Burns s'amuse avec les codes pour emmener ses récits dans des directions complètement barrées. Voix off, femmes fatales, dialogues imagés, caïds sans scrupules… tous les ingrédients du « noir » sont utilisés à la sauce Burns. Charles Burns est un véritable auteur qui, tout au long de sa carrière, a livré ses obsessions autour de thèmes récurrents. Son oeuvre a une véritable cohérence. « El Borbah » ne fait pas exception. Les différentes histoires du détective-lutteur sont pour l'auteur l'occasion de dresser une nouvelle fois un portrait peu reluisant de nos sociétés déviantes où le vice est roi. Si Burns ne loupe pas une occasion d'exposer la laideur du monde, à travers des situations et des images glauques et malsaines, le ton de « El Borbah » est tout de même moins désespéré que certaines oeuvres ultérieures de l'auteur. Il y a ici un humour, certes noir, qui fait mouche. Les punchlines testostéronées du héros sont assez jouissives.
On retrouve l'identité visuelle de Bunrs, variation très personnelle de la ligne claire qu'il maîtrisait déjà dans ses débuts comme ce « El Borbah » en est la preuve.

Comme toutes les oeuvres de Charles Burns « El Borbah » ne plaira pas à tout le monde. L'univers de l'auteur et le style de l'auteur sont si particuliers que certains y sont totalement hermétiques. En revanche, ceux qui aiment le travail de Burns apprécieront sans doute ce recueil.
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